Céréales

Bilan mitigé pour les moissons dans le Tarn

Dans le Tarn, les moissons sont en train de se terminer. L’heure de se plonger dans les résultats de cette nouvelle campagne, marquée par une météo excessivement pluvieuse et des chantiers retardés. Pour la Chambre d’agriculture du Tarn, les conseillers grandes cultures annoncent une récolte “moins morose que ce que l’on entend dans le reste de la France”. “L’année en blé tendre est correcte. On est souvent entre 55 et 60 quintaux à l’hectare, avec des écarts allant de 40 à 90 quintaux, indique Ghislain Perdrieux, la météo a eu un fort impact, avec des excès d’eau (fort gradient du nord au sud qui explique en partie les écarts de rendement 2024), des gelées tardives et une douceur hivernale qui a été favorable au développement de viroses sur blé. Le poids spécifique s’est dégradé au fil des épisodes pluvieux. Il se situait à plus de 80 en début de moissons pour régresser progressivement vers 72-74. Il faut noter aussi que les cultures ont bénéficié d’excellentes conditions de remplissage fin avril début mai, ce qui a permis de compenser un nombre d’épis par mètre carré faible.” En blé dur, le constat est plus décevant et varie du simple au double selon la pression cicadelles d'automne. Ainsi, hors viroses, les rendements sont corrects autour de 55q mais ils chutent à 30q/20q dans les parcelles impactées. “L’orge est également la culture la plus décevante, avec 40-50 quintaux et des PS bas, sous les 60”, ajoute Ghislain Perdrieux.

De "bonnes surprises" malgré le climat

Pour Neocoop, “l’année est correcte” en blé tendre, avec 50 à 60 quintaux à l’hectare. “Les PS avant les pluies étaient bons mais le sont moins maintenant. La pluie a fait perdre de la qualité, note Olivier Massoutié, responsable de la collecte, côté colza, l’année est très bonne, avec 40 quintaux de moyenne et une qualité au rendez-vous. On est en revanche sur une mauvaise année en orge, avec 40 quintaux de moyenne et des PS pas bons. En plus de ça, il manquait des surfaces, à cause de l’implantation difficile des semis. Les mauvais rendements ne font qu’aggraver une situation déjà compliquée pour cette culture.” Même constat pour Julien Delpal, référent agronomique chez RAGT Plateau Central, avec “des résultats assez décevants en orge, entre 40 et 45 quintaux à l’hectare”. Le résultat n’est pas le même pour les blés : “par rapport au contexte climatique qui a accompagné la saison, c’est une bonne surprise. Même si les résultats sont hétérogènes en fonction des zones du département mais aussi de la date des semis, on est sur une récolte correcte tant en quantité qu’en qualité, avec des PS qui ont pas trop chuté. À noter aussi la bonne performance en colza, avec une moyenne de 40 quintaux. Le fait marquant de cette année, c’est surtout la météo qui a été prépondérante. La pluviométrie fut importante, d’abord en novembre, ce qui a retardé les plantations, mais aussi au printemps. Certaines parcelles ont aussi été embêtées par la pression des ravageurs, cicadelle et puceron notamment”.

Dans une note parue début juillet, Agreste, le service statistique du ministère de l’Agriculture, délivrait ses premières estimations pour la récolte des céréales d’hiver. La production de blé tendre, estimée à 29,7 millions de tonnes (Mt), diminuerait de 15,4% par rapport à 2023. Les surfaces sont révisées à la baisse, à 4,2 millions d’hectares, diminuant de 10.8% par rapport à 2023. La prévision du rendement est de 69,9 q/ha, en baisse de 5,3% par rapport à 2023. En blé dur, la production française serait stable par rapport à 2023, à 1,3 Mt (+0,3%). La prévision du rendement est de 54,1 q/ha, en léger recul par rapport à 2023 (-1,3%). La production d’orge serait elle de 11,3 Mt, en baisse de 8% par rapport à 2023 et de 4,8% par rapport à la moyenne 2019- 2023.

Demande d'une dérogation 

Plusieurs FDSEA d'Occitanie dont la FDSEA du Tarn vont interpeller les Pouvoirs Publics sur la nécessité de défendre, et obtenir, l’utilisation d’un enrobage de semence qui permettrait d’alléger les traitements par pulvérisations mais également demander une dérogation, sur céréales, à l’utilisation de certaines matières actives autorisées et efficaces sur d’autres cultures (exemple vignes). En effet depuis le retrait de la molécule d’imidaclopride, les problématiques sanitaires (pieds chétifs et jaunisse nanissante dues aux attaques de pucerons et de cicadelles) deviennent très inquiétantes sur les céréales.

Il a dit... 

Maxime Raynal, président de la section grandes cultures de la FDSEA81 : 

“Les disparités sont nombreuses en fonction des zones du département. La météo a joué un rôle important cette saison. Les excès d’eau du printemps ont eu un impact sur les rendements et la qualité. La pluviométrie est souvent supérieure à une année normale, en fonction des endroits. La récolte a aussi été compliquée, avec notamment des travaux retardés. Certains agriculteurs se voyaient par exemple obligés de moissonner et faire les foins en même temps. S’ajoute à cela une conjoncture difficile pour les grandes cultures, avec des prix qui sont revus à la baisse, alors qu’il y a deux mois, ils étaient plutôt élevés.”