Élevage
FDO81 : attirer des jeunes, repousser le loup
La question du loup et celle du renouvellement des générations ont donné du fil à retordre à la Fédération départementale ovine du Tarn, réunie en assemblée générale vendredi dernier.
La question du loup et celle du renouvellement des générations ont donné du fil à retordre à la Fédération départementale ovine du Tarn, réunie en assemblée générale vendredi dernier.
La FDO 81 est plus que jamais mobilisée pour l’avenir de la production ovine, tout en restant préoccupée par les problématiques d’actualité auxquelles elle doit faire face (prédation, sanitaire…). Ces différents sujets ont pu être longuement abordés au cours de la réunion, organisée sur la commune de Montredon-Labessonnié. Après une présentation du compte de résultats, Anne-Julie Métivier, animatrice, a rapidement fait un point sur les effectifs : “Parmi les 1200 adhérents à la FDO, il ne faut pas oublier qu’il y a des éleveurs caprins. Cela nous permet de mettre à disposition du matériel qu’on utilise en commun.” Aussi, il est important de souligner que le conseil d’administration de l’OPA, renouvelable, a fait le choix de prolonger l'aventure pour 3 ans de plus.
L'installation, le grand défi
Ce n’est évidemment pas une problématique propre à la production ovine, mais comme l’a clairement exprimé Emile Fabries, co-président de la FDO, “il y a des choses qui nous unissent tous.” Une réflexion de groupe a été portée sur ce sujet qui, on l’a senti, tenait à cœur l'ensemble de la salle. Un frein à l’installation à été constaté : “Trop d’attente pour les résultats de dossiers à l’installation.” Et ce n’est pas une surprise lorsqu’on énumère les revendications portées en ces temps de mobilisations nationales. Avant d’évoquer l’actualité de la filière, l’AG a permis à de nouveaux installés de raconter leurs débuts, et les difficultés qu’ils ont pu rencontrer (voir ci-dessous).
Le loup : un prédateur difficile à cerner
Voire quasiment impossible même, si l’on se fie à toutes les prises de paroles recensées. Quatre loups mâles sont identifiés génétiquement sur le département. Et ce sont tout d’abord les pièges photos qui ont été évoqués par Jérôme Redoulès : “Il nous faut plus de remontées à ce niveau-là, pour connaître leur utilité. Sont-ils bien placés ? Voit-on le prédateur ? Il nous faut des retours, même si le loup n’est pas présent sur les images”, précise-t-il, avant d’annoncer que le préfet du Tarn se déplacera le 19 février prochain sur une exploitation pour soulever cette problématique. Le loup inquiète, surtout que les informations à son égard se font rares. «On a des autorisations de tir (23 éleveurs) mais on ne le voit jamais au bon moment ! Ça fait 30 ans que je me bagarre avec lui…», exprime un éleveur. En 2023, 13 constats de dommages ont été classés “LNE” (Loup non écarté). Pour essayer d’anticiper cela, un groupe Whatsapp a été créé entre certains éleveurs du Tarn et des départements limitrophes, “pour indiquer les attaques, et prévenir les autres éleveurs à proximité.” Il existe aussi l’aide à la protection des troupeaux (chiens, parcs électrifiés, surveillance renforcée), qui permet aux éleveurs de bénéficier d’une aide en fonction de leur situation géographique. Une bonne chose dans le fond, qui ne fait pour autant pas l'unanimité dans la forme : “La lourdeur administrative est énorme, vraiment”, “C’est une sacré usine à gaz », «Je ne sais plus où j’en suis. J’ai sérieusement besoin d’aide”, a-t-on pu entendre dans l’assemblée. Un point d’amélioration à faire remonter donc : “simplifier les différents dossiers”, rapporte Émile Fabries.
Enfin, un point sanitaire s’imposait. Vis-à-vis de la FCO et de la MHE, Anne-Julie Métivier en appelle à la vigilance des éleveurs : “Les maladies continuent à progresser, on recense de nouveaux cas toutes les semaines. Vacciner est le seul moyen de protection contre les maladies”, assure-t-elle. C’est alors sur cet ultime sujet que s’est clôturée l’assemblée générale annuelle de la FDO, marquée par une participation franchement active du public présent dans la salle ce jour-là.
Les nouveaux installés témoignent...
Carine s'est installée en janvier 2022 sur la commune de Dénat : “Moi c’est une reconversion. Je suis aujourd’hui en agriculture biologique avec l’objectif d’atteindre 150 brebis cette année. Côté positif, je me suis sentie hyper soutenue par l’EDE, que ce soit sur le plan technique ou administratif. J’ai également pu échanger avec des paysans qui ont de la bouteille, c’est top ! Par rapport à mon installation, ce que je pourrais dire, c’est que j’avais peut-être pas mesuré l’importance de l’aménagement des bâtiments et la pénibilité de travail du métier. Aussi, j'ai toujours ce sentiment d’insécurité par rapport au pouvoir administratif.”
Julien Duquesnoy s’est installé en octobre 2021 sur la commune de Terre-de-Bancalié : "J’ai aujourd’hui un troupeau de 300 brebis laitières, et un coût à l’installation qui approche du million d’euros. Côté positif : on s’est très très vite adaptés. On a vite été considérés comme des locaux par les voisins et l’ensemble de la profession. Les enfants se sont aussi très vite adaptés à l’école, et on voit qu’il y a de grosses qualités dans le Tarn pour s’installer. Le prix de reprise du lait est à peu près connu à l’avance, et ce sont ces qualités là qui permettront de toucher les jeunes. Par contre, à l’installation, il faut essayer de faire abstraction de tout ce qu’implique l’administratif. Quoi qu’on dise, les aides, c’est une complication monstre. Je pourrais presque affirmer qu’avec le recul, la DJA, je ne la prendrais pas…”
Pierre Fontaynes s’est installé fin 2021 sur la commune de Saint-Paul-Cap-de-Joux : “Nous sommes 3 UTH sur l’exploitation. Nous avons créé une bergerie en 2022 puis accueilli 230 brebis viande en suite. Les problèmes à l’installation ont été uniquement sur le plan sanitaire, mais depuis, tout est rentré dans l’ordre. Et comme Julien, je confirme que la DJA, c’est une montagne de paperasses.”