Pour Bruno Gaujarengues : «Mon objectif : des agneaux vigoureux à la naissance»
Rencontre avec Bruno Gaujarengues, éleveur ovin et bovin viande à Moularès. Il présente son exploitation et détaille les orientations choisies pour son exploitation et comment son bilan technico-économique s’est ainsi amélioré.
L’exploitation de Bruno Gaujarengues est divisée en deux. Les 117 ha de SAU sont répartis à 75% sur Moularès et à 25% sur Saint Jean de Marcel et accueil-lent quatre ateliers : un atelier ovin viande avec un cheptel de 310 brebis, un atelier bovin viande veau sous la mère avec 30 mères Blondes d’Aquitaine, un atelier d’engraissement d’agneaux et un atelier grandes cultures (dont la moitié est dédiée à la production de semences de triticale et de ray-grass). En termes de main d’œuvre, l’exploitation emploie actuellement un salarié à plein temps et Bruno Gaujarengues bénéficie de l’aide de ses parents retraités.
Un agnelage par an
L’atelier ovin a évolué depuis plusieurs années. «Historiquement, on gardait les agnelles à partir de l’atelier d’engraissement. Au final, on avait des brebis de type laitières avec des origines multiples et donc des problèmes sanitaires. Sur les conseils des techniciens du service ovin viande de la maison de l’élevage, j’ai commencé à acheter en 2007 des agnelles Lacaune Ovitest sélectionnées. Depuis j’achète toutes mes agnelles tous les ans.» Dix ans après, l’éleveur ne regret-te pas et regarde le chemin parcouru. La différence est très marquée depuis 3 à 4 ans. Les brebis sélectionnées et la gestion en lot a permis d’améliorer les qualités maternelles du troupeau et de régler les problèmes de tarissement, de diarrhées,…
Il a également choisi de ne réaliser qu’un agnelage par an et par brebis mais en plusieurs lots. «Cela m’a permis d’adapter nos périodes de mise bas en fonction des travaux des champs». La grosse période d’agnelage a lieu fin août-début septembre, avec 180 mises-bas pour viser la contre-saison. Les agnelles mettent bas, elles, en mars. Et un autre agnelage, a lieu en décem-bre et comprend les brebis vide du lot précédent et les agnelles de l’année d’avant, qui ont mis bas en mars.
«Je fais des IA sur une partie du lot en contre saison. Le reste est conduit en monte naturelle avec 7 béliers de race charolaise.»
L’alimentation, critère déterminant
L’alimentation est basée sur l’ensilage de ray-grass, qui est distribué du 15 juillet à la fin mars. «On ensile au meilleur stade, c'est-à-dire le plus précocement possible (avant épiaison) pour assurer une bonne valeur alimentaire et assurer un maximum de rendement.» L’autre élément important, c’est le foin des prairies naturelles de l’exploitation, conduites de manière extensives, avec zéro azote. «On privilégie l’équilibre graminée-légumineuses». Enfin, troisième élément de la ration, les céréales, principalement de l’orge sont issues de l’exploitation.
Du tourteau de soja est intégré dans la ration à la fin de la gestation et au début de l’allaitement depuis quelques années. «Maintenant on adapte l’alimentation aux besoins des brebis et je réalise des contrôles de la glycémie, l’urée et les Béta OH sur les brebis avant l’agnelage.»
L’objectif de l’éleveur est de rechercher des agneaux avec un bon poids à la naissance et des brebis avec un colostrum de qualité en quantité. «Avec l’apport de tourteaux aux brebis depuis deux ans, la consommation de concentré par agneau a baissé d’environ 6 kilos et j’ai une meilleure valorisation de la carcasse ! J’ai aussi diminué mes frais vétérinaires !».
Un gros travail sur le tri des agneaux
Bruno Gaujarengues vend ses agneaux à la SICA2G en Label Rouge Lou Paillol. Il trie toutes les semaines. «Ce n’est pas le poids qui fait la différence. Ils sont tous pesés mais je me fie plus au touché du dos. Et je n’hésite pas à aller régulièrement voir les carcasses à l’abattoir. C’est une visite importante pour moi qui peut me permettre de corriger la conduite du lot suivant si besoin ou de relever les éléments qui vont bien.» Le prix moyen par agneau s’élève sur son exploitation à 116 € avec une marge brute totale de 149 € par brebis.
L’aspect sanitaire, à suivre de prêt
Les agnelles sont vaccinés contre les maladies abortives : chlamydiose, fièvre Q et toxoplasmose. «Sur le plan parasitaire, je suis plutôt épargné malgré la présence d’agneaux d’intégration dans l’autre atelier. Je suis un protocole bien précis : circulation dans le même sens, en passant d’abord dans le bâtiment de l’atelier ovin puis ensuite dans l’atelier d’engraissement et changement de bottes et de combinaison entre les bâtiments durant les trois premières semaines».
De bons résultats technico-économiques
Le résultat de cette gestion très rigoureuse, c’est d’abord une prolificité supérieure à la moyenne (taux de prolificité = 199), grâce à la sélection opérée sur le troupeau avec le schéma Ovitest et à l’alimentation. Le taux de mise bas est également bon, grâce au second lot d’agnelage qui permet de rattraper les brebis vides. La mortalité est bien gérée avec un taux de 7% en 2016. «Selon moi, cela s’explique par la présence importante sur l’élevage, notamment à la mise-bas et le suivi pendant les premiers jours. La proximité entre mon habitation et le bâtiment d’élevage permet une présence accrue. Le principal, c’est de prévenir et d’anticiper les problèmes. L’autre élément déterminant, c’est d’avoir des brebis en forme à l’agnelage et des agneaux vigoureux et qui tètent du colostrum.» D’ailleurs Bruno Gaujarengues stocke toujours une quinzaine de litres de colostrum, issu d’un élevage bovin lait voisin.
L’importance du conseil extérieur
«Si j’en suis là aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à l’appui technique du service ovin de la Maison de l’élevage et au groupement Sica2G qui est très dynamique et qui apporte différentes aides aux éleveurs, Ajoutez à cela une relation de confiance avec le vétérinaire et tous les éléments sont réunis pour réussir. Le plus important c’est de comprendre pourquoi quelque chose marche et pourquoi autre chose ne marche pas sur le troupeau.»
A.RENAULT
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