Maïs semences : les producteurs tirent la sonnette d'alarme
Les aléas climatiques de 2020 ont pénalisé les résultats techniques de la filière dans un contexte de rentabilité toujours plus tendu.
L’année 2020 a été compliquée pour les producteurs de maïs semences, et le Tarn ne fait malheureusement pas figure d’exception. Tel est l’amer constat qui a été dressé lors de l’assemblée générale du Syndicat des producteurs de semences de maïs du Tarn (SPSMT), mercredi 10 mars dans les locaux de la Chambre d’agriculture.
Excès d’eau à l’implantation, chaleur caniculaire en été et épisodes de grêle ont eu raison des résultats techniques de la filière. Bilan : la moyenne technique du département tombe à 74%, quand la moyenne nationale s’en sort à peine mieux à 86%. "C’est le plus mauvais résultat depuis 2013", indique Emmanuel Boucher, animateur du syndicat tarnais.
Malgré cela, la compétitivité de la France à l’hectare est préservée car les autres pays producteurs d’Europe ont été confrontés aux mêmes difficultés. Toujours leader, la France produit près de 45% du programme européen.
Cette mauvaise année intervient dans un contexte de hausse des surfaces de production. Pour renflouer des stocks jugés insuffisants, les surfaces avaient en effet progressé de 17% en 2020 pour atteindre 80 395 ha en France. Dans le Tarn, la hausse des surfaces consacrées au maïs semence se chiffrait à 12%. Cela représentait un total de 1 823 ha (194 ha de plus qu’en 2019), répartis entre 112 exploitants (4 de moins qu’en 2019).
Les résultats techniques décevants n’ayant pas permis de regonfler les stocks à la hauteur des attentes, les surfaces devraient rester à ce niveau anormalement haut pour la filière, voire progresser encore pour la prochaine campagne.
"FRAGILISATION"
Autre point noir pour les producteurs : le prix. Dans le Tarn, le produit brut réalisé (PBR) par les producteurs subit une troisième année de baisse consécutive pour s’établir à 3 524€, son deuxième plus bas niveau depuis 2012. Nicolas Montepagano, chargé de mission à l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM), a montré que ce PBR a diminué de 1 000 € en dix, en moyenne au niveau national. Conséquence : "On remarque une fragilisation et une certaine désillusion de certains producteurs en France", indique-t-il. Le paradoxe, c’est que le marché continue de se développer, "mais à l’opposé de la rémunération des producteurs, regrette Nicolas Montepagano. Le marché reste créateur de valeur, avec une tendance haussière à l’export."
"Nous avons vraiment besoin d’une revalorisation pour les producteurs auprès des établissements", insiste Lionel Miquel, vice-président du SPSMT. "Cela fait quatre ans que nous tirons la sonnette d’alarme, mais elle est toujours plus grande", abonde, Pierre Vincens, président du SPSMT.
La lutte contre la prédation des sangliers et des corvidés reste une problématique de taille et récurrente pour les producteurs tarnais. Pierre Vincens a indiqué que le SPSMT était prêt à accompagner financièrement les volontaires désireux de s’équiper de pièges pour les corneilles. Des accompagnements sont également possibles en matière d’irrigation. Il ne faut pas hésiter à contacter le syndicat pour se renseigner.
D. Monnery