Action
"On ne peut pas faire acheter n'importe quoi aux consommateurs"
La FDSEA et les Jeunes Agriculteurs du Tarn ont rendu visite à plusieurs enseignes de l'agglomération d'Albi pour contrôler la provenance et les prix des produits.
La FDSEA et les Jeunes Agriculteurs du Tarn ont rendu visite à plusieurs enseignes de l'agglomération d'Albi pour contrôler la provenance et les prix des produits.
Carrefour de Puygouzon, Lidl de la Renaudié et Burger King du Séquestre… Ces enseignes de la grande et moyenne distribution et du fast food de l’albigeois ont reçu la visite le vendredi 17 février dans l’après-midi d’une dizaine d’agriculteurs et élus de la FDSEA du Tarn, dont le nouveau bureau déjà en ordre de marche, accompagnés des Jeunes Agriculteurs. Munis de drapeaux aux couleurs des syndicats, ces derniers avaient pour objectif de faire un contrôle de l’origine, de la traçabilité et des prix des produits vendus dans ces commerces, en lien avec la loi Egalim, qui doit normalement protéger la rémunération des agriculteurs. Accueillis en toute sympathie par les directeurs d’établissement, les agriculteurs ont scruté de près les nombreuses étiquettes, sous les regards parfois interrogatifs des clients habituels. À force de chercher, quelques inepties ont été trouvées, comme au rayon animal. Le Fipronil, substance phytosanitaire interdite dans l’agriculture pour traiter les cultures car nocive pour l’humain, est bien présente dans des produits de traitement contre les puces et les tiques pour les chiens. “On met ça sur les animaux et ils se font caresser par des enfants. La transmission vers l’humain est bien là”, s’exaspère Frédéric Florenchie, nouveau coprésident de la FDSEA du Tarn. Un peu plus loin, au rayon frais, un lot de steaks hachés d’origine étrangère à un prix défiant toute concurrence. “Je veux bien que les consommateurs aujourd’hui se préoccupent de plus en plus de leur pouvoir d’achat mais on ne peut pas leur faire acheter n’importe quoi”, se désole Christophe Rieunau.
Steak et végétal, difficile association...
Chez Lidl, Christopher Régis repère un paquet de farine suspect : “On a aucune indication sur l’origine du blé, qui doit surement venir de n’importe où. Et pourtant, c’est le paquet le moins cher du rayon. Les clients choisissent forcément celui-là.” Des incohérences reconnues par les patrons et patronnes d’établissement, qui se sont montrés plutôt compréhensifs. Chez Burger King, les représentants FDSEA et JA se sont aussi confrontés à quelques manquements. “On a choisi cet établissement car on avait eu écho de choses étranges qui se faisaient au niveau national et cela s’est confirmé ici, notamment au niveau des associations des termes “steak” et “végétal”. Un steak, c’est de la viande et ça doit le rester”, affirme Christopher Régis. “On a eu plusieurs interrogations sur la provenance de la volaille car la législation oblige à affi cher l’origine de la viande bovine uniquement”, indique Frédéric Florenchie. Ce à quoi Christopher Régis a ajouté : “C’est là tout le problème que l’on combat. Il faut que tout soit affi ché et que les législations évoluent.”
Des progrès malgré tout
Après la visite des trois établissements, c’est l’heure d’en tirer un bilan. “En grandes surfaces, ça peut aller. On a quand même vu quelques irrégularités, notamment sur le vin européen qui est mélangé dans les rayons avec le vin français. C’est normalement interdit. On a aussi eu de l’ail affiché français qui est finalement espagnol ou du saucisson de l’Union Européenne un euro moins cher qu’un saucisson français de la même marque et placé sur le même rayon côte à côte. Forcément le consommateur prend le moins cher, raconte Frédéric Florenchie, la différence avec des produits plus chers, c’est la rémunération du producteur. Toutes les charges que l’on a pour produire rentrent en compte dans le prix final. Il faut que le consommateur en prenne conscience. On sait qu’aujourd’hui, tout augmente mais on n'est pas la cause de la conjoncture. Les agriculteurs ne doivent pas être les seuls à en payer les frais.” “Depuis quelques années que l’on fait ce genre de visite, on peut dire que cela va un peu mieux, même si on a toujours quelques soucis. Mais il faudra d’autres progrès. Il faut que le consommateur sache l’origine du produit dès le premier regard sur l’emballage”, affirme Christopher Régis.