Portrait
Le soin au cœur de son métier d'éleveuse
Depuis novembre, Marie-Céline Combes a rejoint ses parents au Gaec du Couderc. Aide-soignante pendant 10 ans, elle prend aujourd’hui soin d’un troupeau de Gasconne des Pyrénées.
Depuis novembre, Marie-Céline Combes a rejoint ses parents au Gaec du Couderc. Aide-soignante pendant 10 ans, elle prend aujourd’hui soin d’un troupeau de Gasconne des Pyrénées.
Depuis son plus jeune âge, Marie-Céline Combes, 29 ans aujourd’hui, prête main-forte à ses parents Francis et Véronique, dans l’exploitation familiale à Paulinet. Pourtant, lorsqu’il s’agit de choisir un métier, elle s’oriente vers des études d’aide-soignante. “Je suis très curieuse, j’avais besoin de découvrir la vie quotidienne ailleurs, dans un autre environnement”, confie-t-elle. Pendant dix ans, elle exercera donc ce métier avec engouement. Mais l’exploitation familiale, les 150 hectares résultant de la réunion des terres des grands-parents maternels et paternels, reste toujours dans un coin de sa tête. En 2022, elle décide de changer de voie et d’expérimenter pleinement la vie d’éleveuse.
"La vie d'agriculteur, c'est la liberté réglementée"
“La passion a pris le dessus ; aide-soignante c’est un beau métier mais je souhaitais m’occuper des animaux et je voulais être plus investie dans l’exploitation”, explique Marie-Céline. Elle suit donc la formation BPREA au lycée agricole de Fonlabour jusqu’en juin 2023 puis le parcours d’installation avec la Chambre d’agriculture. Malgré les différentes contraintes -les nouvelles réglementations, le travail administratif, la crainte d’une maladie du troupeau- l’éleveuse estime que ce choix en vaut la peine. “Je veux pérenniser et conserver l’héritage familial. C’est très important pour moi”. A cela s’ajoute la liberté de fixer son emploi du temps, impossible pour un salarié. “Certes il y a des engagements comme les vêlages mais je dirais que la vie d’agriculteur, c’est la liberté réglementée”, précise-t-elle avec enthousiasme. En revanche, elle déplore l’image négative associée à son métier, celle de l’éleveur pollueur et/ou maltraitant. C’est pourquoi elle a décidé d’agir. Elle utilise Instagram pour partager de courtes vidéos à travers lesquelles elle raconte son quotidien. Son compte réunissant 2 000 followers lui permet d’échanger avec des éleveurs et tous types de personnes intéressées par la vie agricole. On y découvre sa vision du métier qu’elle associe au sens du travail, à la rigueur et à la patience avec les animaux. “Ils ressentent nos émotions. Pour conduire un troupeau, il faut être calme”.
La Gasconne des Pyrénées, une race résistante et docile
A la Quintaine, le choix des Gasconne des Pyrénées remonte à l’année 2012. Moins fragiles que les Limousines, ces vaches s’adaptent bien aux vallées montagneuses. “Autonomes, elles sont rarement malades, ce qui limite les frais vétérinaires. De plus, elles sont très calmes et dociles”, affirme l’éleveuse. La famille Combes commercialise les veaux (85 en moyenne par an) au Cadran Ségali à Baraqueville. Ce système de vente aux enchères s’avère pratique puisqu’il suffit de déposer les veaux le matin, la rémunération arrivant généralement trois jours plus tard.
Savoir s'entourer, la clé du succès
Si elle apprécie le travail de la terre (pour les céréales en auto-consommation), la gestion d’entreprise et le choix des décisions d’investissements, sa passion pour les animaux la mène à s’intéresser à la génétique pendant ses études. Depuis, elle tient un carnet dans lequel elle note absolument tout sur les veaux et les génisses : l’alimentation, le comportement, les vêlages. Elle s’est ainsi rendue compte que les bêtes manquaient de certains minéraux comme le sel, quand elles buvaient l’urine des autres ou le fer lorsqu’elles se mettaient à lécher des barres métalliques. Au-delà de ces annotations, Marie-Céline Combes estime indispensable de se former régulièrement et de savoir s’entourer d’autres experts. “J’aimerais bien faire une formation en éthologie pour mieux cerner l’étude du comportement des bovins et en ostéopathie pour les veaux nouveaux-nés. Tout ce qui touche au soin m’intéresse. Et pour s’améliorer, il faut savoir s’entourer, savoir aller chercher les informations. C’est pourquoi je me renseigne beaucoup auprès de la Maison de l’élevage, je suis des formations régulièrement à la Chambre d’agriculture, j’assiste aux portes ouvertes organisées par le vétérinaire et je sollicite même parfois le comptable”.
Le peu de temps libre qui lui reste, elle l’a consacré ces 4 dernières années à la rénovation de la maison de ses grands-parents où elle vit avec son compagnon Salomon. Ce dernier, également ancien aide-soignant, se forme au métier pour prendre la succession de Francis au moment de sa retraite.
Le couple ne manque pas de projets. “Nous comptons maintenir ce qui existe, augmenter le troupeau et effectuer quelques améliorations même si mon père a déjà effectué de gros investissements. Nous voulons aussi nous diversifier pour nous assurer des revenus si le cours des veaux venait à chuter. Nous n’avons pas encore choisi de projet, cela pourrait être de l’agro-tourisme ou un autre atelier d’élevage”, conclut avec philosophie Marie-Céline.