Dans un rapport publié le 22 mai, la Cour des comptes préconise de réduire le cheptel français, dont le bilan de son élevage serait trop défavorable au climat (voir notre édition du 25 mai). Face à ces annonces, les agriculteurs et éleveurs tarnais se sentent menacés et ont souhaité exprimer leur mécontentement le mercredi 24 mai devant la préfecture du Tarn à Albi, à l’appel de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs. Vers 20h, ils étaient une centaine d'adhérents des deux syndicats à s’être réunis devant les grilles de la préfecture, accompagnés des tracteurs porte-drapeau et d’une grande bâche accrochée aux grilles sur laquelle était inscrit “chacun son métier et les vaches seront bien gardées !”. Les représentants des syndicats ont été reçus par le directeur du cabinet du préfet. L’occasion pour les agriculteurs d’exprimer leur mécontentement. À l’issue de l’échange, les discours se sont succédé dans la rue, où la nécessité de continuer à défendre les éleveurs tarnais s’est faite grandement ressentir. Le tout sous un ciel sombre et menaçant, à l’image de l’avenir de la fi lière bovine française selon la Cour des comptes…
Ils ont dit...
Christopher Régis, président des Jeunes Agriculteurs du Tarn : “Tout le monde a eu la surprise de voir la Cour des comptes sortir cette aberration. Il est clairement dit qu’il faut baisser le cheptel français des bovins. On nous tape encore une fois dessus donc on a clairement voulu avec les collègues de la FDSEA faire une action pour dire qu'on n'était absolument pas d’accord. L’agriculture et les éleveurs tarnais se doivent d’être respectés. On est contre cette mesure et qu’on soit éleveur, céréalier ou autre, tout le monde est d’accord avec ça. Il y a un an ou pendant le covid, on nous disait qu’il fallait produire parce que c’était important et là on nous sort un texte fait dans les bureaux à Paris qui nous dit qu’on doit baisser notre cheptel parce que ça pollue. Le directeur de cabinet du préfet qui nous a reçus comprend notre colère, il est entièrement d’accord avec nous. Le ministre de l’Agriculture a aussi réagi et sa réponse est plutôt positive également. Il dit qu’il ne faut pas toucher à nos éleveurs et nos élevages.”
Frédéric Florenchie, co-président de la FDSEA du Tarn : “L’inquiétude que l’on a, c’est que cela vise le deuxième pilier de la PAC qui nous concerne au niveau de l’élevage tarnais. Il faudra être vigilant pour la prochaine réforme de la PAC. Lors de notre rencontre avec le cabinet du préfet, on a souligné que l’agriculture dans ce département, c’est la première économie et au niveau de la région, c’est le premier employeur. Le Conseil départemental nous a aussi apporté son soutien. Ils comprennent notre démarche. À l’inverse, on a aussi évoqué avec le cabinet du préfet la visite de Bruno Le Maire, ancien ministre de l’Agriculture, dans une usine de viande artifi cielle, où il s’est félicité que c’était le devenir de l’alimentation française.”
Cédric Vaute, secrétaire général de la FDSEA du Tarn : “Il y a un constat qui est fait, que le monde de l’élevage va mal, que les gens n’en vivent pas. Et la conclusion en deux lignes, c’est d’arrêter complètement l’élevage. Aujourd’hui, dans la consommation de viande bovine en France, 20% vient de l’étranger. Ce n’est pas en baissant le nombre de vaches qu’on arrêtera de faire consommer de la viande. Les gens iront acheter de la viande étrangère et nous on aura perdu notre valeur ajoutée, on aura perdu la vie dans les territoires, on aura tout perdu. Le but de notre rencontre ce soir est de rétablir la vérité sur l’élevage et l’agriculture française, avec une agriculture qui stocke du carbone, qui apporte de la vie sur les territoires, qui fait vivre et nourrit la population.”
Christophe Rieunau, secrétaire général de la FDSEA du Tarn : “Quand on choisit ce métier, on choisit la nature et l’environnement. On ne le fait pas si on aime pas ça. On a conscience du changement climatique et on sera les premiers à mettre en place les dispositions pour lutter contre ça. Et on a des armes. Ces armes pour les éleveurs, ce sont les prairies, l’herbe, les endroits où l’on vit. Et ce sont des gens dans les bureaux à Paris qui veulent se servir de nous pour faire de la démagogie. On est venu pour leur dire stop. Dès maintenant, on va être debout pour se défendre, c’est l’enjeu.”