Producteurs
L’ail de Lautrec a souffert en 2022
Comme bon nombre de secteurs, la filière de l’ail a grandement souffert des conditions climatiques extrêmes de 2022. Reportage au sein de la coopérative Alinéa à Lautrec.
Comme bon nombre de secteurs, la filière de l’ail a grandement souffert des conditions climatiques extrêmes de 2022. Reportage au sein de la coopérative Alinéa à Lautrec.
“Habituellement ici, c’est rempli. Le changement est flagrant cette année”. Dans son bâtiment de stockage, Pierre-Louis Joqueviel, vice-président de la coopérative Alinéa à Lautrec, qui produit ail de consommation et ail de semence, ne peut que constater la baisse de production en cette année 2022 particulièrement difficile pour les agriculteurs. Sécheresse, manque d’eau, gel, les causes sont multiples et les conséquences connues. “Pour la production irriguée, on a eu 30 à 50% de pertes. Et pour la partie non irriguée, ça va jusqu’à 80% de pertes.” Entre 400 et 500 tonnes ont été récoltées cette année, contre 800 dans une saison normale. “C’est d’autant plus compliqué car on a eu une année 2021 aussi très difficile avec seulement 500 tonnes. Enchaîner deux saisons comme ça, c’est dur”, estime Pierre-Louis Joqueviel. La récolte se déroule à partir de fin juin jusqu’en juillet. La commercialisation débute à partir de fin juillet, après une période de trois semaines de séchage.
Un rendement plus faible
Autre conséquence de la chaleur, la taille de l’ail est plus petite et donc le rendement baisse. C’est toute une filière qui se retrouve de plus en plus menacée par le changement climatique. “Dans l’agriculture, il n’y a aucun produit qui s’en est sorti cette année. L’ail est en danger mais pas que lui”, ajoute Pierre-Louis Joqueviel.
Pour faire face au phénomène, les producteurs doivent s’adapter et modifier leurs pratiques. A commencer peut être par la date de plantation. “Habituellement, on plante du 1er décembre jusqu’à fin janvier. Mais maintenant, on réfléchit à avancer cette date, pour anticiper l’arrivée des fortes chaleurs ou du gel.” L’ail de semence est par ailleurs également touché par cette situation tendue puisque la coopérative enregistre une baisse de production sur ce produit.
Le vice-président estime également que l’enjeu de l’eau est primordial pour la filière : “on a un gros manque d’accès à l’eau. Il faut revoir les conditions d'irrigation pour permettre à tout le monde de s’en sortir. Il faut aussi que l’Etat apporte son soutien au secteur pour nous aider à survivre, car la situation économique est très tendue pour la majorité des producteurs.” Les clients ont également un rôle important à jouer : “il faut que les gens continuent à jouer le jeu en consommant de l’ail local et français. C’est important de soutenir la filière.”
Au sein de la coopérative, la commercialisation des plateaux, grappes ou filets trois têtes se poursuit, avec un prix du produit légèrement supérieur. Mais avec la baisse de rendement, les stocks seront bientôt écoulés, alors que la commercialisation dure habituellement jusqu’en décembre.
La coopérative Alinéa
> Top Semence, filiale d’Alinéa, commercialise l’ensemble des produits : 60% auprès de la grande distribution, 20% auprès des grossistes et le reste à l’industrie et l’export
> 150 adhérents, soit environ plus de 200 agriculteurs
> 15 salariés en CDI, et une cinquantaine de saisonniers : deuxième employeur de la commune.