L’avenir de la filière laitière en débat lors de la session de la Chambre d’agriculture
Vendredi 18 novembre, la session de la Chambre d’agriculture du Tarn a permis de faire un zoom sur la filière laitière. Le nouveau préfet a assisté aux débats, au début de la réunion.
Après ces échanges, une table ronde consacrée à la filière laitière s’est déroulée en présence de producteurs tarnais venus témoigner ainsi que de Myriam Driessen, économiste, ancienne chargée de mission à la commission européenne sur les dossiers agricoles. Des modèles économiques différents avec des stratégies d’entreprise et des choix techniques assumés ont été présentés. André Ravaille installé sur la commune de Florentin depuis 1981, d’abord. Après un parcours compliqué notamment avec un abattage total du troupeau en 2000 suite à un cas d’ESB, André Ravaille a fait le choix audacieux de l’investissement avec l’arrivée de son fils sur l’exploitation. «Nous avons modernisé nos équipements avec un robot de traite et un bâtiment neuf avec logettes et matelas.» Interrogé sur sa stratégie, André Ravaille explique avoir choisi la complémentarité polyculture élevage. «Pour l’atelier laitier, nous avons décidé de nous orienter vers des animaux productifs, nous produisons 700 000 litres de lait avec en moyenne une soixantaine de vaches au robot. Pour diminuer les coûts de production, nous produisons l’alimentation du troupeau sur l’exploitation.» Sur les 207 ha de SAU, 152 ha sont en culture. «Je pratique le non-labour depuis 16 ans, il faut donc alterner l’assolement et pratiquer l’intercalage des cultures d’hiver et d’été grâce à l’irrigation.»
Jean-Baptiste Keruzec, quant à lui, a choisi un tout autre modèle. Breton d’origine, il a notamment travaillé pendant 5 ans au Service de remplacement dans le Finistère. Il s’est installé à Saint-Martin-Laguépie, en intégrant le Gaec de la Sigarié. Cette exploitation de 155 ha est en agriculture biologique depuis 1999. 130 ha de l’exploitation sont consacrés à la SFP et 25 ha en culture. On y retrouve deux ateliers : 35 vaches allaitantes de race Blonde d’Aquitaine et 37 vaches laitières de race Abondance. «à la base, nous voulions peu à peu arrêter la production de lait et nous consacrer à la viande» , explique Jean-Baptiste Keruzec, «Mais j’ai repris goût à ce qui était mon métier d’origine, produire du lait. En bio, on ne s’attend pas à atteindre une productivité record, il s’agit plutôt d’une approche par la patience, avec une vision globale sur l’exploitation. L’objectif est d’être autonome au maximum et d’augmenter la productivité par vache qui est de 4 300 l. / vache.» Ludovic Marlot, élu à la Chambre d’agriculture et producteur de lait, constate tout de même des points communs entre les deux systèmes, notamment une approche globale du système de l’exploitation, l’autonomie alimentaire pour l’atelier lait et le choix de cultures protéiques qui sont bénéfiques pour la production de lait et pour la culture suivante.
Myriam Driessen a ensuite confié son analyse. La filière laitière du Sud-ouest a encore des atouts à valoriser, cela est bien mis en évidence par les témoignages. Le savoir-faire des producteurs et des industriels peut permettre d’activer des leviers de développement. Selon elle, les opportunités se situent dans le mi-lieu de gamme par exemple, car ce sont des valorisations qui se situent dans un segment en progression et qui sont également exportables. Le bio a également le vent en poupe auprès des consommateurs. Une bonne carte à jouer pour les producteurs est l’image d’un produit de proximité, car le grand public est de plus en sensible et averti lorsqu’il fait ses achats. Dès lors, la difficulté résidera surtout dans le fait de répercuter la valeur ajoutée dans le portefeuille du producteur. Constat partagé par tous les participants de la table ronde.
D.Gasc
Retrouvez le point de vue de M. Driessen sur les perspectives du marché du lait dans l'édition en ligne
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