L’agneau tarnais contre-attaque face au covid-19
Les concertations avec la distribution et les pouvoirs publics atténuent l’impact sur le marché de la viande. Les prochains jours seront difficiles mais plusieurs acteurs retroussent leurs manches.
Après la ruée vers les rayons d’il y a quelques semaines, le retour à un rythme de consommation mesuré dans les grandes surfaces a laissé émerger des craintes de déséquilibre offre / demande. Beaucoup de filières alimentaires se retrouvent en tension face à des prix qui s’érodent. Alors que Pâques est un temps fort pour la viande d’agneau, il a fallu réagir vite.
COUPURE DES IMPORTATIONS
Marc Rolland, président du Comité Interprofessionnel de l’Agneau du Tarn (CIAT), constate que «les distributeurs ont bloqué l’import de viande d’autres pays au profit de l’agneau français. C’est une bouffée d’oxygène pour la période pascale.» La pratique de l’import est en effet courante en période de fête car la France ne produit que 40 % de ce qui est consommé à ce moment-là. L’éleveur a aussi noté un travail dans certaines GMS pour mettre en avant la viande d’agneau depuis une dizaine de jours.
Les efforts produits se heurtent tout de même à deux obstacles identifiés. «Il y a un afflux de production et une non-consommation en face, explique Marc Rolland. Les consommateurs basculent sur les conserves et les viandes peu chères. On aura donc une semaine pascale très moyenne.» La seconde complication en GMS vient des rayons boucherie qui sont fermés par manque de personnel.
UNE RIPOSTE MUSCLÉE À MOYEN TERME
Selon Marc Rolland, la filière craint beaucoup la période après Pâques «parce qu’il y a beaucoup trop d’incertitudes. En ce qui concerne la vente en drive, le CIAT soutient pleinement cette démarche mais malheureusement, nous ne som-mes pas en mesure de pouvoir entrer dans ce dispositif.” Notamment parce que la très grande majorité des éleveurs d’agneau sous la mère tarnais n’ont pas l’habitude, ni l’équipement, pour pratiquer la vente directe. «Les unités de découpe sont saturées et nous devons à tout prix respecter la chaîne du froid. Les demandes de fourgon frigorifique sont élevées,» observe Marc Rolland. La difficulté vient aussi du tarif face à d’autres viandes mais les bouchers du Tarn font leur part pour aider.
Face aux risques des prochaines semaines, l’agneau tarnais se lance à l’assaut de la restauration hors domicile. «En partenariat avec Bigard et le conseil départemental, nous appuyeront très fortement. Il y aura un vrai plan de communication pour manger de l’agneau tarnais», annonce Marc Rolland. Et l’opération se veut stratégique pour se renforcer dans le futur : «Nos jeunes doivent retrouver l’envie de de manger la viande d’agneau et il n’est pas question de faire manger des animaux trop vieux. Certes, la viande est chère mais avec du qualité 2, la restauration collective pourra en servir une à deux fois par mois facilement.» Ces mesures seront déclenchées très rapidement dans les EHPADs et dès que possible pour les établissements scolaires.
F. Roussel