Syndical
"L'étincelle est lancée, attention à l'incendie !"
FDSEA et Jeunes Agriculteurs étaient de retour dans la rue pour s’opposer à l’accord du Mercosur et exiger des avancées pour les revenus et la simplification administrative.
FDSEA et Jeunes Agriculteurs étaient de retour dans la rue pour s’opposer à l’accord du Mercosur et exiger des avancées pour les revenus et la simplification administrative.
"Acte 1, saison 2”. Inscrit sur le trottoir en face de la Cité administrative d’Albi, le message est clair : les agriculteurs sont de retour dans la rue ! Après les mobilisations de début d’année, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs du Tarn ont répondu à l’appel national et ont manifesté leur colère dans les rues le lundi 18 novembre. Dès 12h, plus d’une centaine d’agriculteurs et près d’une vingtaine de tracteurs ont pris place entre les ronds-points de l’Arquipeyre et de Gaillaguès, sur la RN88 à Lescure. “Non au Mercosur”, “moins d’administratif, plus de lisibilité”, “notre fin sera votre faim”... les messages affichés sur les tracteurs traduisaient clairement ce sentiment de colère, toujours présent plusieurs mois après la première étape du “On marche sur la tête”.
De l'agneau de Nouvelle-Zélande
En plus de la surcharge administrative, la défense des filières et les mesures de trésorerie, les agriculteurs tarnais se battaient aussi contre le possible accord entre l’Union européenne et le Mercosur. “Cet accord, s’il était signé, favoriserait l’importation de produits d’Amérique du Sud chez nous. Notre agriculture est dans un contexte très difficile actuellement alors si l’on accepte ça, on mettrait à mal l’ensemble de nos productions. Cela serait complètement déloyal d’aller signer cet accord”, peste Christophe Rieunau, co secrétaire général de la FDSEA. Pour illustrer le propos, un barrage filtrant s’est alors mis en place sur la route. Les agriculteurs ont choisi d’intercepter et contrôler plusieurs camions frigo. Dans l’un d’entre eux, des produits transportés pour le magasin “Lidl”, où a notamment été retrouvé un gigot d’agneau d’origine néo-zélandaise. “C’est inadmissible de voir ça, s’emporte le président des JA du Tarn, Christopher Régis, à quelques kilomètres d’ici, on a des producteurs qui savent faire de l’agneau et on en importe de l’autre bout du monde à un prix défiant toute concurrence. Il faut que ça s’arrête et qu’on privilégie notre production française.” “Ça ne nous motive pas et ça nous inquiète pour l’avenir du métier”, réagissent également plusieurs jeunes agriculteurs tarnais en découvrant l’agneau de Nouvelle-Zélande.
Une minute de silence pour "la mort de l'agriculture"
En milieu d’après-midi, le convoi a pris la route vers le centre-ville d’Albi. Sur le pont neuf puis place du Vigan, les tracteurs ont été accueillis par les applaudissements et signes d’encouragement des passants. Puis direction la Cité administrative, où foins et pneus ont été déversés devant le bâtiment, ainsi qu’à la MSA et la DDT. “1 an après, toujours rien !”, panneaux retournés…, là aussi, de nombreux messages ont été laissés à l’Administration, comme pour faire comprendre l’urgence dans laquelle se trouvent les agriculteurs. La journée s’est terminée sur le rond-point du Séquestre, où les deux syndicats ont choisi de mettre le feu à plusieurs symboles de l’agriculture tarnaise, avec drapeaux, panneaux de communes, bottes de foin et mannequins. “Ces symboles représentent la mort de notre agriculture. On en a marre de faire de la paperasserie et de voir nos demandes ne pas aboutir. Ce feu montre bien l’état dans lequel on se trouve tous aujourd’hui”, ponctue Marie-Line Bruel, coprésidente de la FDSEA. Sur proposition des élus, une minute de silence en l’honneur de l’agriculture tarnaise a été respectée, avant l’embrasement du feu de la colère.
Ils ont dit...
Christopher Régis, président des Jeunes Agriculteurs du Tarn : “Depuis un an, rien n’a été réglé. Alors certes, on a obtenu des avancées sur le GNR mais de la paperasse, on en a toujours autant et on ne voit pas de retombées sur nos fermes. On en a marre des paroles, il faut que ça avance. Aujourd’hui, on revient manifester et si on obtient rien, ça va continuer au fur et à mesure jusqu’à la fin de l’année. Ce n'est pas parce qu'on ne continue pas ce soir, qu'on s'arrête !”
Frédéric Florenchie, co-président de la FDSEA du Tarn : “Tout ce que l’on avait réussi à négocier a été foutu en l’air à cause de la dissolution. Alors on repart pour un tour et tant qu’on aura pas ce qu’on veut, on sortira. À part le GNR, nous n’avons rien obtenu. 8 mois après, on est toujours au même stade. Lors de sa visite dans le Tarn, la ministre de l’Agriculture nous a annoncé quelques mesures mais on est toujours mécontents, notamment vis-à-vis de la vaccination des animaux contre la FCO 3 et 8 et la MHE. Il faut absolument de l’argent dans nos caisses, il en va de la survie de l’agriculture tarnaise.”
Philippe Jougla, président de la FRSEA Occitanie : “Les avancées obtenues après les mobilisations de début d’année ont été bloquées par la dissolution du Gouvernement. Donc près d’un an après, on est toujours au même stade. C’est pour cela qu’un peu partout dans la région, les agriculteurs sont de retour dans la rue pour exprimer ce mécontentement. Nos demandes sont simples, on veut du concret sur nos revenus, sur le soutien à l’élevage face aux maladies animales et aux différentes filières et de la simplification administrative drastique.”
Cédric Vaute, co-secrétaire général de la FDSEA du Tarn : “On a plusieurs cibles aujourd’hui pour montrer que l’on n’est pas aidé et que l’agriculture est toujours coupable. L’État notamment ne joue pas son rôle et nous laisse mourir à petit feu. Le 18 novembre est un premier coup d’arrêt, avant de poursuivre en décembre si on ne voit rien arriver dans nos exploitations.”
Nicolas Semenou, co-secrétaire général des JA81 : “On doit se battre pour sauver nos revenus. On a aucune vision à la fin du mois et cela devient impossible de travailler sur nos fermes dans des conditions correctes. Il faut le faire aussi pour installer des jeunes durablement, pour qu’ils fassent perdurer le savoir-faire de notre agriculture tarnaise.”