Lautrec
2021, une année sombre pour les producteurs d'ail rose
Réuni en assemblée générale le 31 mai à Vénès, le syndicat de défense du label rouge et de l’IGP veut croire en des jours meilleurs malgré un printemps ne présageant guère d’éclaircie.
Réuni en assemblée générale le 31 mai à Vénès, le syndicat de défense du label rouge et de l’IGP veut croire en des jours meilleurs malgré un printemps ne présageant guère d’éclaircie.
«Après une année compliquée et particulière, le moral n’est pas au beau fixe» annonce d’entrée Gaël Bardou. «Avant même la récolte, nous avons eu près de 20 % de perte en moyenne sur nos productions», constate le président du Syndicat de défense du label rouge et de l’IGP de l’ail rose de Lautrec. Un coup dur pour les producteurs du Lautrécois qui ont dû faire face à la pourriture blanche. «Bien que récurrente, car pouvant se conserver plusieurs années dans la terre, la maladie reste limitée à quelques parcelles et foyers ronds connus», rappelle-t-il. En principe… car en 2021, elle a été particulièrement virulente et diffuse ! Pour ne rien arranger, les caprices de la météo se sont invités : d’abord avec les gelées printanières, «fragilisant les caïeux d’ail», ensuite avec la pluie, «compliquant la récolte» et l’humidité estivale, «nuisant au séchage». Bref, «quantitativement et qualitativement, une année à oublier ! L’actuel printemps sec risque lui aussi impacte la campagne en cours», s’inquiète, d’ores et déjà, Gaël Bardou.
La sécheresse, nouvelle menace
«La sécheresse est une véritable menace. Sur des sols plus durs, les bulbes moins ronds affectent la qualité des caïeux d’ail», explique-t-il. Certes, l’arrosage permet d’assouplir les sols et de rendre les bulbes plus ronds conformément au cahier des charges de certification label rouge et IGP. Mais jusqu’à quand ? Car les réserves en eau s’épuisent déjà ! Et, les cours d’eau sont peu nombreux sur le territoire du Lautrécois. Comme tous, les producteurs espèrent une pluie salutaire d’ici cette fin juin et le début de la récolte. «Pour l’instant, il est difficile de se projeter mais, il est certain que si la sécheresse s’installe durablement, elle aura une répercussion sur la prochaine campagne», se résigne le président du syndicat.
Des chiffres pas roses, un avenir en rose
Dressant le bilan, Gaël Bardou fait un double constat. Le premier, inquiétant, montre des chiffres d’ail commercialisé et labélisé en baisse de 30 % voire même de 54 % pour les seuls labels par rapport à 2020 ! «Nous n’avons commercialisé en 2021 que 450 tonnes certifiées label rouge et IGP contre 700 à 800 tonnes pour une année normale», souligne-t-il. Géré en «bon père de famille», le syndicat assure son autofinancement : s’ils sont déficitaires, les résultats des comptes 2021 s’équilibrent grâce aux réserves en trésorerie. «Les fonds Feader devraient venir compenser ses avances de trésorerie», rassure son président. Comme ailleurs, les intrants et les charges ont augmenté sur les exploitations en général. Pour autant, «l’impact de ses hausses est plus limité pour les producteurs d’ail que pour d’autres agriculteurs comme les éleveurs et céréaliers. En produisant moins, nous avons eu moins d’emballage donc moins de dépenses», note Gaël Bardou.
Le second constat, rassurant, montre que la filière n’est pas délaissée par des producteurs malgré tout confiants. Pour preuve, les plantations se stabilisent : 354 ha ont été plantés en 2021 contre 362 ha l’année précédente. La filière demeure attractive avec quelque 140 producteurs adhérents au syndicat de l’ail rose lautrécois. «Les départs à la retraite sont pondérés par les nouvelles installations et les reprises d’exploitations», souligne son président. La notoriété du label rouge et de l’IGP ail rose de Lautrec se conforte de salons en salons auxquels le syndicat s’associe régulièrement. Le succès du Bistrot Tarn au SIA de Paris le confirme. Sur les marchés, sur les étals, l’ail rose n’est pas délaissé par les consommateurs. Bien au contraire ! De quoi voir l’avenir en rose…
Des solutions agro-environnementales pour demain
Conscient de la nécessité de réduire l’impact de ses productions sur l’environnement et de rendre son développement plus durable, le syndicat s’intéresse à des solutions et à des réponses possibles pour l’avenir. L’autoconsommation en électricité par le photovoltaïque en fait partie, notamment pour le séchage et la conservation. De même, les sondes capacitives permettent d’optimiser la consommation d’eau et, surtout de préserver la ressource en maîtrisant et gérant au plus juste les besoins en eau de la plante. Parallèlement, répondre aux exigences et demandes d’acheteurs attachés à une agriculture sûre et durable est une préoccupation du syndicat. Dans cette perspective, la filière s’est engagée dans une démarche de certification Global.A.P et d’une agriculture de Haute valeur environnementale, gages pour les consommateurs de sécurité alimentaire et de bonnes pratiques agricoles.
Statistiques de la filière 2021-2022
• 9 ateliers de conditionnement
• Près de 450 tonnes certifiées label rouge et IGP : 38 % en ail commercialisé et 29 % en l’ail récolté
• Rendement moyen : récolté : 4 t/ha ; commercialisé : 3,1 t/ha
• Conditionnements : 40,36 % de plateaux, 34 % de petits conditionnement et, 25,56% de grappes
• Plantation 2021-2022 : 354 ha dont 2,68 ha d’ail certifiable en moyenne par exploitation et, 87 % de semences certifiés.