Les agriculteurs sont à bout et le font savoir à Tanus
En bloquant la circulation sur le viaduc de Tanus dans les deux sens, mardi après-midi, les agriculteurs tarnais ont répondu à l’appel national pour faire part du mal-être de toute la profession.
«Vous tuez vos paysans, stop agribashing !!!» C’est ce slogan, tel un cri d’alerte, que les agriculteurs tarnais ont peint en géant sur le viaduc de Tanus, bloqué à la circulation pour l’occasion, ce mardi 8 octobre en début d’après-midi. Une cinquantaine de professionnels se sont mobilisés à l’appel de la FDSEA et des JA du Tarn pour faire part de leur détresse et de leur désespoir, aussi bien aux consommateurs qu’aux pouvoirs publics. Car une véritable question se pose à leurs yeux : «France, veux-tu encore de tes paysans ?»
«Agribashing permanent, accords internationaux visant à déréguler le marché français, pression environnementale incompréhensible, sentiment de déconsidération... sont tout autant de facteurs qui poussent à bout, chaque jour un peu plus, les agriculteurs de nos campagnes, expliquent Roland Le Grand, président des Jeunes Agriculteurs Occitanie et Philippe Jougla, président de la FRSEA Occitanie. Les agriculteurs en ont assez. Assez des intrusions de plus en plus violentes dans nos exploitations. Assez des distorsions de concurrence organisées par le gouvernement qui préfère importer une alimentation que les français ne veulent pas, plutôt que de mettre en place des politiques publiques de renforcement de la qualité, de la traçabilité et de la durabilité de nos produits français. Assez de l’agribashing permanent à l’encontre des agriculteurs qui se battent chaque jour pour fournir une alimentation saine et de qualité, reconnue d’ailleurs comme le modèle agricole le plus durable au monde !»
«Vivre de notre métier»
En réponse à l’appel national lancé par les JA et la FNSEA, le Tarn s’est mobilisé à l’image de tous les départements d’Occitanie. Des mannequins avaient été pendus au viaduc à la frontière du Tarn et de l’Aveyron, dans le vide au-dessus du Viaur pour bien montrer que c’est toute une profession qui se retrouve au bord du gouffre. «Ce message fort et symbolique traduit l’état d’esprit des agriculteurs qui se sentent aculés par les attaques sociétales et une réglementation administrative qui surcharge et qui rend le métier stressant et compliqué, dénonce Christophe Rieunau, président des Jeunes agriculteurs du Tarn. Un an après les États généraux de l’alimentation, les prix ne sont toujours pas au rendez-vous. En termes de viabilité, de «vivabilité» et de transmissibilité, le compte n’y est pas. La France a la chance d’avoir une agriculture familiale avec des femmes et des hommes qui ont choisi cette profession par passion et par amour de la nature et des animaux. Il ne faut pas que cette vie rêvée ne se transforme en cauchemar. On mérite de vivre de notre métier et d’être respecté pour cela.»
Un message directement adressé au consommateur pour lui rappeler que remplir son assiette est aussi l’occasion de faire un geste citoyen. «Au-delà de cet appel de détresse et de colère en direction du Président de la République et de son gouvernement, ce mouvement est aussi l’occasion pour nous, agriculteurs, de dialoguer avec les consommateurs et les citoyens français. Travaillons ensemble à la construction d’un avenir agricole français ambitieux, diversifié, productif et soucieux de l’environnement dont nous sommes les premiers utilisateurs. Ensemble, rappelons haut et fort au gouvernement que nous n’accepterons pas d’importer l’alimentation que nous ne voulons pas !», répètent Philippe Jougla et Roland Le Grand.
D. Monnery