Les Gazons Occitans : le petit vert près de la route
Le long de l’Autoroute Albi-Toulouse, poussent les Gazons Occitans. Le cultivateur Bertrand Augry, est l’un des seuls en France à pratiquer cette culture en hors sol. Présentation.
C’est une culture peut commune que l’on peut apercevoir le long de l’autoroute qui relie Albi à Toulouse. Tellement peu commune que Bertrand Augry est l’un des seuls français à cultiver du gazon horticole hors sol, ici, à Couffouleux. Ses graminées à la verdeur toute irlandaise poussent en effet sur un film plastique, et non pas directement au contact de la terre. Une méthode qui présente quelques inconvénients, à commencer par un arrosage très délicat à gérer, au goutte à goutte. Mais surtout de nombreux avantages : pas besoin de découper les racines à la récolte, peu de problèmes de mauvaises herbes à gérer et donc très peu de traitement, et pas besoin d’avoir une terre de bonne qualité. «On peut s’installer n’importe où», résume Bertrand Augry. C’est d’ailleurs cela qui l’a conduit à s’enraciner au bord de l’autoroute depuis 1996. Pourquoi ? Revenons d’abord un peu en arrière.
On est à la fin des années 1980. Bertrand Augry rejoint son père sur l’exploitation familiale en polyculture élevage, dans le Limousin. «Les difficultés commerciales commençaient à se faire sentir. Et ma mère, qui s’intéressait à beaucoup de choses, avait senti qu’il fallait trouver quelque chose de différent», explique le cultivateur. Ce sera donc le gazon, en hors sol. Mais très vite un problème se pose : difficile de faire connaître ce produit, et donc de le vendre, depuis le fin fond de la campagne limousine. «Je suis donc parti en quête d’un terrain avec une bonne visibilité», raconte Bertrand Augry. Et voilà comment les Gazons Occitans se sont mis à pousser le long de l’autoroute, sur 5 ha de part et d’autre de l’axe routier.
Un choix stratégique judicieux, puisqu’ils sont désormais reconnus à travers toute la zone Midi-Pyrénées, et même jusqu’en Espagne. Les paysagistes constituent le gros de la clientèle, suivis des municipalités pour les terrains de sport et l’aménagement de massifs, de particuliers, et d’opérations événementielles types foires et salons. Même le festival Pause Guitare a passé commande d’un carré de gazon.
Système D
Le tout est vendu au mètre carré, en bandes conditionnées à plat sur des palettes. «Le gazon est récolté le matin et posé le jour même ou au pire le lendemain, sinon ça commence à fermenter», souligne Bertrand Augry. Cette culture est si peu commune qu’aucun producteur n’a développé le moindre outil spécifique pour l’implantation, la découpe ou le conditionnement. Système D obligatoire. «Je bricole ou alors je fais des plans que je confie à des chaudronniers, indique le cultivateur. Je travaille actuellement à mécaniser le conditionnement qui se fait à la main pour le moment.» Des saisonniers sont appelés en renfort pour le pic d’activité.
Comment s’organise la culture ? La «litière», dans laquelle ont été intégrées les semences, est mise en place fin août, début septembre, au même passage que pour le film plastique. En automne-hiver, le gazon se développe. La vente débute en mars, pour accompagner le pic des demandes printanières. Des petites clôtures électrifiées sont alors dressées pour éviter les dégâts causés par les lapins et sangliers qui, heureusement, restent rares.
D. Monnery