FDSEA et JA de Midi-Pyrénées dénoncent «l’esclavagisme moderne»
Mobilisés pendant trois jours, les FDSEA et les JA du Tarn-et-Garonne, du Gers, du Tarn et de Haute-Garonne se sont relayés sur la plateforme logistique Intermarché de Montauban et ont bloqué l’usine Lactalis à Bressols.
«Depuis des mois la FRSEA Midi Pyrénées porte les problématiques des agriculteurs, revendique en proposant des solutions, manifeste. Face au manque de revenu pour les producteurs, les actions syndicales de notre réseau ont repris depuis quelques semaines dans plusieurs régions de France.» Le communiqué de la FRSEA Midi-Pyrénées diffusé à la fin de la mobilisation, le 4 février dernier, explique point par point, les raisons de la colère, qui s’exprime depuis plusieurs mois et plus précisément depuis quelques semaines partout en France.
La FRSEA Midi-Pyrénées a lancé une mobilisation collective de ses 8 FDSEA le mardi 2 février sur Montauban. En bloquant en continu l'accès à la plateforme logistique de Montauban, les adhérents FDSEA des départements de Midi-Pyrénées ont alerté sur l'impossibilité pour les producteurs de répercuter les coûts de production sur leurs prix de vente. «De nombreuses productions vendent aujourd'hui à perte ! C'est de l'esclavagisme moderne. Inacceptable. Insupportable !»
40 tarnais présents sur place
Une quarantaine de tarnais se sont mobilisés et se sont rendus sur place, le mercredi 3 février à partir de 11h30. Une trentaine d’agriculteurs tarnaissont restés à la plateforme d’Intermarché pendant qu’une dizaine de Jeunes Agriculteurs rejoignaient le point de blocage de l’usine Lactalis à Bressols. Les derniers tarnais sont partis vers 9h30 le lendemain matin laissant place aux agriculteurs venus du Gers.
La nuit de mobilisation des tarnais a été rythmée par la vérification des camions et la réquisition des produits laitiers qui ont été remis gratuitement aux automobilistes qui passaient sur la D820, devant le site de la plateforme. Les produits carnés avec une origine non française ont également été réquisitionnés.
«Par cette action d'envergure, nous avons mis la distribution et les industriels face à leurs responsabilités. Les retombées médiatiques, direct sur les chaînes d'info, les chaînes nationales et régionales ont été nombreuses et auront pesé pour contrecarrer le rapport de force inégal entre les producteurs et les acteurs de l'aval de nos filières.»
Les barrages levés le 4 février
Le mot d’ordre de lever les barrages ont été donnés le 4 février. «Nous levons aujourd'hui le barrage en restants lucides et extrêmement vigilants sur les négociations commerciales en cours, qui doivent conduire à un meilleur partage des marges. Nous ne lâcherons rien sur la question des prix.»
Les FDSEA de Midi-Pyrénées restent déterminés à reprendre le chemin des actions syndicales si les acteurs économiques ne jouent pas le jeu. «La survie de nos exploitations en dépend. Nous remercions enfin ceux qui ont contribué à la réussite de cette nouvelle démonstration de notre détermination syndicale» conclue la FRSEA Midi-Pyrénées.
« L’essentiel n’est pas dans Lactel ! »
Dominique Coutal, présidente de l’association des producteurs de lait Solaisud réagit à la situation actuelle : «Alors que nos exploitations laitières sont dans des situations économiques critiquent avec un prix du lait payé qui ne couvre plus nos charges depuis plusieurs mois, l’entreprise Lactalis, zone de Montauban, a payé en janvier 0,27€/l, quand il en faudrait au minimum 0,36€/l, et qui plus est, un prix en dessous de ceux pratiqués par les autres acheteurs de la région alors même que viennent de débuter les négociations commerciales sur les produits de marques entre les transformateurs et les distributeurs. Chercher l’erreur ?! Et l’horizon ne semble pas s’éclaircir malgré des propositions concrètes faites par l’organisation de producteurs Solaisud à l’entreprise pour limiter cette volatilité des prix et accompagner les producteurs dans cette période de crise »
Un vrai prix !
Dominique Coutal poursuit : «On ne peut pas avoir une double peine : restriction des volumes avec un prix dépendant des cours mondiaux ! La gestion des marchés laitiers ne doit pas se faire exclusivement sur notre dos. Ceci est d’autant plus vrai pour nous dans le bassin sud-ouest car aujourd’hui notre approvisionnement local ne représente qu’environ 60% de la capacité de transformation de l’usine de Montauban. Or pour maintenir et conforter l’approvisionnement de l’usine, il faut un prix équitable et surtout accompagner les installations. Malheureusement aujourd’hui nous sommes très inquiets car non seulement aucunes discussions sur l’évolution de la formule du prix menées par l’APLS, ou toutes autres OP Lactalis, avec l’entreprise n’ont pu avancer à ce jour. Mais en plus, dans notre zone de collecte sud-ouest, l’entreprise a refusé de s’engager à collecter 2 nouveaux producteurs (dont un JA) qui souhaitent s’installer en 2017, préférant faire descendre des camions de lait de l’Ouest ! Où est la stratégie à long terme de l’entreprise ? Malheureusement nous sommes forcés de constater qu’il n’y en a pas, si ce n’est de profiter du contexte mondial pour nous payer le moins cher possible, sans tenir compte de notre maîtrise des volumes et de la qualité de notre lait dont il se sert pour valoriser ses produits, et ainsi conquérir des parts de marchés et maximiser ses profits au détriment de l’essentiel c’est-à-dire notre avenir et celui de toute la filière.»
Aujourd’hui ces stratégies du «moins disant» ou du «qui est le moins cher ?» dénoncés par Solaisud, sont dévastatrices pour les éleveurs et l’absence de stratégie économique vis-à-vis des producteurs de lait est inacceptable. «Le prix du lait à la production ne peut pas être la seule variable d’ajustement de l’entreprise. Si l'on souhaite un avenir pour le lait à Montauban, il faudra changer les règles du jeu et accepter que notre lait ait un vrai prix qui doit être pris en compte tout au long de la chaîne alimentaire !».
A.RENAULT
(Source FRSEA Midi-Pyrénées et Solaisud)
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