Thierry du Fretay revient sur les difficultés actuelles de la production de semences de luzerne
Le Paysan Tarnais du 18 novembre consacre un dossier complet à la production de semences. L'occasion de faire le point avec Thierry du Fretay, agriculteur à Noailhac et animateur des discussions prix de la filière luzerne semence à la Fnams.
Le Paysan Tarnais : La Fnams a récemment communiqué sur les bas niveaux de prix envisagés pour la prochaine récolte de semences de luzerne. Pouvez-vous nous expliquer le contexte ?
Thierry du Fretay : Le prix des cultures concurrentes (céréales) et le volume des stocks disponibles de semences de luzerne sont les principaux éléments intervenant dans la détermination du prix de référence. Le marché export (50% des ventes de semences), moins valorisant que le marché français, tire les prix vers le bas. Pour la campagne 2010, les premières discussions interprofessionnelles n'ont pas abouti. Les établissements souhaitent un prix inférieur à 150 € / quintal. Le seuil de rentabilité pour les producteurs est aux alentours de 170 € / quintal. La difficulté, comme toujours, est d'arriver à trouver un consensus entre les établissements semenciers et les producteurs de semences !
Le Paysan Tarnais : Face à ces niveaux de prix, quelle est la réaction des producteurs ?
Thierry du Fretay : En fait, cette situation n'est pas nouvelle pour la filière. Le marché de la luzerne est sinusoïdal. Tous les 4 à 5 ans, les prix varient de plus de 200 € / quintal à moins de 125 € / quintal. Ces variations ont bien-sûr un impact direct sur la production. Quand les prix sont trop bas, les producteurs se tournent vers les céréales. On a eu le cas en 2008 / 2009 avec l'explosion du cours des céréales. Les volumes étaient au plus bas, la semence de luzerne a été payée près de 220 € / quintal aux producteurs ! Aujourd'hui, il faut temporiser. La luzerne est une plante agronomiquement intéressante et possède une bonne image. C'est une usine à protéines qui attire les éleveurs. La filière semence a donc de l'avenir, mais il faut que les marges des producteurs restent correctes !