Un millésime 2019 de qualité en quantité raisonnable
Malgré les craintes liées aux conditions climatiques rencontrées tout au long de l’année, le millésime 2019 s’annonce plutôt bon pour le vignoble gaillacois. Tour d’horizon.
Compte tenu des conditions climatiques rencontrées tout au long de l’année 2019, le vignoble gaillacois s’en tire plutôt bien. Voilà, grossièrement résumé, le bilan de la vendange à l’heure où les primeurs sont mis en bouteille. Les chiffres officiels ne seront connus que le 10 décembre au moment de la déclaration de récolte, mais la tendance générale fait état d’une baisse de volume de l’ordre de 8% à 10% par rapport à 2018. Un chiffre à manier avec des pincettes, évidemment, dans la mesure où de fortes hétérogénéités sont enregistrées en fonction des secteurs du vignoble gaillacois, assez éclaté.
Les orages en bordure de rivière Tarn ont eu des impacts importants, notamment l'orage de grêle du 3 juillet qui a fait perdre de 5 à 80% sur certaines parcelles chez une dizaine de vignerons. D’autres parcelles ont bénéficié de pluies localisées. Les rendements sont donc très hétérogènes d’une zone à l’autre du vignoble. Mais, globalement, cela reste satisfaisant, comme l’explique le directeur de la Maison des vins de Gaillac, Xavier Raffenne : «On a eu la chance de passer à travers le gel et une trop grande sécheresse. En raison des fortes chaleurs de cet été, on pensait qu’on allait assister à des blocages de maturité de la vigne. Cela n’a pas vraiment été le cas, sans doute parce que les sols étaient suffisamment pourvus en eau grâce aux pluies du printemps. On a malgré tout assisté à quelques flétrissements mais, globalement, on s’en tire très bien avec le peu de pluie qu’il y a eu cette année. On est en tout cas très loin des situations désastreuses rencontrées en Languedoc-Roussillon.»
«Bien à très bien»
Les fortes chaleurs n’ont toutefois pas été sans conséquences pour le vignoble gaillacois. Pour les rouges, notamment, il a fallu faire preuve de patience afin de récolter des baies à maturité. «Les raisins étaient très jolis, mais très verts, souligne Francine Calmels, œnologue conseil au laboratoire départemental de Gaillac. Il a fallu attendre un peu pour les récolter. Heureusement la météo était avec nous et on a pu attendre sans avoir à tout rentrer sous la pluie.» Le risque, comme le pointe le directeur de la Maison des vins, c’est de voir des vins avec un taux d’alcool particulièrement élevés cette année. Le travail sur les assemblages permettra sans doute de rectifier le tir.
En tout état de cause, sur la qualité, on sera sur quelque chose de «bien à très bien», commente Francine Calmels. L’œnologue conseil nuance toutefois son propos en appelant à la vigilance sur l’élevage et la conservation. Pour elle, les rouges s’annoncent avec une «belle couleur et un joli fruit mais pas très tanniques et gras en bouche». La tendance est similaire pour les blancs et rosés. Ces vins devraient offrir un «joli fruit» et leur vivacité devrait s’estomper au profit d’un peu de «gras en bouche». Verdict dans quelques mois.
D. Monnery