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Le gel et les pluies ont affecté la récolte 2021

Les excès et le manque d’eau pour les céréales ont débouché sur une forte hétérogénéité des rendements. La cellule régionale d’Arvalis vous explique comment la météo a gâché la fête.

Deux ans après une moisson historique, la campagne tarnaise a connu un tout autre destin. Et si les pluies de juin ont retardé le passage des moissonneuses, elles ont aussi permis de redresser une situation mal engagée selon Eva Deschamps, ingénieur régional Tarn-Lot-Aveyron chez Arvalis. «L’année a commencé avec un hiver très pluvieux. Les cumuls étaient supérieurs de 150 % à la médiane des 20 dernières années sur le mois de décembre. Certaines parcelles sont restées noyées jusqu’en février et les orges ont connu alors une nette régression du nombre de talles». Pour ne rien arranger, un déficit hydrique s’est installé
du mois de mars au début du mois de mai.

Le stress hydrique a pesé sur le potentiel

«En orge et en blé, le potentiel épi a été impacté, rappelle Eva Deschamps. Mais les céréales ont la capacité de compenser avec le nombre de grains par épi. Il y a eu de bons rattrapages dans certains secteurs qui ont reçu de l’eau au bon moment.» Pour l’ingénieur régional, la fin de cycle des céréales a été favorisée par les pluies qui ont permis un remplissage correct des grains. Ainsi, les démarrages poussifs ont été rattrapés et les poids de mille grains devraient être bons.

Le gel est passé au mauvais moment

Malgré tout, les deux gels printaniers ont fait des dégâts. «C’est tombé pile poil pendant la méiose des orges, ce qui a conduit à des épis non fécondés et des pertes importantes, note Eva Deschamps. Sur les blés, nous avons observé des pointes gelées en cours de campagne avec pour conséquences des pertes de rendement qui sont parfois proches des 30 quintaux !» Pour le versant sanitaire, il faut noter un automne favorable aux pucerons. Les symptômes de JNO ont été accentués par le sec au printemps. Quelques impacts de rouille jaune ont été marqués.

Des fourchettes de rendement larges

Les toutes premières parcelles récoltées ont affiché de bons PS et «ensuite, ça c’est vraiment dégradé», observe Eva Deschamps. Les orges sont estimées entre 30 et 80 quintaux. «Les plantes étaient à un stade avancé quand la sécheresse printanière a frappé et la montaison s’est faite en conditions correctes. Il y a eu une bonne compensation des pertes d’épis et de grain au moment du remplissage.» En blé tendre, Arvalis Tarn-Aveyron-Lot a constaté des rendements entre 30 et 85 quintaux. «Sur les sols superficiels qui n’ont pas pu être irrigués, il y a eu des pertes. Ce sera une année dans la moyenne au final. La protéine est à 12,5 et les PS autour de 76 en moyenne mais certains sont très bas.» Les agriculteurs qui pouvaient sécher et moissonner tôt ont limité la casse. Les rendements en blé dur sont très hétérogènes : de 35 à 65 quintaux. «La moyenne sera basse, sous les 50 quintaux, estime Eva Deschamps. Les protéines ont suivi mais les dernières parcelles parfois de germination sur pied et les temps de chute de Hagberg sont hétérogènes. Les pluies de fin de cycle n’ont pas aidé sur lla qualité.»

Réussites et déconvenues

Si certaines déceptions sont difficilement explicables chez les céréaliers qui avaient mis toutes les chances de leur côté, d’autres ont vu leurs efforts payer. «Les céréales qui ont rendu plus de 85 quintaux ont été bichonnées. Les insecticides ont été faits au bon moment et les parcelles ont bénéficié de la fertilisation pilotée, précise Eva Deschamps. L’incertitude climatique a pu pousser certains à réduire les apports d’azote. Il n’était pas facile de passer pour les rattrapages du désherbage. Mais les parcelles qui ont été irriguées à la montaison ont gagné environ 10 quintaux avec 30 mm et la protection insecticide puis le traitement contre la fusariose ont sécurisé la récolte.» Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que les cultures de printemps redonnent du lustre à la moisson 2021. 

Une année marquée par le retard et grain germé

Les fenêtres d’intervention des moissonneuses se sont raccourcies et même si dans le centre du département il n’y a pas de gros problèmes d’orniérages, «la moisson a une semaine de retard» selon l’entrepreneur de travaux agricoles Paul Mas. Dans son secteur, «le rendement moyen en orge est d’environ 60 quintaux avec des PS qui vont de 59 à 66. Les blés sont dans la moyenne à 50-60 quintaux et un PS de 71 à 78». Histoire de noircir le tableau, plusieurs parcelles ont «un gros souci de grain germé, y compris sur du blé debout. Il y en a aussi dans le colza», témoigne Paul Mas, qui a constaté que les meilleurs atteignent 40 quintaux quand les moins bons sont entre 20 et 25 quintaux.
Du côté de RAGT, Rémy Suau estime que les plaines du Tarn seront récoltées à 80-90 % en fin de semaine. Les orges et les blés sont autour de 60 quintaux de moyenne. «Les taux de protéines sont bons pour tous les grains. Mais on se dirige vers des valeurs du temps de chute de Hagberg catastrophiques pour les blés durs qui sont quasiment tous germés, alerte le responsable collecte. Techniquement, les pastiers ne peuvent pas faire de miracles avec cette qualité, seule
la semoulerie pourrait être une porte de sortie, sans aucune garantie à ce jour. Il est encore trop tôt pour connaitre le débouché final de ces blés
.» Certains blés tendres aussi sont germés, ce qui complique le travail dans les silos. Seul point de satisfaction : «les colzas qui feront une moyenne de 35-37 quintaux. Une bonne surprise pour une année où les dangers climatiques et ravageurs étaient présents
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