L'élevage ovin tarnais reste vigilant pour son avenir
La fédération départementale ovine (FDO) s'est réunie en assemblée générale par visioconférence ce vendredi 7 mai. La PAC, le loup et la laine figuraient notamment à l'ordre du jour.
Dans l'espoir de pouvoir tenir une assemblée générale "normale", en présentiel, en janvier 2022, c'est bel et bien en visioconférence que les membres de la Fédération départementale ovine (FDO) se sont retrouvés ce vendredi 7 mai. Un mode de rencontre et une date inhabituels pour les éleveurs ovins tarnais, imputables aux restrictions imposées par la lutte contre la Covid-19.
Les moyens technologiques mis en place depuis la Maison de l'élevage ont toutefois permis à l'assemblée présidée par Émile Fabriès de régler toutes les questions statutaires et d'aborder tous les sujets d'actualité des moutonniers.
Le premier, et non le moindre, concerne la réforme de la PAC. La FNO demande une enveloppe forte et sacralisée de 125 millions d'euros pour l'aide ovine.
"L'enjeu est de conserver l'aide ovine couplée à ce montant", commente le président de la FDO 81 Émile Fabriès. Pour ce faire, la FNO propose une aide de base forte à 20EUR minimum (+2EUR pour les 500 premières brebis primées), et une aide de base rétropolée conditionnée à un ratio d'un agneau par brebis, un minimum de 50 brebis et une dérogation pour prédation justifiée N-1. Elle demande également une majoration pour les nouveaux producteurs au niveau actuel, soit environ 6EUR par brebis.
La FNO assortit sa proposition de quatre tiroirs optionnels cumulables avec un même niveau de financement pour les brebis :
o dont l'élevage est en OP avec prévisionnel de sortie d'agneaux obligatoire ;
o dont l'élevage a une productivité numérique supérieure au ratio de 1,4 ;
o dont l'élevage produit au moins 70% d'agneaux Siqo labellisables ;
o qui sont engagées en sélection génétique.
"Cela s'inscrit dans une stratégie de développement de la production car on ne produit pas assez d'agneaux en France", indique Émile Fabriès. Pour porter cette proposition, des courriers ont été adressés aux parlementaires. "On a pu, à cette occasion, apprécier la mobilisation de nos élus", se réjouit le président de la FDO. Pour autant "rien n'est défini pour l'instant, tempère-t-il. Nous maintenons la pression pour avoir la plus grosse enveloppe possible."
LE LOUP GAGNE DU TERRAIN
Alors que la présence d'un deuxième loup dans le secteur du Somail a été officialisée par les pouvoirs publics, la FDO est revenue sur le poids de la prédation dans le Tarn. Plusieurs attaques durant ces derniers mois pourraient être imputables au loup, même si les expertises n'ont pas permis de l'établir formellement. Elles ont toutes eu lieu dans le secteur limitrophe avec l'Hérault. En août 2020, un étouffement de brebis lié à un phénomène de panique a été constaté dans une bergerie du secteur de Nages-Murat, cinq brebis et deux agneaux ont été tués en mars 2021 dans le secteur d'Anglès-Lacabarède, et le mois dernier, une brebis a été tuée à Anglès et une autre à Cabounès. Les indices de présence du loup dans ces secteurs sont nombreux. Les analyses génétiques et les différentes traces collectées cet hiver permettent d'affirmer que deux mâles rôdent dans le Caroux et le Somail.
À ce titre, 84 communes de l'Est tarnais sont classées en zone difficilement protégeable. Des tirs de défense et de prélèvements peuvent y être autorisés sans que les troupeaux aient été attaqués et sans que les troupeaux bénéficient de mesures de protection.
Par ailleurs, alors que le classement de l'ensemble du Tarn en cercle 3 a été reconduit en 2021, les communes de Murat-sur-Vèbre, Nages et Anglès, ont été classées en cercle 2 par arrêté préfectoral du 10 mars 2021. Cela signifie que les éleveurs de ces trois communes peuvent prétendre à des aides de l'État de 80% pour l'achat de parc électrifiés Partout ailleurs, l'investissement dans des chiens de protection et l'accompagnement technique peut être soutenu par l'État. Dix dossiers ont été montés en 2020 et 2021. Il ne faut pas hésiter à se rapprocher de la FDO et de la Maison de l'élevage pour se renseigner à ce sujet.
"Il faut du temps pour qu'un chien soit efficace, rappelle Émile Fabriès. Il ne faut donc pas hésiter à mettre en place un chien dès maintenant pour qu'il soit efficace le moment venu. On accompagne les éleveurs pour les protéger le mieux possible, même si on regrette tout cet argent mis dans cette protection, sachant que les dégâts sont quand même là. Ce n'est pas supportable moralement pour les éleveurs. L'État doit prendre ses responsabilités : nous défendons toujours le zéro attaque."
D. Monnery