Un grand virage pour l’exploitation du lycée agricole de Fonlabour
L’exploitation agricole du campus albigeois se trouve à Bellegarde. Depuis quelques années, un projet d’évolution de ce support pédagogique est enclenché. Premiers résultats.
C’est en 1967 qu’est acquise l’exploitation du lycée agricole de Fonlabour, sur le site située sur la commune de Bellegarde. Un troupeau bovin lait est constitué et l’exploitation devient un lieu d’apprentissage pour les élèves du lycée agricole albigeois. Au-jourd’hui, le visage de l’exploitation change. Jean-Noël Bertrand, professeur d’agronomie au sein de l’établissement explique ce changement de cap. «En 2015 -2016, avec la crise du prix du lait, se pose le souci de la rentabilité de l’exploitation. Comment faire pour continuer à produire du lait tout en diminuant les charges ?» Voici la question centrale qui se pose pour le responsable de l’exploitation agricole et toute l’équipe du lycée agricole. Le système, basé sur l’élevage bovin lait en bâtiment avec une alimentation principalement basée sur l’ensilage de maïs doit évoluer. «La première mesure qui fut décidée, c’est de remettre les vaches au pâturage. Pour cela il fallait améliorer la qualité des prairies sur l’exploitation pour ne pas faire baisser de manière importante la production de lait.» Des prairies multi-espèces sont implantées, un travail sur la génétique du troupeau est mis en place, la place du maïs sur l’exploitation est divisée par deux… «C’est en 2018 que le pâturage a été remis en place. Dans un même temps, nous avons opéré des changements techniques pour répondre aux soucis d’érosion. Nous avions des labours parfois fréquents avec des pertes de sol, de matière organique et un sol avec une réserve en eau pauvre. Des essais ont été menés avec l’implantation de méteils, de la luzerne, de soja (avec le Grenier coopératif Albigeois pour produire de l’extrudé de soja).» Petit à petit l’exploitation change de visage. Le résultat sur les charges est rapidement observé avec une baisse importante (36 000 € en 2018 contre 90 000 € en 2015 de charges de concentrés).
LE VISAGE DE L’EXPLOITATION CHANGE
Dans le prolongement de ce projet, un programme de plantation de haies sur 5 ans est lancé en lien avec l’association Arbres et Paysages. Un autre volet concerne l’agroforesterie avec le CFAAH du Tarn. «180 arbres remarquables ont été plantés sur les parcelles en culture qui devraient devenir des pâtures. Nous avons laissé 25m entre les rangées d’arbres pour continuer à valoriser les parcelles dans l’avenir.» Sur une parcelle pentue de l’exploitation, difficile à cultiver, un parc à volailles va voir le jour en 2019. Autant de diversifications qui ont pour objectif également d’alimenter le lycée. «Pourquoi ne pas consommer les fruits des arbres au self du lycée tout comme ce sera le cas pour les poulets. C’est déjà aujourd’hui le cas pour le lait.» En 2018, des cultures comme le pois chiche ont également été mises en place.
Un volet important est celui de la qualité de l’eau sur l’exploitation (présence d’un lac collinaire et d’un captage). Une convention a d’ailleurs été signée avec l’agence de l’eau Adour Garonne pour travailler sur la qualité du réseau d’irrigation, sur la valorisation de la ressource et sur sa qualité, en lien avec l’agence de l’eau et la plate-forme GH2O présente sur le campus de Fonlabour.
VALORISATION DU BOIS
Enfin, un travail a été initié sur la valorisation d’une parcelle de bois présente à Bellegarde. «Sur les 16ha, une classe de STAV travaille pour mettre en valeur ce bois. Le CRPF et le lycée forestier Alquier de Saint Amans Soult sont parties prenante de cette étude. C’est un excellent exemple de partenariat entre deux établissements scolaires.» Bellegarde change progressivement de visage mais pas d’objectif : «être un support d’appren- tissage pour les élèves, d’expérimentations avec des partenaires et des instituts et toucher le réseau des agriculteurs.»
A. RENAULT
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Une convention eau-agriculture
Une convention eau-agriculture a été signée sur le campus d’Albi-Fonlabour, à l’occasion de la semaine de l’eau organisée du 4 au 8 février. Le directeur de l’établissement agro-environnemental du Tarn, Éric Gaillochon, le directeur de l’Agence de l’eau Adour-Garonne, Guillaume Choisy, ainsi que le directeur régional de l’alimentation de l’agriculture et de la forêt (Draaf), Pascal Augier, ont paraphé ce document qui a nécessité plus d’un an de travail.
«L’idée est, en lien avec la Chambre d’agriculture du Tarn impliquée dans le dispositif, d’apporter un guide de bonnes pratiques aux agriculteurs locaux», explique Éric Gaillochon. «Les pratiques d’avant ne seront plus celles de demain, abonde Guillaume Choisy, rappelant le déficit de 1,2 milliard de m3 d’eau annoncé pour 2050 pour le bassin Adour-Garonne. Nous avons besoin de travailler collectivement pour trouver des solutions.» Et de rappeler que la question de l’eau est un «enjeu structurant» qui doit permettre de maintenir «la vitalité des territoires ruraux».
De son côté, le Draaf a rappelé que «les défis son énormes. Ici, entre les deux châteaux d’eau que sont les Pyrénées et le Massif-Central, on a longtemps eu l’impression qu’on aurait tout le temps de l’eau, mais ce n’est pas le cas. Il faudra de nouvelles pratiques pour équilibrer nos besoins et nos ressources. Et cela concerne tout le monde.»