Viticulture
Conduire la vigne en bio, c'est l'aboutissement d'un travail de qualité !
Le Paysan Tarnais a consacré un dossier à la conversion à la viticulture biologique. Damien Bonnet, viticulteur à Castanet avec 12 ha de vigne en conversion, témoigne. Pour lui, la bio va de pair avec sa philosophie de production !
Dès son installation, en 2008, Damien Bonnet a commencé à travailler ses vignes suivant le cahier des charges de l’agriculture biologique. «En fait, mon premier objectif est de faire des vins avec des raisins mûrs. Il faut donc rester sur de petits rendements, 30 hl/ha en moyenne. Et dans ce créneau là, faire du bio ne pose pas de souci particulier. Il y a moins de feuilles, moins de maladies. La vigne se tient très bien.» Damien Bonnet va jusqu’à la vinification et la mise en bouteilles de son vin. Le caractère naturel du produit fini lui tient aussi à cœur. «Je veux faire des vins authentiques. Je n’utilise pas de levure, je ne fais pas de filtration, pas de collage. J’ajoute juste un petit peu de souffre en fin de vinification.» Là encore, le cahier des charges bio ne pose pas de problème.
Le jeune viticulteur a donc entrepris la conversion «officielle» de ses vignes depuis 2011. C’est la date à laquelle son père a pris la retraite et où il a récupéré des hectares supplémentaires. Il exploite aujourd’hui 12 ha de vigne au total, dont 10 en production. Le passage à l’agriculture biologique a tout de suite été accepté dans la famille. «Mon père avait vu les limites de la viticulture conventionnelle. Avec des intrants et des charges de plus en plus élevés, et une rentabilité pas toujours évidente.» Autre encouragement de taille : une arrivée plutôt remarquée sur le marché. Plusieurs articles dans la presse locale et nationale, une clientèle attentive à son savoir-faire et à son mode de production… Voilà de quoi être conforté dans sa voie !
Pour réussir en viticulture biologique, Damien Bonnet estime qu’il faut passer beaucoup de temps dans les vignes. «Il faut vraiment être vigilant à l’évolution de l’état de la vigne et être réactif. Pour les maladies par exemple, moi je préfère faire plusieurs passages à très petites doses. Mais du coup, il faut pouvoir intervenir dès qu’il le faut, et notamment avant les pluies. Et ça peut être un peu n’importe quand ! Le bulletin technique de la chambre d’agriculture apporte également des informations très utiles à tout ce suivi. Mais globalement, avec le cuivre pour le mildiou et le souffre pour l’oïdium, ça se passe bien. Le plus compliqué, ce sont les adventices. On peut les ¾ du travail avec les outils mécaniques mais le reste, il faut le faire en manuel.»
Ne pas lésiner sur le matériel !
Ceci-dit, même en mécanique, il faut là encore beaucoup de passages pour bien maîtriser les mauvaises herbes. «Et donc, de bons matériels fiables ! J’ai un tracteur vigneron assez puissant. J’ai aussi réadapté quelques uns de mes outils pour un meilleur confort de travail. Par exemple, j’ai monté mon interceps hydraulique sur un porte-outil latéral. Situé entre les roues avant et les roues arrière du tracteur, je peux ainsi le surveiller plus facilement. Et puis, je peux atteler un autre outil derrière pour faire deux choses sur le même passage. C’est sûr qu’aucun matériel n’est jamais parfaitement adapté à ce que l’on veut faire. Il vaut donc mieux être un peu mécanicien !» Autre point important pour Damien Bonnet : un salarié de confiance. «C’est précieux de pouvoir s’appuyer sur quelqu’un qui partage et respecte notre façon de travailler, surtout en bio !»
Pour ce qui est de la fertilisation et des sols, Damien Bonnet ajuste ses pratiques en fonction de l’état de ses vignes. Il avait l’habitude de laisser «agir» l’enherbement naturel, mais il a commencé à travailler un rang sur deux dans quelques parcelles, où les vignes sont un peu trop chétives. Jusque là, il restituait simplement les bois de taille et faisait quelques apports de compost de temps en temps. «Là où le sol est nu et où l’enherbement aura du mal à se refaire naturellement, je réfléchis à implanter un couvert graminées / légumineuses. Mais nous sommes sur des sols argilo-calcaires, avec une bonne structure. Il n’y en aura pas besoin partout. J’aime autant laisser s’exprimer le terroir dans lequel je travaille et préserver au maximum les terres que l’on m’a transmises.»
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