Froid
Le gel frappe le Tarn : quelles conséquences ?
Entre - 4 et - 5°C sur les côteaux du vignoble du Gaillac, les plaines de Tarn et de l’Agout, l’épisode de gel qui a sévi n’est pas sans conséquence sur des viticulteurs et arboriculteurs inquiets…
Entre - 4 et - 5°C sur les côteaux du vignoble du Gaillac, les plaines de Tarn et de l’Agout, l’épisode de gel qui a sévi n’est pas sans conséquence sur des viticulteurs et arboriculteurs inquiets…
Après cette longue fin de semaine givrée d’avril, pour les professionnels des cultures fruitières et viticoles, l’inquiétude est palpable ! Avec un temps changeant radicalement autour de températures hivernales après plusieurs jours de douceur printanière fin mars, le risque sur les floraisons était majeur. Avec un thermomètre affichant jusqu’à - 6°C, et une gelée noire sévissant dans la nuit de samedi à dimanche, les vignerons pouvaient se faire du mauvais sang. «Nous avons passé trois jours intenses» avoue François Fabre, le président de la section viticole de la FDSEA installé à Vieux sur les côteaux de la Grésigne. «Avec une saison hivernale plus froide, les vignes étant moins avancées, bon nombre de vignerons avaient retardé leur taille de fin d’hiver. Bien leur a pris» souligne-t-il. Reste que certains cépages comme les Gamay (pour le Rouge), les Chardonnay ou les Loin de l’œil (pour les Blancs) ont été plus impactés car plus précoces ! Comme sur les contreforts de Cunac plus touchés où les températures sont descendues jusqu’à - 6°C dans le vignoble de Sébastien Féral. «Même si visuellement les dégâts ne sont pas nécessairement perceptibles, nous nous pourrons connaître les conséquences exactes de ces grands froids que d’ici quelques semaines lorsque les vignes seront plus avancées» précise le vigneron qui se veut prudent pour estimer les préjudices, espérant «que de nouvelles journées gélives toujours possibles en avril et mai, ne surviennent pas en ce printemps». Comme à Cunac d’autres territoires ont été localement concernés par ces trois jours gélifs notamment en vallée du Tarn et bord d’Agout entre Montans, Brens et Giroussens où - 3°C voire - 4°C ont été relevés.
Chez les arboriculteurs, un bilan plus amer…
Les trois journées gélives ont été plus longues et dures pour les arboriculteurs. «Les fruits à noyaux comme les cerises, les pêches, les nectarines ou les prunes ont été gelés à 90 voire 100%. En pleine floraison, les poires ont également subi les affres du gel. Les boutons ouverts des pommiers où la floraison est plus étalée avec une deuxième fleur n’ont pas résisté à ces nuits de froid intense» constate, désabusé, Thierry Garrigues des Vergers du Bosquet à Senouillac et président de la section arboriculture de la FDSEA. Ici, le département dans son ensemble a été touché. «La gelée noire dans la nuit de samedi à dimanche a été fatale» poursuit-il. Les variétés précoces ont subi d’importants dommages ! Pour les autres variétés, plus de la moitié devrait être affectée par l’épisode de gel. Pour les professionnels «protégés» par des systèmes d’irrigation par aspersion, les dégâts sont plus aléatoires. Comme aux vergers de Montdragon où après les fortes gelées de 2017, Hélène et Jules Biscond s’étaient résolus à investir dans ces mécanismes de protection de leur 14 et 15 ha d’exploitation. Grâce à des outils d’irrigation techniques performants et de sondes relevant des températures négatives, les parcelles sont aspergées d’eau permettant de former un glaçon autour des bourgeons des arbres fruitiers afin de les protéger du gel. «En passant de liquide à l’état solide de glaçon, l’eau maintient la température à 0°C. à l’inverse en passant de l’état solide à liquide, le glaçon crée du froid. Le risque est qu’en dégelant, celui-ci abîme les bourgeons. Pour l’éviter, il faut que la température extérieure remonte entre 4 et 5°C» explique Hélène Biscond. «D’où l’arrosage observé sur nos vergers jusqu’en milieu de matinée, notamment dimanche après une très longue nuit de gel» rassure-t-elle. «Faire de l’agriculture sans protection est impensable ! L’aide à l’investissement de l’État est en ce sens bienvenu, car s’équiper a un coût» poursuit l’exploitante qui souligne l’importance de «l’accès à l’eau» qui pour ses vergers est facilité par le Dadou qui les longe et plusieurs retenues collinaires. Ainsi contrairement à d’autres arboriculteurs dont elle se veut solidaire, Hélène Biscond a plus que limité les dégâts sur l’exploitation dont la bonne majorité a été protégée malgré ses deux années consécutives d’épisodes gélifs. Un soulagement ! D’autant que ses vignes de raisin de table, ses légumes et fruits cultivés en extérieurs ont eux aussi été épargnés par des voiles de protection et un chauffage. Ces fraises pourront être dégustées d’ici la mi-mai. Hélas pour d’autres ces gelées auront une toute autre saveur !