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La conversion au bio : un challenge et une voie vers l'autonomie

Produire du lait de manière la plus économique possible et viser l'autonomie protéique et une qualité optimale des fourrages : les principaux objectifs de Frédéric Massié au Gaec des Liguiès à Valdériès en conversion bio depuis 2016.

© Chambre d'Agriculture

Frédéric Massié est installé en Gaec avec ses parents depuis 1997, à Valdériès. Cet éleveur passionné de génétique aime «que ses vaches produisent du lait». Ses 79 vaches laitières Prim'Holstein en ont produit près de 652 000 litres en 2015. Avant la conversion, l'exploitation comptait 86 ha de SAU, répartis en 14 ha de céréales, 15 ha de maïs ensilage (irrigables), 22 ha de prairies temporaires (dont 14 ha en luzerne) et 27 ha de prairies permanentes, soit un chargement de 1.8 UGB / ha SFP.

Autonomie : le déclic

Si la conversion en bio date de 2016, les changements opérés sur le système démarrent dès 2008, avec les TCS puis le semis direct. «J'ai pris conscience que nos systèmes traditionnels basés sur le ray grass/maïs n'étaient pas durables.» Frédéric Massié se forme alors sur l’agriculture de conservation en 2012, puis sur le pâturage tournant en 2014, mis en pratique dès 2015. «Je me suis rendu compte de l'importance de mieux valoriser l'herbe. Je pouvais réussir à être productif tout en restant simple, grâce à une bonne gestion du pâturage !".

Fin 2015, l'éleveur prolonge sa réflexion autour de l'autonomie en participant à une formation sur la conversion en bio. Elle se concrétise en mai 2016 par le passage des terres en AB dans un premier temps, sans changement important «car mes pratiques étaient déjà proches de la bio» précise l'éleveur. La production de fourrages riches en légumineuses est déjà un des piliers de l'exploitation. Avant la conversion, le système fourrager repose sur des luzernes, des dérobées riches en protéines et du maïs épi ensilé. Dès l'automne 2015, l’éleveur met en place des prairies temporaires multi-espèces pour la pâture. Objectif : augmenter la surface en herbe, qui devrait représenter jusqu'à 75 % de la SAU d'ici 2018. La surface en luzerne va être doublée, la surface en maïs réduite à 10 ha et les méteils vont remplacer les céréales en pur «pour économiser une part d'achat de correcteur azoté».

Anticiper et y aller par étapes

Après la conversion des terres, c'est au tour du troupeau en juillet 2017. Le choix de la conversion non simultanée a permis «d'y aller en douceur». «Se préparer en faisant évoluer l'assolement deux ans avant la conversion, c'est un objectif important à garder en tête, estime Frédéric Massié. «L'idée, c'est d'y aller petit à petit en tenant compte de ses contraintes de sol et de climat. Mon objectif aujourd'hui, c'est d'avoir un résultat à la fin du mois. Je porte moins d'attention à la baisse des volumes grâce à la valorisation du lait bio. Les engrais et les concentrés non achetés, c'est la première économie !», résume l’éleveur.

Des opportunités de marché en lait bio

«Ce qui m'a décidé à passer le cap, c'est de mieux valoriser mon lait et d'avoir une sécurité sur le prix», précise Frédéric. Si la situation financière de l'exploitation est saine avant d'engager la conversion, l'éleveur estime important de simuler le passage à la bio ; l'étude réalisée montre un résultat similaire au conventionnel, avec un revenu «beaucoup plus régulier».

Les changements opérés depuis l'étude confirment les prévisions : «Finalement, la situation aujourd'hui est meilleure car nous avions pris une marge de sécurité. Et la prime attribuée par la laiterie constitue une aide non négligeable pour passer le cap».

La bio, un challenge technique

«Le changement ne me fait pas peur. Au contraire, j'aime le challenge technique, c'est ce qui me motive !» s'enthousiasme Frédéric Massié. «Aujourd'hui, je cherche à être de plus en plus performant dans l'autonomie et la qualité des fourrages en jouant sur plusieurs leviers.» Dès cet automne, des mélanges prairiaux suisses «plus équilibrés et plus appétents» vont être implantés. Un séchage en grange est également envisagé d'ici à deux ans. Son objectif ? Aller vers un système tout foin, avec à la clé, une simplification du travail et une organisation plus étalée dans le temps, des aspects délicats aujourd'hui sur l'exploitation avec le départ en retraite de ses parents. «Si j'arrive à produire du très bon foin d'ici deux ans, je n'aurais plus besoin d'ensiler et ni d'acheter de concentré. Et pourquoi ne pas valoriser une partie de mon lait en direct pour répondre à la demande de mon entourage ?».

Et l'éleveur de conclure : «Il ne faut pas avoir peur de passer en bio, mais il faut le préparer. Les échanges nombreux entre éleveurs rassurent... Ça peut donner l'image d'un retour en arrière, mais ça n'est pas vrai car la bio nécessite d'être très bon techniquement».

S.C. (Chambre d'Agriculture du Tarn)


Retrouvez l'intégralité du dossier lait bio dans l'édition en ligne

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