Sécheresse
Les agriculteurs inquiets pour l’avenir de leur ferme
Les présidents des sections font état de conditions économiques contraignantes. Les exploitations n’arrivent pas à compenser les coûts de production élevés auxquels elles sont soumises.
Les présidents des sections font état de conditions économiques contraignantes. Les exploitations n’arrivent pas à compenser les coûts de production élevés auxquels elles sont soumises.
Aléas climatiques, pénurie d’eau, coûts d’approvisionnement élevés, ce n’est pas une année idéale pour les agriculteurs. La météo exceptionnelle de 2022 a fortement déstabilisé l’agriculture dans son ensemble. En grandes cultures, les rendements sont médiocres. L’hétérogénéité des précipitations a entraîné une disparité et une hétérogénéité dans la levée des cultures de printemps : «cela va nous impacter sur les rendements et au niveau des récoltes et ainsi sur l’approvisionnement avec des coûts qui sont plus importants. Cela va se ressentir au niveau de la trésorerie et au niveau des revenus des exploitations», explique Alexandre Boulous.
Aucune assurance pour les cultures
Ce qui inquiète le président de la section grandes cultures, c’est l’insécurité des volumes d’eau sur les exploitations : “Si nous avions la possibilité d’avoir une assurance avec des retenues d’eau et de sécuriser les volumes sur l’exploitation, cela permettrait de pallier à ces problèmes sans avoir à modifier notre assolement et en gardant une diversité d’assolement sur le département“. Les outils de gestion des risques qui devraient apporter un soutien aux agriculteurs ne semblent pas être très efficaces dans une telle situation. «Actuellement, le problème majeur est que nous sommes censés bénéficier de l’assurance-récolte, mais malheureusement, compte tenu des coûts et du retour sur investissement de cette dernière, la majorité des gens ne s’assurent pas, soit 90 % d’entre eux» affirme le président des grandes cultures.
La décapitalisation du cheptel persiste
Francis Rouquette, président de la section bovins viande, est également inquiet de la situation. Pour faire face à la sécheresse, il a convenu avec les céréaliers d’échanger de la paille contre du fumier. D’autres éleveurs n’ont d’autre choix que de vendre leurs animaux pour faire face à ce fléau. «La sécheresse c’est la goutte d’eau qui va aggraver la décapitalisation du cheptel», affirme le président de la section. En effet, avec 250 000 têtes de moins depuis 2016, le cheptel bovin français est en déclin depuis 4 ans.
Des efforts unifiés ont été faits pour améliorer les conditions des agriculteurs. Francis Rouquette, en tant que président de la section bovine, avait prévu une rencontre avec le président du conseil départemental, demandant un soutien pour répondre à leurs demandes. Une deuxième réunion a eu lieu le 31 août 2022 pour présenter le recensement qui a été effectué dans le but de quantifier ces besoins afin d’obtenir une aide. De plus, des prêts courts termes ont été obtenus sur bovin viande et bovin lait. Dans le même temps, les syndicats d’agriculteurs prévoient d’organiser des achats collectifs pour approvisionner les agriculteurs en foin et faire baisser les coûts.
Prix élevés et faibles revenus
Pour Éric Bascoul, président de la section ovin lait, il y a une grande inquiétude. Il craint un coût supplémentaire pour la période hivernale. Avec l’herbe verte, qui a disparu depuis plusieurs mois, les agriculteurs ont utilisé leur fourrage beaucoup plus tôt que prévu. Des stocks qui devront être compensés par des achats en prévision de l’hiver avec un coût élevé pour le foin, une facture qui s’ajoute aux charges déjà pesantes, comme les engrais et le carburant. Il en résulte un manque de fourrage pour les réserves de l’exploitation et une augmentation du coût de l’élevage. Les agriculteurs souffrent déjà de la diminution de la production laitière et de l’inflation qui élève des coûts de production.
Concernant la loi Egalim2, Eric Bascoul affirme : “on ne l’a jamais vue ! Le lait de cette année est déjà fait, s’il y avait des améliorations ce serait pour l’année prochaine, mais on n’a pas l’impression que le prix du lait va augmenter dans les proportions dont on a besoin”. Les consommateurs voient une augmentation du prix du litre de lait et les agriculteurs voient une baisse de leurs revenus. Sans aucune garantie quant au prix de vente du litre de lait et avec les gros investissements des éleveurs dans la production, toutes les sections sont extrêmement vigilantes sur le déroulé des semaines qui viennent.