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Bovin lait
Lactalis souffle sur les braises de la colère agricole

Le groupe veut réduire progressivement sa collecte de lait sur le territoire. Un affront pour les éleveurs français et tarnais, qui s'inquiètent pour l’avenir de la filière.

© Réussir

Dans un communiqué de presse publié le 26 septembre, le groupe Lactalis annonce vouloir réduire ses volumes de collecte de 450 millions de litres de lait d’ici 2023, soit plus de 8% de la collecte de la laiterie en France (5,1 milliards de litres). “La nécessité de se recentrer sur les produits de grande consommation français, mieux valorisés car moins sujets aux aléas des marchés mondiaux, implique de réduire la part du lait qui est collecté pour être transformé en ingrédients industriels destinés aux marchés internationaux”, indique le groupe. Dans son communiqué, Lactalis s’engage à une réduction des volumes progressive, de 2024 à 2030. La première étape de réduction, de l’ordre de 320 millions de litres, concernera les zones Est et sud Pays de la Loire à horizon 2026 (160 millions de litres), ainsi que le non-renouvellement d’un contrat avec une coopérative d’ici 2030 (160 millions de litres). “La seconde étape portera sur des volumes équivalents à 130 millions de litres et prendra notamment en compte l’évolution des marchés et de la collecte laitière dans son ensemble”, précise également le communiqué. “L’annonce est une déflagration pour le milieu laitier”, a réagi le lendemain le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, sur France info. “Quand vous êtes collectés par le numéro 1 mondial, vous avez le sentiment que vous êtes avec quelqu’un de solide et pourtant il y a des marchés mondiaux”, a-t-il souligné. “Pour nous, l’enjeu est de s’assurer que les producteurs de lait continueront à trouver quelqu’un qui leur collecte le lait”, a affirmé le patron du syndicat majoritaire.

"Cela remet en cause tous nos projets"

Dans le Tarn, l’annonce a fait l’effet d’un choc pour les éleveurs du département. Cyril Bousquet est éleveur de bovins lait sur la commune de Sérénac et président de la section bovin lait de la FDSEA du Tarn. Même si le département n’est pour le moment pas concerné par les réductions, l’éleveur voit ces annonces comme une menace pour la filière française : “on vit ça comme un cataclysme. Beaucoup d’entre nous ont eu un réveil difficile en découvrant ce communiqué. Plus de 270 éleveurs sont ciblés dans les régions concernées, beaucoup vont rester sur le bord de la route car ils n’auront pas d’autres solutions de repli. On se sent aussi concerné car cela pourrait arriver chez nous rapidement. Cela remet en cause tous nos projets, mais aussi l’installation de jeunes dans la filière et la crédibilité de Lactalis. La période est plus qu’incertaine pour les éleveurs laitiers.” Face à la menace, quelles solutions possibles pour les éleveurs ? “Si jamais nos contrats avec Lactalis s’arrêtent, Sodiaal, le deuxième collecteur chez nous, ne pourra pas reprendre tout le monde, c’est certain, admet Cyril, il faudra peut être réfléchir à fonctionner sans les laiteries et partir sur de la vente directe par exemple, mais c’est une charge de travail importante.” Serge Dalmières est lui aussi éleveur laitier, sur la commune de Bournazel, et président de l’OP laitière de Montauban, qui adhère à l’UNELL (union nationale des éleveurs livreurs Lactalis). Comme bon nombre de ses collègues, il a été frappé par l’annonce : “j’étais en réunion à Paris la semaine passée avec l’UNELL et lorsque Lactalis nous a indiqué vouloir réduire ses volumes, on a été très surpris, surtout que le groupe a clairement dit que le plan n’était pas négociable. C’est très inquiétant pour notre filière. On voit que les dirigeants gèrent une entreprise et que les éleveurs n’ont pas un nom mais plutôt un numéro. L’humain n’est pas pris en compte.” Après l’Est et le sud des Pays de la Loire, il s’inquiète aussi de voir les régions du sud touchées par la réduction des collectes : “Lactalis parle d’une seconde réduction de 130 millions de litres mais on ne sait pas vraiment qui ça concerne. Je ne serais pas étonné que plusieurs éleveurs du sud-ouest soient touchés, ça les inquiètent fortement, comme l’ensemble des éleveurs laitiers du territoire. Cela ne va pas encourager les jeunes à s’installer.”

L’élevage bovin lait en Occitanie (source Agriscopie édition 2023, données 2022) 

  • 117 548 vaches laitières, soit 3% du cheptel national 
  • 3 001 exploitations ayant au moins 5 vaches laitières 
  • 376 exploitations certifiés AB ou en cours de conversion 
  • 615 millions de litres produits, soit 2.6% de la production nationale dont 97% sont livrés à l’industrie 
  • 305 M€ de valeur produite, soit 4% du produit agricole d’Occitanie
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