Protéines : le soja «premium» cultivé ici s'exporte jusqu'en Asie
Depuis trois campagnes, un céréalier de la plaine du Tarn a intégré la graine protéagineuse dans sa rotation. Les atouts agronomiques de la culture et l'accompagnement l’ont convaincu.Témoignage.
Installé depuis 15 ans sur des boulbènes près de Saint-Sulpice, Jean-Paul Natoly a été démarché par un technicien des Silos du Touch. L’entreprise, basée à 50 km au Sud-Ouest de Toulouse lui a proposé un contrat de soja pour l’alimentation humaine afin de fournir une filière export qui se faiblit pas.
ALLONGER LA ROTATION
Avant l’entrée dans la rotation du soja, il fonctionnait avec des successions de maïs ou un schéma maïs-tournesol-blé. Le soja a pris la place du tournesol et a même conquis des surfaces historiquement en maïs. «Normalement, les cycles des ravageurs tels que la sésamie ou la pyrale vont être perturbés grâce au soja entre deux maïs» explique l’agriculteur. Les attaques sur tournesol par les oiseaux, après le semis et avant la récolte, ont eu raison de la culture.
Les hivers chauds et la suppression de certains phytos ont compliqué la protection des cultures. L’arrivée de la protéagineuse sur l’exploitation présente un atout pour la gestion des adventices des céréales à paille. Mais Jean-Paul Natoly préfère aussi le soja pour sa vigueur à la levée : «la graine a plus de puissance qu’un tournesol. Une légère croûte de battance est facilement traversée.»
ITINÉRAIRE TECHNIQUE SIMPLE
«S’il est bien mené, le soja génère une aussi bonne marge qu’un maïs.» Pour bien faire, il doit être semé dans la deuxième quinzaine d’avril. Pour la préparation des terres, l’agriculteur passe les disques dans son couvert de féveroles puis le décompacteur. Après un passage de rotative, il implante le soja au monograine à 60 cm entre 400 000 et 500 000 grains/ha avec une fertilisation sur le rang en phosphore et potasse.
Il achète les big-bags de semence à un voisin équipé d’un trieur. Son expérience, bien que récente, lui a déjà prouvé que le semis après une pluie dans un sol réchauffé fonctionne bien : «il suffit que les prévisions annoncent 2 ou 3 jours de beau ensuite et la levée se fera vite !» Le roulage est une opération recommandée s’il y a des cailloux, notamment pour faciliter la récolte.
Jean-Paul Natoly juge la culture facile à désherber. Il faut cependant être vigilant sur la morelle : «elle tâche le grain de soja et il risque alors d’être déclassé !». Le xanthium et le datura doivent également être maîtrisés. Les punaises sont présentes au cœur de l’été mais les dégâts semblent minimes. L’agriculteur conçoit qu’avec les lignes d’arrosage intégral, il serait vraiment compliqué de devoir intervenir. Il estime d’ailleurs que l’irrigation est aussi importante pour la réussite du soja que pour un maïs. Grâce à un groupe sur l’application TalkAg, il échange avec des cultivateurs de tout le sud-ouest. Cet appui, mis en place par les Silos du Touch, est un moyen «enrichissant» de partager et d’apprendre.
CONTRATS : LE BON SENS
Pour sa troisième campagne, un bonus fidélité s’ajoutera au prix contractualisé au printemps. «Même si l’an dernier j’avais atteint 40 quintaux/ha, j’ai engagé mes 34 ha au printemps pour un rendement de 20 quintaux, précise l’agriculteur. Les silos du Touch annoncent 2 ou 3 prix dans l’année. Dans une logique de sécurisation mutuelle, ils nous conseillent de ne pas surestimer le rendement futur.» Les tonnes au-delà seront vendues au prix récolte annon-cé le 15 septembre. Conscient que la multiplication des passages dans les vis peut abimer les graines, Jean-Paul Natoly ne s’est pas engagé dans le stockage à ce jour. Les céréales historiques de la ferme prennent déjà de la place dans ses cellules. C’est donc son collecteur qui récupère le soja avant de rejoindre l’usine de transformation de Haute-Garonne. L’Asie est la destination finale des produits finis. En fin de périple, se trouvent des acheteurs avides de ce soja garanti non-OGM et reconnu pour sa qualité !
Flavien Roussel