Une bergerie conçue pour agneler au pic de chaleur
Un producteur d'agneaux label rouge s'est installé avec son père à l'extrême-ouest du Tarn. L'agnelage d'été dans un climat chaud l'a poussé à concevoir un bâtiment astucieux.
«Un bâtiment fonctionnel et adapté aux fortes chaleurs», tel était le souhait pour Enzo Pontello lors de son installation à Roquemaure. Le jeune éleveur, né en l'an 2000, voulait aussi maîtriser les coûts sans trop de compromis. L'ancien bâtiment ne procurait pas un niveau de confort acceptable pour les animaux. Pour sécuriser la stratégie d'élevage, qui repose sur des agnelages en contre-saison, des choix astucieux ont été réalisés dans le nouveau bâtiment dont la charpente est en bois.
Le matériau principal choisi ne l'a pas été que pour des raisons esthétiques. Durant son certificat de spécialisation, Enzo Pontello s'est penché sur l'électrosensibilité des troupeaux. Les charpentes métalliques pouvant produire de l'électricité statique transmise aux abreuvoirs ne l'enchantaient pas. Il explique que ses romanes suitées ou les agneaux en période d'engraissement «doivent pouvoir boire au maximum pour un meilleur développement».
450 m2 de filet brise-vent
La quasi-totalité des quatre faces du bâtiment est faite de filet brise-vent. Les longueurs ont à leur base un muret en parpaings là où les ovins pourraient s'appuyer. La face destinée à la sortie des animaux ne peut pas être détériorée par ces derniers. Des barrières sont disposées pour contenir les bêtes. Malgré son coût, un bardage bois sur toute la hauteur aurait pu être envisagé. Mais le souhait d'un fort débit de ventilation, la plus homogène possible, a conduit au choix du filet brise-vent fourni par Intermas.
Toujours dans un souci d'homogénéité et de simplification, l'éleveur a opté pour une sortie des animaux sur toute la largeur. Ainsi, la toile de 16 mètres de large se relève sous l'action d'un bouton. Les ingénieurs du fournisseur ont préconisé l'ajout d'un poteau de renfort à mi-largeur. La face qui sert au passage des éleveurs s'ouvre et se ferme grâce à des sangles à crochets. Son ouverture complète se fait comme un rideau (grâce à un rail) après avoir détaché la demi-douzaine de sangles.
De l'espace avec un budget maîtrisé
Tout le travail de maçonnerie a été réalisé par les éleveurs. Le couloir d'alimentation de 2 x 107 places et d'une zone davantage destinée à l'entretien, le bâtiment accueille facilement 350 mères. Une dalle de 16 x 4 mètres a été coulée du côté de l'entrée des éleveurs pour placer trois cellules à grain. Avec des dimensions totales de 16 x 40 mètres, la surface destinée aux animaux offre 2 m2 par brebis lors du pic d'agnelage. « C'est un élément important. Vue la prolificité de la race, il n'était pas question de passer sous ce seuil, souligne Enzo Pontello.
Sans opter pour une solution trop rustique (comme les tunnels), cet investissement de 104 000 EUR a été conçu pour être polyvalent au fil des saisons. Les bêtes sont nourries en l'espace de 15 minutes. Ce projet de bergerie a bénéficié d'aides de la MSA et de la subvention PCAE de 35 %. L'objectif de porter la troupe à 500 animaux se fera avec l'ancien bâtiment qui deviendra un espace d'appoint. Il requiert une réfection de l'isolation, des organes de ventilation et des fenêtres.
Polyvalence de ventilation
Bien qu'il reste à ce jour des barrières à rajouter à l'intérieur et quelques finitions sur les abords, l'hiver venteux s'est bien déroulé dans le bâtiment. « Nous avons eu des rafales jusqu'à 100 km/h alors que les longueurs étaient les seules faces terminées. Aucune paroi n'a souffert ; c'est vraiment solide, précise Enzo Pontello. J'attends la première canicule pour valider la capacité de ventilation du bâtiment. »
Orientée nord-ouest sud-est, la bergerie pourra être ouverte sur ses deux faces les moins larges afin d'augmenter la circulation. Les basses températures n'inquiètent pas l'éleveur pour qui l'enjeu est d'éviter les courants d'air sans empêcher le renouvellement de l'air. Pour prévenir toute usure des brise-vents à cause des frottements, les éleveurs ont couvert les murets (côté extérieur) avec un géotextile de jardinerie. Une astuce de plus sur un ouvrage qui transpire le bon sens pour éviter la surchauffe.
Flavien Roussel