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Jessica, de la boulangerie... à la bergerie

Jessica Manu a rejoint sa mère au Gaec de l'Étoile du Berger à Caucalières. Elles gèrent un troupeau de 680 brebis et se sont lancées dans le tourisme à la ferme.

Si elle côtoie les brebis depuis son enfance et qu’elle obtient un bac STAV au lycée agricole de Touscayrats, Jessica Manu s’oriente d’abord vers d’autres voies. Elle suit brièvement un BTS management des unités commerciales mais très vite préfère travailler. D’abord à Argelès-sur-Mer, elle exerce en tant que vendeuse de prêt-à-porter puis elle rejoint une boulangerie à Pont-de-Larn pendant quatre ans et demi. «J’aime beaucoup le relationnel et la vente», confie Jessica Manu, qui ne se voyait pas changer de voie «aussi vite». C’est un concours de circonstances qui l’ont ramenée vers l’exploitation familiale.

Une transmission de mère en fille

La propriété familiale appartient aux grands-parents. A la suite du décès soudain du grand-père, la mère, Marie-Christine, rejoint l’exploitation en 2012. «Elle a commencé à faire de la vente directe ; c’était compliqué de tout faire seule. Je lui ai donné un coup de main en réalisant des flyers et je me suis intéressée de plus près à l’exploitation. Avoir plus de 600 brebis seule, ce n’était pas humain! J’ai donc décidé de prendre mon courage à deux mains et de l’aider. J’avoue que je ne voyais pas le patrimoine familial s’arrêter là», raconte la co-gérante. Jessica Manu incarne donc la troisième génération d’éleveuses au Gaec de l’étoile du berger. Travailler avec sa mère, elle trouve cela enrichissant. «On n’a pas toujours les mêmes idées, on n’est pas de la même génération. Cela permet de se concerter et d’opter pour la meilleure idée. Ni l’une ni l’autre ne sommes têtues. J’estime que ma mère a plus d’expérience, je suis à l’écoute de ce qu’elle dit. Si je pense qu’une idée est plus pratique, je n’hésite pas à la donner; à elle de trancher», explique Jessica Manu. De plus, comme Marie-Christine devrait encore travailler au domaine pendant une dizaine d’années, cela permettra à sa fille d’apprendre, de profiter de son expérience, un moyen d’assurer la transition en douceur.

La préservation de la brebis rouge du Roussillon

Les 680 brebis font partie d’une race spéciale qui fut jadis menacée, la brebis Rouge du Roussillon. C’est pour la préserver que mère et fille ont adhéré à l’association Upra Lacaune. Cette race très rustique s’adapte particulièrement bien au Causse où le terrain est calcaire, caillouteux et le sol pauvre. Sur les 187 hectares que compte la propriété, seuls 50 sont cultivés pour les bêtes. «On persévère malgré la pauvreté du sol. On arrive à produire de l’avoine immature, du sorgho fourrager, de la luzerne et du sainfoin», explique l’agricultrice. Pour prendre soin des brebis, elle suit le conseil de son grand-père consistant à se mettre à leur place. «Cela peut paraître bizarre mais en réalité j’y pense à chaque fois que je m’occupe d’une bête, il avait totalement raison !». Cela passe par le fait de leur donner à manger dans un endroit propre, de leur nettoyer l’abreuvoir, de leur servir de l’eau claire ou encore de rapprocher un agneau blessé de sa mère au lieu de le laisser courir dans un enclos beaucoup trop vaste et peuplé. «Ce sont des détails mais ils sont hyper importants au quotidien», ajoute la jeune femme.

Le tourisme à la ferme : un débouché et un lien direct avec les visiteurs

Au-delà des brebis, le projet d’installation de Jessica passe par un autre volet, le tourisme à la ferme. Il s’agit à la fois d’un complément de revenu et d’une manière de cultiver le contact direct avec les visiteurs. «Plutôt axée sur les yourtes, ma mère voulait, elle aussi, créer un projet d’hébergement à la ferme. Je préférais les bulles car j’ai toujours été passionnée par les étoiles. Sur le Causse, grâce à l’absence de pollution lumineuse, on les voit très bien», précise la co-gérante. Après un échange avec l’office de tourisme, confirmant que la demande touristique est importante, la décision est prise de créer deux bulles. La première reçoit des visiteurs depuis 3 mois, la deuxième est en cours de finalisation. Mère et fille espèrent générer, grâce à ces deux hébergements insolites, confortables et accueillants, un complément de revenu. C’est aussi une façon d’ouvrir la ferme au public et de faire connaître la vente directe. Classée Natura 2000, l’exploitation propose aussi des visites à la ferme tout au long de l’année. «Avec l’office de tourisme de Castres Mazamet nous organisons tous les 15 jours et pendant les vacances scolaires, des visites de groupe. Selon la période de l’année, je montre aux visiteurs la tété des petits au biberon ou je leur apprends à reconnaître des plantes aromatiques naturellement présentes sur le Causse. Les gens repartent avec leur bouquet composé de thym, d’origan ou d’autres espèces du moment», raconte Jessica Manu avec enthousiasme.

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