Viticulture
Les vignerons de l'AOC Gaillac restent solidaires
L’assemblée générale du syndicat de l’AOC de Gaillac s’est réunie le 14 juin. Occasion pour la profession de faire montre d’un consensus autour d’un projet commun : le vignoble.
L’assemblée générale du syndicat de l’AOC de Gaillac s’est réunie le 14 juin. Occasion pour la profession de faire montre d’un consensus autour d’un projet commun : le vignoble.
C’est dans la prestigieuse salle des voûtes de l’Abbaye Saint-Michel que les vignerons de l’AOC Gaillac se sont retrouvés pour dresser le bilan de la campagne passée marquée par les pires gelées noires depuis trente ans. En début de printemps, en effet, une terrible vague de gel s’était abattue sur les vignes du Gaillac avec une ampleur et une intensité rarement observées. Surtout, cette crise climatique est venue s’ajouter aux précédentes : "Bien avant la crise sanitaire de 2020, l’interprofession avait déjà dû faire face à un contexte économique difficile”, souligne Louis de Faramond, le président de l’AOC.
Conséquence, un millésime 2021 en chute de 20 % ! «Malgré ces scénarios, les vignerons sont restés solidaires et ont avancé main dans la main, au-delà du seul AOC, autour d’un projet commun : le vignoble», se félicite-t-il. Dans ces périodes difficiles, «il faut savoir prendre des risques quitte à accepter de perdre individuellement pour gagner collectivement en production et commercialisation», insiste Louis de Faramond. Et, cette vision commune permet d’entrevoir plus sereinement l’avenir en dépit de l’actuel contexte géopolitique entraînant une flambée des coûts matières sèches (bouteilles, capsules, bouchons, étiquettes, livraisons…) et premières (engrais notamment).
«Des différences pas dans l’opposition mais dans la complémentarité»
«L’AOC Gaillac est un vignoble mixte constitué aussi d’IGP (Côte du Tarn, vin de pays) et autres sans label (vin de France), explique-t-il. Bon nombre travaillent sur les deux dénominations. Pour la distinguer de l’IGP, l’AOC est plus sélective en termes de terroirs et de cépages. Si notre travail sur le vin est plus fin et précis, il reste complémentaire de l’IGP», souligne le viticulteur. L’AOC correspond en effet à un terroir bien délimité et obéit à un cahier des charges exigeant tenant compte des traditions : emplacement de la culture, cépages utilisés (en l’occurrence ces bastions anciens comme loin de l’œil et mauzac pour les blancs, braucol, duras et prunelart pour les rouges, ondenc pour les doux), rendements par hectare, degré d’alcool et techniques de vinification notamment. De quoi inciter à s’offrir (avec modération) un Gaillac !
Les variétés résistantes au cœur des discussions
Invité des vignerons, Olivier Yobregat, ampélographe de renom, chercheur à l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) est revenu sur les variétés résistantes. Il a expliqué l’origine de la création variétale naturelle non sans évoquer les stratégies de diffusion des gènes de résistance face aux maladies comme le mildiou, l’oïdium ou le black-rot et a prodigué des conseils sur la conduite à adopter au vignoble pour produire un raisin sain. «L’objectif est d’assurer à terme une production de qualité tout en réduisant l’impact environnemental», relève Louis de Faramond. «Ces recherches sont éminemment menées en parallèle avec le travail sur la rusticité en vue de l’adaptation de la vigne aux changements climatiques, un postulat nécessaire», souligne-t-il. Et, finalement, de revenir à ces stratégies et synergies communes autour du vignoble «avec des professionnels qui avancent ensemble», saluées par le président de l’AOC.
Le changement climatique, un nouveau défi à relever
Si, après le gel de printemps épargnant pour l’essentiel les vignes, les perspectives pour le millésime 2022 semblent s’éclaircir, d’autres aléas climatiques planent en cette fin juin au-dessus du vignoble : la grêle a fait du mal à certains, notamment sur les côteaux de Cunac ! Mais aujourd’hui le manque d’eau inquiète et il dessine «la crainte d’une baisse de la production, et, surtout, le risque de mortalité des vignes». Car pour les AOC, l’irrigation sur les vignes en production est interdite sauf si celles-ci sont menacées. Un outil de production qu’il faut alors sauver ! Mais, l’approche est ici différente de celle de l’irrigation des cultures afin de permettre leur plein développement puisque les vignes sont plantées sur du long terme pour trente voire plus de cinquante ans. Pour Louis de Faramond, «face à ces changements climatiques, une nouvelle carte autour de l’irrigation est à redessiner. Un travail que l’interprofession devra mener avec l’IFV» !
L’AOC de Gaillac, c’est...
• 120 caves particulières et 2 coopératives - Vinovalie (Rabastens, Técou) et Labastide –
• 1 négociant vinificateur
• 160 000 hl de production annuelle
• 90 000 hl pour le millésime 2021 (- 20 % par rapport à 2020).