Lautrec : la coopérative Alinéa valorise les déchets d’ail
Dans le cadre du territoire Lautrécois Pays d'Agout, le Paysan Tarnais est allé à la rencontre de Pascal Pelissou, responsable du site tarnais pour parler de leur initiative : valoriser les déchets d'ail pour financer la recherche. Explications.
Transformer des déchets en argent, c’est possible. La coopérative Alinéa en fait à son tour la démonstration avec une initiative innovante et prometteuse. Depuis un an, elle valorise les écarts de production dans le but de financer la recherche.
«Dans un souci environnemental et économique, la coopérative se propose de transformer la con-trainte que représente les déchets d’ail en atout pour le financement de la recherche», résume Christian Pelissou, responsable du site tarnais. Tout cet ail gâté, impropre à la commercialisation, était en effet jusque-là voué à pourrir au fond des champs ou à finir brûlé. Un contact avec la société Ferrant PHE, producteur d’huiles essentielles basé dans le Pas-de-Calais, a tout changé. «Elle recherchait de l’ail mais à 0,20€ le kg, raconte Christian Pelissou. Il était hors de question de vendre nos produits à ce prix-là. Mais l’ail qu’on ne pouvait pas vendre lui convenait très bien…» Si bien que le client s’engage même à prendre tout le volume disponible, quelles que soient les variations d’une année à l’autre. Cette huile essentielle est valorisée dans les cosmétiques et la parfumerie pour neutraliser les odeurs de certains composants, et dans alimentation.
Tout à y gagner
L’entreprise de transports Castres Loca-bennes, partenaire historique d’Alinéa, met gracieusement une benne à disposition dans la cour de la coopérative. Les producteurs sont invités à venir y déposer leurs déchets. Et c’est là qu’il faut se montrer convaincant pour inciter les adhérents (et même les non adhérents qui le souhaitent) à jouer le jeu. Car ils ont tout à y gagner.
«La filière ail rose marche bien, mais elle reste petite et fragile, tout le monde la connaît mais pour autant son importance est marginale par rapport à la production mondiale, remarque Christian Pelissou. On a donc décidé de prendre le taureau par les cornes et de mettre nos compétences en action pour autofinancer une partie de la recherche. Dès qu’on veut faire des analyses Inra, par exemple, tout est payant.» Les fonds récupérés dans le cadre de la valorisation des déchets d’ail seront donc entièrement utilisés pour aider la coopérative à avancer et à développer la filière.
25 tonnes ont déjà été collectées pour cette première année. Le montant final récolté sera communiqué aux adhérents via Alinéa mag, le magazine de communication de la coopérative.
«Il faut maintenant que cette pratique entre dans les mœurs, constate Christian Pelissou. Il ne faut pas hésiter à amener ses déchets à la coopérative. Une bonne idée ne vaut que si elle est partagée par tous.»
David Monnery
Retrouvez l'intégralité du dossier territoire Lautrecois Pays d'Agout dans l'édition en ligne
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Alinéa à Lautrec, c’est :
> 13 salariés en CDI, et jusqu’à 30 ETP avec les saisonniers de fin juillet à mars.
> 40 adhérents en semences certifiées
> 140 adhérents en ail de consommation
> 2 500 tonnes de produits vendus par an
Commercialisation :
> Semences : 80% des semences servent à la production locale. Les 20% restants sont écoulés dans les graineteries.
> Ail de consommation : 50% des ventes en GMS, 30% auprès des grossistes et MIN de Rungis, 20% à l’export, principalement au sein de l’Union européenne et aux États-Unis.