Calamités
Le préfet à la rencontre des arboriculteurs
Jeudi dernier aux Vergers de Penne, le représentant de l’État, François-Xavier Lauch, a pleinement mesuré les conséquences des épisodes de gel du 1er au 4 avril dernier.
Jeudi dernier aux Vergers de Penne, le représentant de l’État, François-Xavier Lauch, a pleinement mesuré les conséquences des épisodes de gel du 1er au 4 avril dernier.
Déjà durement frappés au printemps 2021 par d’intenses épisodes de gel, les arboriculteurs n’avaient certainement pas besoin des journées gélives qui ont saisi le Tarn en ce printemps ! Avec un temps changeant radicalement autour de températures hivernales après plusieurs jours de douceur printanière fin mars, et des arbres fruitiers en plein débourrement, les professionnels arboricoles pouvaient se faire du mauvais sang. Cerisiers, pruniers, pêchers et autres brugnoniers ont été les premières victimes de ces quatre jours de gel. Ainsi, aux vergers de Penne, les pruniers n’ont pas résisté aux -5,5°C relevés au plus fort de ces gelées. «Sur nos vergers non protégés, 98 % de leur production ont été perdus» lance amer Patrice Raujol de l’exploitation pennolle de 60 ha en bord d’Aveyron, reprise par son fils Thomas et sa compagne Céline. “Avec un bouton sur deux déjà ouvert, mes pommiers n’ont pas résisté à ces longues nuits successives gelées et, notamment de la «gelée noire» du samedi au dimanche“ constate l’arboriculteur en bio et «zéro résidu». Dans ce contexte, la venue du préfet du Tarn, François-Xavier Lauch, en présence de la députée Marie-Christine Verdier-Jouclas et du président de la Chambre d’agriculture du Tarn, Jean-Claude Huc, a été un gage de reconnaissance pour la profession sinistrée. Surtout, c’était l’occasion d’évoquer les différentes problématiques rencontrées par les arboriculteurs et de découvrir les solutions techniques mises en œuvre pour lutter contre le gel. L’aspersion en particulier a permis de protéger l’ensemble des vergers équipés.
L’aspersion, un outil performant contre le gel … mais coûteux !
«Pour les professionnels, il est important de se sentir soutenu et écouté. Cette présence sur le terrain permet tant de saisir pleinement la dynamique territoriale autour de ces professionnels, comme ici entre vallées et côteaux que de voir ce qu’ils font notamment en termes d’investissements et d’intrants», rappelle Jean-Claude Huc, le président de la Chambre d’agriculture. De fait, l’agriculture et l’agroalimentaire emploient près de 80 personnes sur le Pennol. Et, justement les solutions techniques face au gel d’être avancées. «Les systèmes d’irrigation par aspersion sont les outils les plus efficaces et performants contre le gel» reconnaît Patrice Raujol. Mais «ils ont un coût financier important de quelque 15 000 €/ha», pointe-t-il. Avec une vingtaine d’hectares ainsi protégés sur ses parcelles réparties entre Tarn et Tarn-et-Garonne, le montant de l’investissement est conséquent. Et ceci, sans compter l’eau et son accès, vitaux dans ce mécanisme de protection visant précisément à asperger d’eau les parcelles pour former autour des bourgeons des arbres fruitiers un glaçon les protégeant du gel en maintenant la température à 0°C. «Ici, en bord d’Aveyron, nous disposons suffisamment d’eau pour alimenter nos asperseurs mais, ailleurs, il est impératif d’avoir des réserves d’eau car l’aspersion consomme énormément sur une période relativement courte de gel», explique Patrice Raujol. Et, les nécessaires autorisations administratives préalables ajoutent une contrainte supplémentaire pour les arboriculteurs voulant s’équiper. «Entre la décision d’avoir recours à l’aspersion et son installation, le chemin est long» enchaîne Hélène Biscond des vergers de Montdragon. Venue avec Thierry Garrigues, des vergers du Bosquet à Senouillac et, président de la section arboriculture de la FDSEA, elle portait les revendications de la profession. Lancée en juin de l’année dernière au lendemain des terribles gelées du printemps, un énième «coup dur» pour la productrice, son installation d’aspersion n’a été opérationnelle qu’une quinzaine de jours avant l’épisode de gel. Devant l’ampleur des dégâts sur ces parcelles non protégées, un soulagement pour l’arboricultrice en «zéro résidu» qui a mis la main à la poche !
La trésorerie nerf de la guerre
Dans ce combat contre le gel, «la trésorerie est primordiale» soulignent unanimement les professionnels. Bien plus, «elle est nécessaire ne serait-ce que pour fonctionner au quotidien» martèlent-ils à un préfet compatissant, les assurant de la parfaite solidarité de l’État. En ce sens, de leur indiquer qu’une enveloppe de 20 millions d’euros dont 10 millions pour les Régions (2,5 millions pour la seule Occitanie) a été d’ores et déjà débloquée en fonds d’urgence. «Il s’agit d’une aide de trésorerie exceptionnelle, de nature forfaitaire plafonnée à 5 000 euros avec des possibilités de modulations supplémentaires prévues au cas par cas pour les jeunes arboriculteurs et les exploitants agricoles déjà sinistrés à plus de 70% lors des épisodes de gel de 2021» précise François-Xavier Lauch. Et, le préfet leur rappelait les autres aides de l’État comme le fonds de calamités agricoles, le dégrèvement de taxe foncière sur les propriétés non bâties, les prises en charge des cotisations sociales auprès de la MSA ou le prêt garanti par l’État (PGE) auprès des banques et des assurances. «Il faut rompre avec l’isolement de professionnels n’osant pas se tourner vers l’État et ses services auxquels, comme en 2021, une attention et une réactivité ont été demandées» ajoute François-Xavier Lauch. «En 2021, L’administration a été efficace et à notre écoute» reconnaissent volontiers les arboriculteurs et le président d’une Chambre d’agriculture également mobilisée. Face à ces aléas climatiques sévères, gageons que ces nouvelles mesures portent leurs fruits !