L’agroforesterie au quotidien : un exemple au Gaec de la Bourdarié à Puygouzon
Le Gaec de la Bourdarié a redonné une place de choix à l’arbre champêtre avec la plantation de plus de 4000 arbres et arbustes. Ces plantations se sont concrétisées par la mise en place du 1er dispositif agroforestier sur Tarn.
Au total, sur la SAU du Gaec de la Bourdarié à Puygouzon, ce sont 6 ha de prairies qui ont été reboisés et nous avons rencontré André Paulin pour nous parler d’arbres et d’agroforesterie.
Depuis plus de 20 ans, l’arbre fait partie intégrante de la vie du Gaec, parlez-nous de votre démarche et des éléments qui vous ont emmené à porter votre regard sur l’arbre champêtre ?
André Paulin : « Créé en 1974 avec mon père, le Gaec a intégré mes deux frères, respectivement en 1979 puis 1986. Nous sommes installés en bovin lait avec une conversion en agriculture biologique en 1993. Ce changement de pratiques s’est imposé à nous très rapidement et nous étions tous convaincus d’être dans un système plus en accord avec nos convictions. Au niveau foncier, la commune a subi un remembrement en 1962 et nous avions à l’époque une vision positive de cet aménagement. Il devait nous permettre de produire plus et mieux mais très vite, ma perception du paysage a changé, mon environnement familier m’est apparu comme un véritable désert et de nouvelles problématiques ont vu le jour (effondrements de talus, problèmes d’érosion). En outre, en observant nos sols, nous nous sommes rendus compte qu’à l’emplacement des haies arrachées, les cultures étaient «plus belles». L’arbre jouait donc bien un rôle dans la fertilité des sols et l'amélioration des rendements. La décision a donc été prise de réaliser les premières plantations de haies en 1992. »
Planter des arbres au milieu des parcelles n’est pas anodin, comment cette décision a été prise ?
A.P. : « Nous avions beaucoup de recul sur notre système de production et l’idée générale était d’associer l’arbre à notre production. Je me suis beaucoup documenté, l’agroforesterie s’inscrivait dans la suite logique de notre démarche. Au départ, l’idée générale était d’apporter sur des prairies, une plus-value pour le bien-être des animaux mais j’ai également la conviction que ces arbres vont jouer un rôle important en terme de biodiversité et notamment de soutien aux auxiliaires de culture par la présence d’une bande enherbée sur mes lignes de plantations. L’objectif est de reproduire au maximum le fonctionnement de l’écosystème forestier en combinant amélioration de la structure des sols et production de biomasse. On est au cœur des bénéfices agro-écologiques de l’arbre sur nos productions. »
Une fois la décision de mettre en place des parcelles agroforestières, vous avez dû mettre en place un itinéraire technique spécifique, parlez-nous de la mise en œuvre du projet ?
A.P. : «La gestion de l’arbre a été oubliée par bon nombre de générations d’agriculteurs et l’agroforesterie demande une technicité particulière. Fort heureuse- ment, nous avions l’expérience de la plantation de haies et la question technique la plus urgente à résoudre a été la mise en défend des arbres. Associer des arbres et des vaches n’est pas chose aisée mais j’ai trouvé un bon compromis avec la pose d’une clôture électrique et de filets de protection individuelle contre les dégâts du petit gibier. Une fois les arbres en place, il faut une certaine technicité pour la taille et l’entretien. Se servir du sécateur n’est pas anodin et l’on doit connaître quelques règles simples de physiologie des arbres avant de tailler. »
Justement, que représente en temps le suivi de vos plantations, l’agroforesterie représente-t-elle une grosse charge de travail ?
A.P. : «Avant de parler de charge de travail ou de contrainte, on doit revenir à la notion de plaisir. Au-delà des 3 ou 4 jours de travail par an sur mes parcelles, j’ai la conviction que j’apporte une plus-value agronomique sur l’exploitation. Progressivement, j’ai intégré ces activités dans mon temps de travail et mes frères en ont pris conscience et c’est devenu mon domaine d'intervention au sein du Gaec. Je me fais également un devoir de parler de ma démarche et d’accueillir par exemple des groupes d’agriculteurs ou d’élèves car j’ai conscience de tout le travail de sensibilisation qu'il reste à mener auprès des jeunes générations pour redonner à l’arbre, une place de choix dans nos productions.»
S. CHENU (CA81)
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