Intempéries
Les images des dégâts de la grêle du 4 mai de Gaillac à Tanus, les premiers conseils
Toute une partie du département a été touchée par un gros orage de grêle vendredi 4 mai après-midi. Les photos témoignent de la violence de l'orage de grêle. La chambre d'agriculture a mobilisé ses conseillers.
16 heures, vendredi 4 mai. Pour beaucoup d’agriculteurs, les travaux des champs battent leur plein. Depuis les hauteurs d’Albi, au loin, on voit arriver de gros nuages menaçants. L’orage gronde. En quelques minutes, les éléments se déchainent. A Tanus, les témoignages d’agriculteurs se recoupent. « Tout a commencé par un énorme coup de vent, comme une tornade, explique Gérard Frayssinet, agriculteur et président FDSEA du canton de Tanus. La poussière du chantier de la quatre-voies empêchait les voitures de circuler sur la nationale. Et puis un gros nuage est arrivé très rapidement. »
En moins de 15 minutes, un orage de grêle est venu mettre au sol de nombreuses cultures. « Le couloir de l’orage de grêle représente une largeur de deux kilomètres au moins. Dans cet entonnoir, il ne reste plus grand-chose » constatent les agriculteurs du secteur de Tanus et Moularès, réunis ce lundi sur le terrain. Ceux qui étaient à l’extérieur se sont rapidement abrités. D’autres, en tracteur, ont eu peur de voir les vitres et les pare-brise exploser sous la force des grêlons. « On aurait dit qu’on nous tirait dessus avec une mitraillette. J’ai vraiment eu peur » témoigne l’un d’entre eux. A certains endroits, ils ont pu relever plusieurs dizaines de centimètres de grêlons, dont certains gros comme des œufs. Là où ils se sont regroupés, dans une parcelle où, vendredi encore il y avait de l’orge qui mesurait 40 centimètres, il ne reste plus rien. « Un broyeur n’aurait pas fait mieux. C’est vraiment impressionnant !» constate Gérard Frayssinet.
En dehors de cette bande où les cultures ont été broyées, il y a également des dégâts : céréales et prairies ont beaucoup souffert. Tanus, Moularès, Saint Jean de Marcel, Valdériès, Le Garric… Les communes touchées plus ou moins fortement sont nombreuses. A quelques jours des premières récoltes de fourrages, c’est un drame pour les éleveurs. « Avec la sécheresse de l’année dernière, les stocks n’étaient pas bons. Après cet orage, certains ont tout perdu. Les prairies vont repartir mais la plus grande partie de la récolte est à terre et c’est très inquiétant. Beaucoup d’exploitations sont sur la corde raide. » Pour les céréaliers du secteur, le spectacle est aussi très dur à encaisser. Un jeune agriculteur du secteur de Tanus a tout perdu. Les 40 hectares de céréales de son exploitation ont été broyés par les grêlons : blé, orge, colza… Tout est par terre.
Dès vendredi soir, les témoignages sont remontés et la FDSEA a immédiatement prévenu l’administration. Sur le terrain, les agriculteurs attendent de nombreuses réponses concernant la déclaration du sinistre, l’influence sur les aides PAC, mais aussi sur l’accompagnement technique sur les cultures.
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La chambre d’agriculture a proposé lundi 14 mai au matin, un rendez-vous « bout de champ » et « bout de prairie » entièrement dédié aux conduites à tenir pour les éleveurs et céréaliers du secteur. Une trentaine d’entre eux étaient présents au rendez-vous, autour de Jean-Bernard Mis, conseiller spécialisé fourrages et Yves Ferrié, conseiller spécialisé grandes cultures.
«Pour commencer, il faut évaluer les pertes et faire des comptages d’épis sur une partie de la parcelle» a expliqué Yves Ferrié. «50% d’épis en moins, ce sera 50% de rendement en moins à la récolte. Mais ce ne sera pas la majorité des cas.» Il faudra donc parfois réfléchir à des cultures de substitution qui viendront prendre la suite des cultures détruites par la grêle. Autre solution, c’est l’enrubannage des blés barbus ou des triticales. Seule contrainte, attendre 3 semaines à un mois après le dernier traitement fongicide réalisé.
Jean-Bernard Mis a pu montrer sur des prairies, les problèmes de pourritures suite aux dégâts des grêlons. « La végétation repart mais au sol, il y a beaucoup de matière en décomposition qui va venir abîmer le fourrage. Son conseil : «dégager le plus rapidement ce qui repousse et le valoriser pour favoriser la seconde coupe.» Il conseille également aux éleveurs de se positionner rapidement sur les semences pour ceux qui souhaitent ressemer, le marché étant tendu depuis plusieurs mois.