Les élus et pouvoirs publics sensibilisés aux dangers de l'urbanisation
Jeudi 15 octobre, le comité de développement du Gaillacois de la chambre d'agriculture organisait sa première journée intitulée "le béton est dans le pré". Élus locaux et pouvoirs publics étaient au rendez-vous chez Didier Gorse.
Jeudi 15 octobre, une cinquantaine de personnes étaient réunies à Rabastens, sur l'exploitation de Didier Gorse. Cette première journée du "béton est dans le pré" concernait la communauté de communes du Rabastinois. Organisée par le comité de développement du Gaillacois de la chambre d'agriculture, cette opération sera déclinée sur toutes les communautés de communes du secteur. L'objectif est simple : sensibiliser les élus et les pouvoirs publics aux conséquences de l'urbanisation sur les exploitations agricoles et favoriser la prise en compte de la profession dans les documents de planification.
Dans une présentation vivante et pédagogique, sept agriculteurs ont successivement pris la parole pour rappeler en quoi l'urbanisation impacte sur leur métier au quotidien. Didier Gorse a donné de nombreux exemples. "Avant d'épandre le fumier, je vais prévenir les habitants des parcelles voisines. Pour se déplacer en tracteur, c'est de plus en plus compliqué. Que ce soit sur les petites routes où je prends toute la largeur ou sur les grandes routes, où je roule beaucoup moins vite que les autres, je représente toujours un danger ! J'emprunte aussi régulièrement le pont de Rabastens. Je vous assure que je prie à chaque fois pour ne pas accrocher quelqu'un !"
Pour autant, les agriculteurs ne refusent pas le développement de leurs villes et villages. Ils veulent juste arriver à concilier au mieux les intérêts des exploitants et des autres habitants. Ce sont d'ailleurs souvent les premiers à aller au devant des populations pour les sensibiliser et mieux leur faire connaître leur métier. "J'ai pris beaucoup de temps pour expliquer ce que je faisais à mes voisins" explique Didier Gorse. "Pour l'instant, ils sont tous très compréhensifs. Mais, qu'en sera-t-il demain ?" Les initiatives individuelles dans ce sens sont nombreuses. A l'échelle collective et départementale, les Jeunes Agriculteurs développent aussi les chartes de bon voisinage. Cédric Carcenac et Jérôme Balaran sont venus présenter la démarche.
Une agriculture forte
Les bonnes volontés ne manquent donc pas. Mais voilà, c'est un fait, le nombre d'agriculteurs diminue sans cesse. Et ils ont de plus en plus de mal à se faire entendre et à peser dans les décisions des communes. Le Rabastinois est une région attractive, comme quasiment tout le Gaillacois d'ailleurs. Le cadre de vie y est encore rural et l'autoroute facilite considérablement l'accès aux grandes agglomérations. Avec cette opération du "béton est dans le pré", les membres du comité de développement du Gaillacois veulent justement conforter ce dialogue en créant de nouveaux partenariats et en innovant dans leurs habitudes. "Nous avons la même ambition" a expliqué Bernard Barrieu, membre du bureau de la chambre d'agriculture et co-responsable du comité de développement du Gaillacois avec Pascal Pélissou. "Celle d'un territoire qui n'est pas seulement accueillant mais aussi riche par son économie et ses initiatives !"
Oui, parce que l'agriculture pèse lourd sur le secteur. Cette réunion a été l'occasion de le redire. Les responsables d'Arterris et de la coopérative de blé de Salvagnac ont rappelé l'activité et le nombre de salariés que l'agriculture permet de faire vivre chez eux. Au total, sur le canton, c'est plus d'un habitant sur cinq qui relève de l'agriculture, de l'industrie agro-alimentaire ou des services rendus à l'agriculture. Et sans foncier, l'avenir de l'agriculture sera vite scellé. "La terre, c'est notre outil de travail et c'est une ressource naturelle non renouvelable. Une fois que le paysage est artificialisé, on ne peut pas revenir en arrière." C'est donc maintenant qu'il faut réfléchir. Pour les membres du comité de développement du Gaillacois, deux outils sont aujourd'hui incontournables pour bien prendre en compte l'agriculture dans le développement des bourgs :
- le plan local d'urbanisme, qui permet de bâtir un véritable projet d'aménagement de la commune ;
- le diagnostic foncier, agricole et rural, réalisé par la chambre d'agriculture, qui identifie les enjeux agricoles locaux et amène à mieux connaître l'agriculture de chaque territoire.
Avec autant de témoignages et un état des lieux si précis, difficile pour les élus présents de ne pas abonder dans le sens des agriculteurs. Les maires de Rabastens, de Couffouleux et de Loupiac sont intervenus pour assurer leur soutien au monde agricole ainsi que la prise en compte de leurs attentes. Marcelle Pierrot, préfète du Tarn, a salué toutes ces initiatives sur la conciliation des usages et conclu, en cette semaine du goût, sur des notes gastronomiques. "Vous avez tous les ingrédients du "bien savoir vivre ensemble". Reste à trouver les bons dosages pour que le mélange prenne et marche !"