Stop à l’alimentation que nous ne voulons pas
En écho à la mobilisation nationale du 27 novembre, la FDSEA et les JA du Tarn ont traqué l’alimentation que nous ne voulons pas dans les rayons... et ont fait un drôle de cadeau au préfet !
Cette barquette de côtes de porc affiche fièrement le logo «le porc français». Sur l’étiquette, en plus petit, il est pourtant stipulé «origine : Espagne»... Une véritable tromperie sur la marchandise ! C’est ce qu’une vingtaine d’agriculteurs de la FDSEA et des JA du Tarn sont venus traquer dans les rayons de cette grande surface albigeoise sous les flashs des médias locaux, mercredi 27 novembre. Objectif : mettre à l’index l’alimentation que les consommateurs français ne veulent pas, mais que l’on importe quand même. Tel était le mode d’action choisi par les représentants syndicaux tarnais pour participer à la grande journée de mobilisation nationale au-cours de laquelle un millier de tracteurs a déferlé dans Paris. Une action dans la continuité des trois mobilisations syndicales conduites dans le Tarn cet automne, après le blocage du pont de Tanus, l’opération stickage en GMS et l’allumage des feux de la détresse. «Si notre détermination a permis de faire bouger quelques lignes, nous déplorons toujours l’absence de mesures concrètes et tangibles en faveur des exploitations agricoles, déplorent de concert FDSEA et JA. Nous sommes toujours pris en étau entre une réglementation qui ne permet pas la compétitivité et une répartition de valeur qui ne garantit pas une juste rémunération. Au lieu d’investir son énergie à créer de nouvelles distorsions, l’État devrait s’employer à faire respecter la loi Egalim pour sécuriser véritablement le revenu des agriculteurs.»
«Un trompe l’œil aberrant !»
Pour alerter les pouvoirs publics autant que les consommateurs, les agriculteurs ont confectionné un «panier cadeau» avec un sac poubelle dans l’optique de l’offrir au préfet du Tarn. «Nous sommes tout à fait d’accord pour respecter les règles que l’on nous impose en France, mais pourquoi importer dans le même temps des produits en provenance de pays qui font tout et n’importe quoi sans cahier des charges ?», s’insurge Laurent Viguier, co-secrétaire général de la FDSEA. Et les agriculteurs n’ont malheureusement pas peiné à remplir leur hotte poubelle.
Par exemple ce pâté de canard qui, malgré son gros logo «fabriqué en Aveyron», est façonné avec de la viande UE. «C’est un trompe l’œil aberrant !», dénonce le cortège. L’échantillon est aussitôt embarqué en compagnie des fausses côtes de porc françaises, tout comme une terrine de lapin dont on ignore la provenance, des kiwis français noyés au milieu des italiens et des néo-zélandais et dont le prix n’est même pas affiché, des légumes garantis sans résidus de pesticides dont on ignore la provenance, des champignons de Paris conditionnés aux Pays-Bas, une boîte de saucisse lentilles qui contient de la dinde de l’UE, etc.
Quelques produits ménagers connaissent aussi le même sort. «Quand on utilise cette matière active, on doit attendre 24h avant de retourner dans notre parcelle, et pourtant, avec ce produit nettoyant pour canapé on peut l’utiliser directement chez soi et s’asseoir aussitôt dessus sans que personne n’y trouve rien à redire», s’étonne Laurent Viguier en lisant la composition d’un aérosol. «Ce n’est pas normal de trouver dans des produits de consommation courante des molécules dont l’utilisation est interdite en agriculture, abonde François Verdier, co-secrétaire général des JA en brandissant un insecticide à base de fipronil. Si ce produit est véritablement dangereux, il doit être interdit pour tout le monde, et pas seulement pour les agriculteurs.»
D. Monnery