Le foncier agricole résiste tant bien que mal à la crise financière
Les Safer assurent la transparence du marché foncier et sont chargées avec leur fédération nationale de l'analyse des ventes sur leur circonscription. Zoom sur la situation des trois départements Tarn, Aveyron et Lot.
L'ensemble du marché foncier rural (biens notifiés et rétrocessions de la Safalt) atteint en 2008, 19 881 ha restant ainsi au même niveau que l'année précédente bien que les surfaces rétrocédées par la Safalt aient sensiblement diminué. Alors que le nombre de transactions a diminué nettement (-11 %) et les valeurs encore plus (-24 %), les surfaces mises en marchés avoisinent encore cette année les 20000 ha. La crise financière et la récession immobilière ont en fait affecté la partie non agricole du marché, qui s'est installée dans une baisse du nombre de ventes et des prix. Cette baisse frappe les trois département à peu près dans les mêmes proportions. Pour le département du Tarn, le nombre de ventes baisse de 12% et les prix baissent d'un quart.
Ce recul du nombre de ventes et des flux financiers globaux s'est engagé dès le mois de janvier 2008 selon les tableaux mensuels des notifications reçues par la Safalt.
Le travail d'analyse statistique de ces éléments sous-tend la détermination de la politique foncière et l'action que la Safer conduit à travers ses propres acquisitions et rétrocessions.
La structure du marché foncier et son évolution
Le marché global peut très schématiquement être subdivisé en deux constituants principaux :
- Le marché des biens purement agricoles, formé par les acquisitions des agriculteurs y compris les achats par les fermiers preneurs en place portant sur des surfaces et des bâtiments destinés à la production agricole, ainsi que par les rétrocessions de la Safer correspondant à cette destination agricole.
- Le marché des biens non agricoles qui perdent au moment de la vente ou antérieurement l'usage agricole pour des destinations diverses. Il s'agit aussi bien des terrains artificialisés que des terrains de loisirs, de landes, bois et forêts.
En superficie, le marché agricole représentait en 2008, près de 15 000 ha alors qu'il était de 16746 ha en 2006. Il représente toujours près de 80 % du marché total. Un pourcentage qui reste stable. La part acquise par les fermiers a tendance à rester stable et représente un peu moins de 18 % en 2008.
En 2007, la Safalt avait constaté une nette fermeture du marché agricole qui avait perdu 1800 ha (-10 %). En 2008, la progression est sensible (+3%) mais ne compense pas le repli de 2007. Dans le Tarn, comme dans l'Aveyron, le marché est orienté à la baisse en terme de surface. Dans le Lot, à l'inverse, plus de 1000 ha de plus ont été vendus en 2008 par rapport à 2007.
Le nombre de ventes accuse une légère baisse sur les trois département : -3,6 % au total.
Quant aux flux financiers globaux à caractère agricole, ils accusent une diminution sensible de 11 % traduisant l'incertitude de l'économie.
Autre élément à observer, l'évolution de deux sous-marchés agricoles : celui des surfaces vendues avec bâtiments et celui des surfaces mutées sans bâtiment. La proportion bâti/non bâti s'établit à 30%/ 70%.
En 2008, on a observé une légère baisse des surfaces accompagnées de fonds bâtis, et une augmentation sensible des fonds vendus sans bâtiment. Le marché avec bâti diminue nettement dans l'Aveyron et un peu dans le Tarn. Il augmente dans le Lot.
L'évolution du prix des terres agricoles
Les terres et prés libres non bâtis acquis par les agriculteurs ont évolué de la manière suivante en moyenne triennale :
- Pour l'Aveyron, de 6590 € à 6720 € par ha (+2%) ;
- Pour le Lot de 6050 € à 5590 € par ha (-7,6%) ;
- Pour le Tarn de 4890€ à 5262€ par ha (+7,6%).
Ces moyennes cachent une grande disparité pour chaque département selon les petites régions agricoles qui les constituent. Les prix de l'Aveyron et du Tarn ont tendance à rester stables depuis deux ans alors qu'on observe une tendance à la baisse dans le Lot. Ces constats s'appliquent aux terres et prés destinés à l'agriculture sans plus-value de situation, car il existe des espaces de fortes tensions sur les prix près des zones à urbaniser ou lorsque les biens peuvent avoir une destination de loisir. La forte demande de restructuration parcellaire crée aussi une tension sur les prix dans notre région.