Le gel met à mal les productions viticoles et arboricoles tarnaises
Déjà très impactés par les conséquences de la crise sanitaire, les viticulteurs tarnais sont confrontés à un grave épisode de gel. Les arboriculteurs ont, eux aussi, été très touchés.
Déjà très impactés par les conséquences de la crise sanitaire, les viticulteurs tarnais sont confrontés à un grave épisode de gel. Les arboriculteurs ont, eux aussi, été très touchés.
Le Tarn n'a pas été épargné par la vague de froid exceptionnelle qui s'est abattue sur la France la semaine dernière et ce mardi matin. Les vignes et les arbres fruitiers, particulièrement sensibles à ce stade du printemps, ont beaucoup souffert de la chute du mercure.
La semaine dernière, "le gel a touché le vignoble de manière assez sévère sur Cunac, jusqu'à 100% pour certaines parcelles", indique Thierry Massol, conseiller viticulture à la Chambre d'agriculture. "Mes sondes ont enregistré des températures descendues à -6°, confirme Sébastien Féral, viticulteur à Cunac. Je n'ai pas le souvenir de températures aussi basses depuis mon installation. À ces températures-là, plus rien ne résiste." Il estime sa perte de production entre 70% et 80%. L'assurance qu'il a contractée contre le gel l'aidera à surmonter cette épreuve, mais ce n'est pas le cas de tous les viticulteurs. Et cela ne réglera pas tout. "C'est onéreux, mais je suis content de l'avoir prise. Cela aidera à passer le coup mais cela ne rattrapera jamais la perte effective, on ne vit pas avec les assurances." D'autant que la vigne demandera beaucoup d'attention après ce stress climatique. "Après une grosse gelée comme ça, la pousse est très hétérogène et demande beaucoup plus de travail de taille", commente le viticulteur.
Ailleurs dans le vignoble gaillacois, le gel s'est aussi montré mordant. La semaine dernière, les dégâts étaient restés hétérogènes selon les parcelles. Mais le dernier épisode de gel, ce mardi matin, a fini par toucher tous les secteurs. "La gelée n'a pas été plus froide que la semaine dernière mais elle a sans doute duré une bonne partie de la nuit, constate François Fabre, responsable de la section viticulture de la FDSEA. Toute la partie vallée du Tarn a été sérieusement touchée, avec des parcelles gelées à plus de deux tiers pour au moins la moitié d'entre-elles." Pour Cédric Carcenac, président de la Maison des vins, "tout cumulé, on sera sans doute à un minimum de 50% de perte au niveau du vignoble, sachant que certains ont tout perdu." Et que le gel n'a peut-être pas dit son dernier mot... "On fait le tour de tout le monde avec la Chambre d'agriculture et la Maison des vins pour connaître la situation exacte, poursuit Cédric Carcenac. Il est important que tout le monde réponde, il en va de la reconnaissance de cette situation dramatique. On espère maintenant que l'Etat sera à la hauteur de cet enjeu monumental qui peut mettre le vignoble à mal." Cet épisode climatique vient en effet alourdir un contexte déjà plombant pour la profession, entre les taxes Trumps qui ont freiné l'export et la fermeture des bars et des restaurants qui fait tourner les ventes au ralenti.
PAS DE FRUITS CET ETE
Pour les arboriculteurs, il n'y a pas eu de miracle non plus. "Nos alarmes ont commencé à sonner aux alentours de 22h dans la nuit de mercredi à jeudi, les arbres ont donc été exposés très longuement au gel", témoigne Thierry Garrigues, à la tête des vergers du Bosquet à Senouillac et responsable du syndicat des arboriculteurs de la FDSEA du Tarn. La température est descendue jusqu'à -4° sur le verger tarnais, alors que la littérature fixe le seuil critique à -2,5°. "Toute la production des fruits d'été à noyau (pêche, nectarine, abricots...) a été perdue", résume Thierry Garrigues. Sur les pommiers, "les fleurs ont gelé jusqu'à 90% sur certaines parcelles. Mais les dégâts sont très ciblés. Cela varie beaucoup d'une exploitation à l'autre. Au sein d'une même parcelle, on peut trouver des arbres très touchés dans coin et d'autres qui s'en sortent bien à l'autre coin." L'évaluation des dégâts reste donc compliquée. "Il y a encore quelques fleurs qui ne sont pas ouvertes, observe Thierry Garrigues. On mesurera réellement les pertes d'ici la mi-mai, dans la mesure où l'on verra, ou pas, des fruits."
D. Monnery