Maïs semences : rémunération et baisse des surfaces au cœur des préoccupations
Retour sur l’assemblée générale du syndicat des producteurs de semences de maïs qui s’est tenue le jeudi 8 mars. Le “bon cru” 2017 n’efface pas toutes les craintes de la filière.
Le Syndicat des producteurs de semences maïs du Tarn (SPSMT) s’est réuni en assemblée générale le jeudi 8 mars à l’auditorium du Crédit agricole d’Albi. L’occasion pour le syndicat présidé par Pierre Vincens de faire le point sur l’exercice 2017. Une année jugée comme un «bon cru, malgré quelques inquiétudes en juin liées aux températures élevées», a souligné le vice-président Jean-Marc Fages. L’implantation avait été correcte. «Au 30 mai tout était semé, ce qui est exceptionnel», note le vice-président. Les castrations, elles-aussi ont été rapides et, au final, les rendements obtenus sont bons, avec une livraison moyenne de 104,4 % des objectifs, soit «la meilleure campagne depuis 2006», salue Emmanuel Boucher, responsable technique de la Chambre d’agriculture du Tarn.
Ces bons résultats ne suffisent cependant pas à faire oublier quelques aspects négatifs. D’abord la baisse des surfaces. Cette diminution est généralisée au niveau national mais davantage marquée à l’échelon départemental. Pour les 129 producteurs tarnais engagés dans cette filière, «on arrive à une surface moyenne de 9,7 hectares par exploitation. C’est la première fois que l’on produit aussi peu de surface», déplore Jean-Marc-Fages. L’autre aspect négatif concerne la rémunération. La légère hausse de revenu obtenue en 2017 est en effet très loin de combler les quelque 500 €/ha de baisse enregistrés ces cinq dernières années. «C’est un élément fort de nos préoccupations, déclare Pierre Vincens. Le CER Midi-Pyrénées indique dans une analyse qu’il nous faut nous diversifier sur des cultures à haute valeur ajoutée pour maintenir nos revenus, c’est la première fois que j’entends ça !» Au niveau de la problématique de l’eau, le président du SPSMT indique que «les choses avancent dans le bon sens» pour le projet de territoire de la vallée du Tescou. Le dialogue est désormais renoué entre tous les interlocuteurs, mais le plus dur reste sans doute à venir jusqu’à la concrétisation du projet annoncée pour cet été. Enfin, il a déploré la position du président Macron sur le glyphosate qui, malgré ses promesses de campagne, n’a pas voulu suivre la position de l’Europe.
Après une séance de questions réponses avec la salle, marquée par les relations producteurs-établissements compliquées en ce moment, l’assemblée générale s’est poursuivie avec l’intervention de Stéphane Desrieux, président du syndicat Rhône Alpes. «On est dans une vraie bonne filière, assure-t-il, mais qui continue de payer l’erreur de 2014», où les surfaces avaient explosé. «Il faut arrêter de rêver et se sortir de la tête qu’on augmentera les surfaces, déclare-t-il estimant la surface optimale pour la France à 60 000 (58 000 ha en 2017). Mais il faut aller chercher de la marge car la valeur de notre produit est bien là.»
Pour conclure, le professeur d’économie Loïc Steffan est intervenu sur le thème «quelle place pour l’agriculture dans notre société ?». Son analyse a montré que les marchés agricoles ne sont pas aussi libres que ce que l’on pense. L’influence de multinationales telles que Cargill ou le groupe Louis Dreyfus est capable d’intervenir fortement sur les marchés des commodités et d’influencer les cours. À partir d’expériences simples, il a également rappelé l’importance de la coopération, gage d’une répartition équitable de la valeur ajoutée et condition indispensable à la pérennité d’un système économique. Des mots qui prennent tout leur sens dans le contexte actuel de la filière.
D. MONNERY
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