Une récolte des pommes marquée par la tavelure
Encore une année compliquée pour les pommiculteurs. Après le gel l’an dernier, c’est la pluviométrie du printemps qui pose problème cette année.
Après le gel qui avait causé de gros dégâts dans les vergers tarnais l’an dernier, c’est la pluie qui fait des siennes cette année. Les pommes, dont la récolte vient tout juste de commencer, n’ont pas apprécié le trop plein d’eau du printemps et portent quelques stigmates de cette météo capricieuse. La tavelure, et ses taches brunes et rugueuses, s’invite sur de nombreux fruits. De quoi transformer le calibrage en casse-tête. «Heureusement pour nous les trois quarts de nos ventes se font en vente directe, et nos clients sont compréhensifs», souffle Rick Verhoef, du Verger de Foncoussières à Rabastens. Sans être catastrophique pour le verger, l’année est loin d’être bonne. «Les beaux jours de janvier et février avaient entraîné une floraison précoce», mais tout a pris le gel par la suite, rappelle le jeune arboriculteur. Ce qui a fleuri plus tard a subi l’abondante pluviométrie, et les coulures ont été nombreuses. Résultat, le volume de production affiche une perte de l’ordre de 20%. Faible compensation, le calibre des fruits est plus gros du fait de leur relative rareté sur les branches.
Plus de jus
Soumis à la même problématique, Didier Dumas à la tête du Verger de l’Oustalou sur les hauteurs du département, à Miolles, parle d’une année «très, très compliquée». Un peu plus du quart de sa production habituelle serait perdu. L’arboriculteur prévoit d’augmenter sa production de jus pour tenter de contrer l’impact de la tavelure sur la vente des fruits. Une année d’autant plus ingrate qu’elle a demandé beaucoup de travail durant l’été pour éliminer les fruits impropres à la consommation et contrer la pression conjuguée des guêpes et des oiseaux qui n’ont rien arrangé. Mais il se montre surtout inquiet des traces que ce cru 2018 laissera pour le futur. «Des pommes que je ramasse habituellement fin octobre sont déjà piquées, s’étonne l’arboriculteur. Cela va faire de la pourriture, la maladie va gagner les branches et cela donnera des inoculums qui transmettront la maladie les prochaines années…»
Insectes voraces
S’il est largement partagé, ce constat n’est toutefois pas unanime. Tout en restant prudente pour la suite de la récolte, Irene Jansen, par exemple, de Jangopom à Gaillac, estime que la saison «se présente assez bien». Le gel a surtout nui aux coings, mais pas aux pommes qui ont bien supporté la pluviométrie. Comment expliquer la bonne résistance à la tavelure de son verger conduit en agriculture biologique? «C’est grâce à nos nombreuses variétés différentes», met en avant l’arboricultrice. Une quarantaine de variétés de pommes sont en effet cultivées dans le verger. «Nous avons fait en sorte de mettre des variétés particulièrement résistantes à la tavelure et des rustiques, indique-t-elle. Il peut y avoir quelques taches par-ci par-là, comme sur les reines des reinettes par exemple, mais globalement ça va.» Son problème à elle a surtout été de tenter de limiter la pression des oiseaux, guêpes et frelons asiatiques particulièrement voraces cette année.
D. Monnery
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