Un territoire qui joue la carte de la consommation locale
Avec son initiative “Ici ici, es aqui”, la communauté de communes Tarn-Agout favorise le lien entre les producteurs et commerçants du secteur. Tout le monde y gagne.
Gérard Portes, président de la communauté de communes Tarn-Agout et maire de Bannières, explique ce qui motive la collectivité à développer les circuits courts au sein de son territoire.
> Pourquoi vous êtes-vous lancé dans la promotion de la consommation locale ?
Il y a deux ans, nous avons lancé une étude en partenariat avec la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) pour revitaliser les centres bourgs de notre territoire, essentiellement Lavaur et Saint-Sulpice-la-Pointe. Nous avons embauché un manager de centre-bourg, Thierry Cabanis, qui a élaboré un plan d’actions pour concrétiser cette revitalisation. Une des actions de ce plan concernant la mise en avant des produits locaux à l’aide de circuits très courts. Nous avons donc organisé des “speed-mettings command’o terroirs” avec l’appui de la Chambre d’agriculture pour rapprocher les producteurs du territoire des commerçants et restaurateurs de nos centres bourgs. On était à près de 90% sur de l’alimentaire, car on ne produit pas vraiment d’autres choses sur le territoire.
> Quels effets ont eu ces rencontres entre producteurs et commerçants ?
Cela a été très bénéfique. Cette mise en relation a permis aux uns et aux autres de se connaître, car beaucoup ignorait la présence des producteurs à côté de chez eux par exemple. Les producteurs locaux étaient également en demande de ce genre d’initiative qui leur permet d’écouler leur production. Ils nous ont dit avoir enregistré une hausse de 15 à 20% de leur chiffre d’affaires suite à cette initiative. Le confinement a aussi bien aidé à booster cette démar-che. Au déconfinement nous avons organisé des soirées guinguette sur la base de loisirs. Il y en a eu six avec des producteurs différents à chaque fois. Au final, nous avons accueilli 25 producteurs qui ont réalisé un chiffre d’affaires global de 50 000€. La fin de saison s’est clôturée par un marché des producteurs de pays (MPP), labellisé par la Chambre d’agriculture, à Ludolac.
> Combien de personnes cela concerne-t-il ?
Nous communiquons à ce jour avec quarante-trois producteurs identifiés sur le territoire de la communauté de communes Tarn Agout. Cela concerne des fruits et légumes, de la viande bovine et ovine, du fromage, du vin, etc. Côté commerces et restaurants, cela représente deux cents enseignes environ sur notre territoire. Chaque commerce partenaire a pu afficher sur sa devanture un badge “ici ici, es aqui” pour montrer qu’il s’approvisionne avec des produits locaux.
> Cela a-t-il eu les effets escomptés en termes de revitalisation ?
C’est une action sur la durée pour recréer des commerces de proximité et ne pas laisser de boutiques vides. Il y a encore des commerces fermés, mais on revitalise au fur et à mesure. Depuis le confinement nous avons constaté l'ouverture de quinze magasins, avec des commerces essentiels tels qu’une fromagerie et une poissonnerie, mais aussi une cave à biè-res locales, etc. Malgré les difficultés, on arrive à faire du dyna- misme économique. Et, au-delà de l’économie, cette démarche apporte du lien social entre les différents acteurs de notre territoire.
> Quels moyens mettez-vous en œuvre pour développer cette politique ?
Nous avons recruté un manager de centre-bourg. Nous avons mis des moyens dans la formation et la communication. Notre conso, c’est notre boulot ! Un film va d’ailleurs bientôt sortir dans lequel on verra nos commerçants expliquer pourquoi il faut venir chez eux. Il sera diffusé notamment sur les réseaux sociaux et le site de la communauté de communes. On travaille beaucoup avec les commerçants pour les encourager à créer des boutiques en ligne pour qu’ils utilisent aussi ce mode de vente qui correspond aux attentes des consommateurs. Nous avons financé des formations, avec la CCI, pour qu’ils apprennent à créer des sites marchands. On essaye également de progresser sur les produits non alimentaires. Nous avons par exemple encore des fabricants de textile sur notre territoire que nous souhaitons mettre en avant. Nous encourageons aussi la mise en place du concept de boutique partagée, où un espace du point de vente serait réservé aux produits d’une autre enseigne. Nous encourageons les commerçants à se diversifier et à s’adapter très vite aux nouvelles habitudes de ce monde qui bouge beaucoup.
Nous avons aussi créé une nouvelle commission circuit court, présidée par Jean-Marie Joulia, maire de Roquevidal. L’objectif est d’identifier les besoins sur le territoire. Nous cherchons à développer tout ce qui touche circuit-court à l’échelle du PETR pays de cocagne avec les communautés de communes Sor et Agout, et Lautrécois pays d’Agout. Nous continuerons de travailler avec la Chambre d’agriculture pour développer des partenariats avec les producteurs agricoles du territoire. Nous avons aussi le projet de créer une cantine locale à l’école de Teulat et de faire en sorte qu’elle utilise des produits du territoire dans la mesure du possible. Si on pouvait étendre ce type de démarche à toutes les cantines scolaires, ce serait l’idéal.
Propos recueillis par D. Monnery