Gaz
Le projet de méthanisation agricole progresse
Un collectif de 30 éleveurs du Ségala ambitionne une agriculture saine et durable. Le projet a déjà évolué plusieurs fois pour prendre en compte les propositions des élus et des riverains.
Un collectif de 30 éleveurs du Ségala ambitionne une agriculture saine et durable. Le projet a déjà évolué plusieurs fois pour prendre en compte les propositions des élus et des riverains.
Réunis sous une structure appelée Aimer le Ségala, ces éleveurs portent le projet d’installer trois méthaniseurs agricoles de petite taille au cœur de leurs fermes, afin de pérenniser l’activité agricole sur le territoire. Nous avons rencontré Bernard Ducros, agriculteur responsable du projet, qui s’est confié un peu plus sur le sujet.
L’initiative demande du soutien
Initié en 2019, le projet de méthanisation agricole du Ségala a déjà beaucoup fait parler. En effet, il a grandement évolué ces dernières années, et tout le monde ne le voit pas du même œil. Certains veulent s’opposer au projet, tandis que d’autres soutiennent l’initiative. Aimer le Ségala a d’ailleurs communiqué à ce sujet. Ils ont fait part de ces évolutions mais aussi de leurs idées et de leur vision. Comme suit :
“Parce que le projet a évolué en proposant trois unités au lieu d’une seule, afin de limiter les transports et d’installer des méthaniseurs de plus petite taille,
• Parce que le projet est structurant pour la souveraineté énergétique de OYA (ex ENE’O), en partenariat avec GRDF et la communauté de commune,
• Parce que l’élevage est une force de notre territoire et façonne nos paysages,
• Parce que les agriculteurs tiennent à communiquer sur leur projet, l’expliquer, le partager, faire comprendre les enjeux liés à la fertilisation des sols, la baisse des odeurs des épandages et la création d’énergie verte,
• Parce que les agriculteurs vivent sur ce territoire et souhaitent des relations durables avec les habitants et les consommateurs, en produisant des produits majoritairement sous signe officiel de qualité,
• Parce que la méthanisation locale contribue à rendre notre pays moins dépendant aux énergies fossiles et aux énergies d’origine russe.
Nous, éleveurs du Ségala, avons besoin de vous sentir à nos côtés pour s’engager sur ce projet responsable. C’est pourquoi nous invitons toute personne ou instance représentative du territoire, conscient des enjeux agricoles, environnementaux et énergétiques, à soutenir l’étude et la construction du projet acceptable par le plus grand nombre et à suivre la démarche de concertation engagée”
“Valoriser nos élevages”
Bernard Ducros se trouve au cœur d’un projet ambitieux pour l’agriculture tarnaise. Il nous explique son point de vue, et ses idées directrices : “Concrètement, l’idée c’est de valoriser au maximum nos effluents agricoles et nos cultures, et la méthanisation doit devenir un outil de travail pour l’agriculture. En juin 2022, nous avons décidé de créer trois unités plutôt qu’une, cela facilite les démarches, et cela rend le projet plus familial, et moins coûteux. Les zones concernées sont Monestiés, Rosières et Sainte-Gemme. Le bureau d’études Acthuel nous permet de suivre un plan de communication avec la préfecture et la Région. Et malheureusement, le projet devient relativement conflictuel depuis, avec les riverains notamment, qui étaient pourtant plutôt favorables au début des démarches. Effectivement, ils sont désormais craintifs du terme de méthanisation.”
Davantage d’autonomie
L’agriculteur poursuit : “Ce que nous voulons mettre en place, c’est un projet 100% agricole, on ne veut pas se lier avec un industriel, nous voulons gérer le projet de bout en bout, et rester maîtres de nos élevages et de nos services de qualité. Actuellement, nous sommes en phase d’étude de faisabilité, et certains chiffres clés sont encore inconnus. Mais nous avons tout de même des certitudes, par exemple, nous savons qu’un méthaniseur ne pourra transformer maximum que 30 tonnes par jour d’effluents d’élevages. Ensuite, tout sera sous bâtiment, qui seront recouverts de panneaux photovoltaïques. Nous cherchons à gagner en autonomie. Grâce au biogaz que nous produirons, nous pourrons alimenter tout le territoire du carmausin. Quatre nouveaux emplois seront aussi créés, notamment pour gérer le processus de méthanisation au niveau informatique. Nous avons un groupe jeune, d’une moyenne d’âge de 37 ans environ, et ils sont conscients qu’il y a des choses à changer si on se projette sur l’agriculture de demain.”
“Nous sommes dans un tournant de l’agriculture”
Bernard Ducros sait que le temps est compté, et souhaite mener à bien ce projet “indispensable à la survie de l’agriculture. L’intérêt est évidemment de maîtriser l’impact économique des charges. Nous avons du mal à augmenter les prix. Le levier que nous avons pour survivre demain, c’est de réduire au maximum les charges et gagner en autonomie. Aujourd’hui, il faut qu’on tourne une page, la hausse des prix et le changement climatique font que nous devons nous adapter. Nous voyons également que nos sols s’appauvrissent de plus en plus. C’est pour cela que nous proposons un projet propre et vert. D’ailleurs, l’État donne des moyens pour mettre en place ces initiatives, et soutient les projets de création d’énergies renouvelables. La méthanisation est un excellent moyen de garder la matière organique de nos effluents, tout en conservant la valeur fertilisante. Par ailleurs, cela apporterait un gain de temps non négligeable, durant ces temps où la main d’œuvre se fait assez rare.”
Enfin, le responsable du dossier nous confie la vision qu’il a de l’agriculture : “Je suis un agriculteur qui aime travailler en équipe, c’est l’avenir du domaine agricole. Nous faisons de la qualité et on essaye d’être le plus vertueux possible. Le consommateur est très attaché à ça, il faut se lier à l’environnement. C’est en tout cas mon ressenti !”
Après une communication auprès des élus des communes et des riverains les plus proches du projet, des réunions d’informations et de concertation sur le projet sont déjà prévues en septembre ainsi qu’une visite d’un site similaire en fonctionnement.
La phase d’étude devrait s’achever dans les mois à venir, afin de pouvoir faire un dépôt de permis de construire par la suite.