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Viticulture biologique : une organisation liée aux conditions météo

Le Paysan Tarnais du 25 juin consacre cinq pages à l'agriculture biologique. Extrait avec le témoignage du domaine de Pialentou, engagé dans sa deuxième année de conversion.

L'épampreuse à position frontale et rotor horizontal en action.
L'épampreuse à position frontale et rotor horizontal en action.
© Le Paysan Tarnais

Le domaine de Pialentou s'étend sur 12 ha, sur la commune de Brens, à quelques kilomètres de Gaillac. Les vignes sont composées à 80% de cépages rouges. Agnès et Chris Gervais ont fait leur demande de conversion en agriculture biologique en août 2007. Ils entament donc leur deuxième année de conversion et sont suivis par Ecocert.
Premier bilan pour Agnès : "Lorsqu'il y a des années difficiles comme l'an passé, ce n'est pas facile. Nous sommes étroitement liés à aux conditions météorologiques. Nous travaillons avec des produits de contact et s'il y a du lessivage, il faut faire des traitements rapprochés." Mais l'avantage selon Agnès Gervais, c'est la flexibilité et la souplesse de la structure "car nous avons une petite surface. Ils faut pouvoir traiter en une journée."
Il a donc fallu s'adapter à cette nouvelle façon de travailler. " Malgré nos efforts, nous nous sommes aperçus que les traitements préventifs n'étaient pas forcément toujours efficaces car notre pulvérisateur n'était pas adapté à des interventions précises et ciblées." Le domaine de Pialentou a donc investi dans un pulvérisateur performant. Il a fallu également changer le tracteur qui n'était pas assez puissant pour supporter la charge du nouveau pulvé. "Il s'agit d'investissements conséquents. Mais nous disposons désormais d'un matériel tout à fait adapté à nos besoins." Côté produit, le domaine utilise du cuivre et du souffre en petite quantité (30 kg par hectare pour 5 ans pour le cuivre soit 6 kg par ha/an.) Les insecticides utilisés sont basés sur des molécules bio issues d'extraits de plantes. "Nous diminuons les doses le plus possible grâce au nouveau pulvérisateur." La dose de cuivre diminue progressivement et Agnès Gervais souhaiterait tendre vers un remplacement partiel par des macérations de plantes à pulvériser. "Le but est de trouver un équilibre pour diminuer le traitement du mildiou."

Intercep et épamprage mécanique
Côté entretien de la vigne, le domaine utilise une épampreuse associée à la technique de l'intercep, qui permet de travailler la bande de terre située sous le rang, sans déplacement latéral du sol. Là encore, il y a des avantages et des inconvénients. Agnès remarque que depuis le passage à l'intercep et à l'enherbement des vignes, la diversité d'insectes a augmenté. Des semis de céréales ont été réalisés dans les rangs pour décompacter le sol et permettre à la vigne de s'enraciner plus profond. Les céréales (avoine, féverole et orge) sont broyées pour apporter une fertilisation naturelle. "Nous remarquons également que nous avons moins de pourriture à la récolte, que la vie microbienne s'est développée dans le sol. Le meilleur enracinement permettra à la vigne de développer des nuances et des arômes particuliers au terroir."
Il permet également de limiter les blessures occasionnées par les outils interceps. En effet, les résultats d'expérimentation de l'institut français de la vigne et du vin montrent entre autre que les taux de blessures restent très raisonnables avec cette technique et que, si blessures il y a, c'est souvent à cause d'un enracinement assez superficiel de la vigne(1).
L'épampreuse mécanique est également un outil important sur le domaine de Pialentou. Au volant du tracteur, Chris nous décrit les avantages et les inconvénients de cet outil. "Par temps sec, l'épamprage mécanique produit de la poussière. Il devient difficile d'être précis et il peut arriver que l'on blesse de jeunes pieds de vignes. Pour éviter cela, j'ai installé une cuve à eau et un système de pulvérisation au niveau de l'épampreuse qui permet de limiter la poussière."
Grâce aux commandes précises de son tracteur, Chris gère le démarrage et l'arrêt des têtes d'épamprage lorsque la machine passe autour de jeunes pieds. Les lanières ont également été modifiées car celles d'origine étaient trop rigides et pouvaient blesser les ceps. "Nous avons préféré des lanières un peu plus souples." Côté vitesse d'utilisation, Chris utilise l'épampreuse entre 3 et 5 km/heure maximum mais doit ralentir lorsqu'il y a beaucoup de jeunes pieds. Une technique qui demande donc pas mal de temps avec un coût horaire selon les machines qui varie entre 45 et 60 €.

La démarche d'accompagnement lancée par Vinovalie à ses vignerons

L'union des caves Vinovalie (Rabastens et Técou dans le Tarn, Fronton en Haute-Garonne, et Côtes d'Olt à Cahors) travaille depuis six mois environ sur la mise en place d'un accompagnement des vignerons qui souhaitent passer en conversion "agriculture biologique". Les équipes ont commencé par définir les besoins. "Il n'est pas question de passer l'ensemble de la production, ni même 40 % en agriculture biologique, explique Frédéric Saccoman, à la direction de Vinovalie. Au total, ce programme devrait concerner une dizaine de vignerons sur l'ensemble des quatre caves. Pour les vignerons d'Ovalie, c'est aussi l'occasion de contribuer à une image d'entreprise. Quelques vignerons sont volontaires pour lancer une gamme bio et l'objectif pour nous c'est de leur proposer une formation pendant toute la durée de la reconversion qui dure trois ans. Comme ce projet intéresse la recherche (ndlr, l'Institut français de la vigne et du vin sud-ouest est basé près de Gaillac), nous réfléchissons à un technicien commun avec l'IFV qui serait entièrement dédié à la viticulture bio. Il aura pour mission d'encadrer les vignerons, de les former à une nouvelle façon de produire du raisin, même si ces volontaires ont souvent déjà bien avancé dans la lutte raisonnée en viticulture "conventionnelle".Il faut maintenant réfléchir au mode de rémunération de ce technicien entre l'institut et Vinovalie."

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