Vignoble
Le gel vient à nouveau compliquer les récoltes dans le Gaillacois
L’épisode récent a touché plus de 30% des parcelles du vignoble, avec des dégâts plus ou moins importants selon les domaines. Un énième coup dur pour les professionnels tarnais.
L’épisode récent a touché plus de 30% des parcelles du vignoble, avec des dégâts plus ou moins importants selon les domaines. Un énième coup dur pour les professionnels tarnais.
ls le craignaient et n’ont malheureusement pas été épargnés. Les viticulteurs du Gaillacois ont une nouvelle fois été touchés par un épisode de gel tardif, débuté dans la nuit du 18 au 19 avril et qui s’est prolongé jusqu’à ce début de semaine. Si les impacts varient en fonction des zones, peu de domaines sont sortis indemnes de cet épisode de froid. “Il est encore un peu tôt pour analyser toutes les pertes mais de ce que l’on voit, on est autour de 30% de parcelles touchées dans le vignoble, donc potentiellement 30% de pertes de récolte”, annonce le président de la Maison des Vins, Cédric Carcenac, dont le domaine à Montans a été impacté sur une vingtaine d’hectares. Non loin de Montans, à Cadalen, Séverin Blanc, du Domaine des Vergnades, indique que 5 à 6 hectares ont été touchés par le gel dans ses parcelles, avec des températures descendues jusqu’à -2°C. “C’est un nouveau coup dur, d’autant que la vigne avait beaucoup poussé. On évaluera les dégâts plus tard, j’espère qu’ils seront limités”, constate l’exploitant. Sur le plateau cordais, les premiers constats sont durs pour les professionnels. Au Mas d’Aurel à Donnazac, les parcelles ont subi trois épisodes de gel en quelques jours d’intervalle. “Quasiment toutes nos parcelles sont touchées, dont certaines à plus de 90%, concède Clara Molinier la gérante, nous en avons sur les communes de Donnazac, Frausseilles et Souel. Ce sont sur ces deux dernières zones que nous avons été le plus impactés dans l’ensemble, surtout sur les fonds de parcelles, bas-fonds et les fossés. Cette nuit (de lundi à mardi) encore, nous sommes descendus autour des -2°C. Et malheureusement, le gel implique forcément une perte de récolte obligatoire, surtout cette année où la végétation est assez avancée. C’est encore un peu tôt pour tirer un constat définitif mais je dirais que nous allons tourner autour des 40% de pertes sur le vignoble.” Un bilan difficile à accepter pour Clara, d’autant que les moyens de lutte sont compliqués à mettre en œuvre, “nous avons 25ha de vignes relativement morcelées, donc malheureusement, faire du préventif, c’est difficile et coûteux”.
Jusqu'à -3°C en début de semaine
Même constat du côté de la zone de Cunac, où l’épisode de gel de début de semaine a été particulièrement virulent. “Vendredi matin, ce sont les bas de parcelles qui ont été touchés, puis c’est petit à petit remonté. Le plus froid, ça a été dans la nuit de lundi à mardi, où nous avons pu lire sur le thermomètre des températures approchant des -3°C, constate la famille Mathieu, viticulteurs sur la commune de Cambon d’Albi, nous avons 14 ha de vignes au total, et on peut d’ores et déjà constater que nous enregistrerons entre 80% et 100% de pertes. Peut-être que certaines feuilles vont repousser, mais ça ne va pas donner grand chose. Nous sommes assurés, mais on ne sait pas ce que cela va nous apporter concrètement. On sait qu’ils comparent avec les trois dernières années, et étant donné qu’elles n’ont pas été très bonnes… Le moral a quand même pris un coup aujourd'hui."
L'heure de la constatation
À Lisle-sur-Tarn, au Domaine de Long-Pech, les dégâts sont en revanche plus limités. Seules les parcelles en bas-fond, proches des cours d’eau, ont été touchées. “On a taillé tard, c’est ce qui nous a permis de sauver la mise, souligne l’exploitante Sandra Bastide, mais ce n’est pas le cas pour tout le monde. Cela a beaucoup grillé sur les parcelles en bordure de fossé ou de cours d’eau, avec une vigne qui était drôlement avancée en plus. Cela rappelle des mauvais souvenirs, avec notamment l’épisode de gelée noire en 2021. On pourrait être sur quelque chose de similaire cette année. Il faudra analyser tout ça.” Désormais, place à la constatation, pour évaluer l’impact de ces nouvelles gelées, dans une période déjà pas simple pour les professionnels : “cela vient complexifier une situation déjà tendue, avec de la mévente et du surstock. Il faudra rester vigilant et observateur pour venir au secours des vignerons, qui accumulent les mauvaises nouvelles, d’autant que beaucoup ne sont pas assurés face à ces aléas”, conclut Cédric Carcenac.