«Notre objectif, c'est l'autonomie alimentaire pour notre élevage caprin»
Marion Quenton et Lucas Honnoré sont installés en caprin lait sur la commune de Cadalen. Ils expliquent leurs motivations et le sens qu’ils veulent donner à leur projet.
Les deux jeunes éleveurs se sont installés en Gaec en 2015 sur la commune de Cadalen, avec un troupeau de 250 chèvres et une SAU de 60 hectares. «Nous nous sommes installés hors cadre familial et, pendant nos études agricoles, nous avons réalisé des stages en élevage caprin. On est tombé amoureux des chèvres» expliquent en chœur Marion et Lucas. La production laitière est livrée à la fromagerie du Pic. «Avec notre mode d’élevage et le prix payé, les résultats économiques permettent d’assurer la viabilité de l’exploitation. Voilà pourquoi nous n’avons pas souhaité basculer dans un système mixte avec une partie de transformation à la ferme.» Lors de leur installation, la moitié de la surface de l’exploitation est en herbe. A cela viennent s’ajouter 5 ha d’orge pour le troupeau et 25 ha de cultures destinées à la vente. «Après deux années avec des épisodes de sécheresse, nous avons subi un déficit fourrager. Il nous a fallu acheter de l’aliment et la vente des céréales, avec des prix bas, n’a pas permis de rattraper ces pertes. Nous avons donc décidé de changer. Notre objectif, c’est l’autonomie alimentaire.»
Les 60 ha ont donc été «remaniés» avec une quarantaine en surface herbagère, et 20 ha de cultures (orge, maïs, méteils, avoine, épeautre) destinées au troupeau. «L’idée est aussi d’avoir un peu plus de marge de manœuvre dans le cas où une crise du lait surviendrait comme par le passé.»
SE FORMER POUR PROGRESSER
Le couple d’éleveurs a également intégré rapidement les différents cycles de formation, notamment à la Chambre d’agriculture. «C’est important de se former pour nous. Cela nous a permis d’améliorer beaucoup de points sur l’exploitation et de faire des rencontres. Que ce soit sur les méteils par exemple, ou sur la question de l’autonomie alimentaire, nous recherchons du savoir, des échanges. Il faut rester ouvert pour progresser.» Marion et Lucas ont une vraie démarche de chef d’entreprise : «On se pose les questions de fond pour avoir un travail plus efficace ou plus confortable. Mais on regarde aussi les résultats technico-économiques et on se tient à notre projet : l’autonomie alimentaire, la valorisation de la production et l’élevage extensif.» Après deux ans, ils ont d’ailleurs eu un regard critique sur le chemin parcouru.
«On avait tendance à dévier de notre projet et on ne se reconnaissait plus forcément dedans. Alors on a pris certaines décisions : développer le pâturage, réduire le coût de la ration, développer les légumineuses, s’orienter vers l’agriculture de conservation, replanter des haies, et même un projet de vente directe de viande de chèvre et de cabri.» Sans oublier une certaine qualité de vie : «on est passionné mais on veut aussi vivre à côté.»
Marion s’est également investie dans le syndicat caprin du Tarn. «La structure permet d’échanger, de rencontrer d’autres éleveurs et aussi de porter ensemble des problématiques pour faire changer les choses là ou c’est possible.»
A. Renault
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La filière caprine dans le Tarn en quelques chiffres :
> 5 831 000 de litres de lait produits
> 8147 chèvres et 2589 chevrettes
> 52 producteurs professionnels dont 26 producteurs laitiers et 23 producteurs fromagers, un producteur mixte et deux producteurs autres
> Sur les 5 dernières années, notre département a enregistré 18 créations ou installations dont 12 nouveaux ateliers. 16 sont prévues sur la période 2019-2020 dont 12 nouveaux ateliers
> Le prix du lait s’élevait en 2017 à 705 € /1000 litres en moyenne contre 695 €/1000 litres en 2016 et 685 €/1000litres en 2015 soit une augmentation de presque 3% entre 2015 et 2017.