Flavescence dorée : «La situation est vraiment très préoccupante»
La prospection menée dans le vignoble par la Maison des vins en partenariat avec la Chambre d’agriculture du Tarn et la Draaf a révélé une «explosion» des symptômes en 2017.
Le signal d’alarme
«La situation n’est pas bonne du tout, nous avons détecté de nombreux foyers où les symptômes de la flavescence dorée étaient très visibles durant cette campagne 2017, alerte le directeur de la Maison des vins de Gaillac. Ce n’est pas propre au Tarn et au vignoble de Gaillac mais nous en parlons de plus en plus car la situation est vraiment très préoccupante.» Ce constat, Xavier Raffenne le dresse suite à la prospection réalisée sur 2 700 ha, soit près de la moitié du vignoble gaillacois, en partenariat avec la Chambre d’agriculture du Tarn et la Draaf, de septembre à octobre, quand les symptômes(*) sont les plus visibles. Il en ressort une véritable «explosion» en 2017.
Le vignoble, fragilisé par le gel d’avril et la sécheresse, a-t-il exprimé plus clairement les symptômes de la maladie cette année ? La question reste en suspens. Reste que la seule solution en cas de détection des symptômes est l’arrachage du pied malade. «Il n’y a pas d’alternative, rappelle Xavier Raffenne. C’est obligatoire et il faut agir vite car la maladie se propage rapidement et, au-delà de 20 % de pieds touchés, c’est toute la parcelle qu’il faut arracher.»
Ne souhaitant pas communiquer de renseignements plus précis sur le nombre de pieds arrachés cette année ou sur des zones particulièrement vulnérables, «car ces données pourraient être mal interprétées», Xavier Raffenne préfère insister sur la nécessité d’une prise de conscience collective, car tout le vignoble est con-cerné. «Il faut absolument communiquer sur ce sujet pour que tout le monde prenne vraiment la mesure de ce qui se passe. Or tous les viticulteurs n’ont pas encore conscience de l’importance de cette maladie…» Ses conséquences sont pourtant très graves puisque la totalité de la récolte peut être détruite si les grappes ou les inflorescences ont présenté des symptômes. À terme, le phytoplasme provoque la mort du cep.
Quels cépages touchés ?
Tous les cépages sont des victimes potentielles. Mais tous ne déclarent pas les symptômes de la même façon. «Les signes de la maladie sont plus visibles sur les cépages rouges», note Xavier Raffenne. Le Gamay exprime ainsi très clairement les symptômes propres à la maladie. C’est moins le cas pour la Syrah en revanche, et pour les cépages blancs en général, a fortiori pour le Loin de l’œil. Ce qui n’est pas sans poser des problèmes, comme l’explique Olivier Yobregat, ingénieur agronome à l’IFV : «Ces cépages les moins expressifs sont potentiellement les plus dangereux car on détecte moins facilement la maladie. Or ce n’est pas parce que les symptômes sont atténués et moins expressifs que la maladie ne se propage pas.»
Comment et quand traiter ?
«Il faut déjà rappeler que le traitement, comme l’autoprospection, est obligatoire, souligne Xavier Raffenne qui pointe «un peu de laisser-aller dans le vignoble par rapport à cela». «Cette maladie très connue depuis les années 1960 est liée au cycle de la cicadelle qui naît, mange, se reproduit et meurt sur la vigne, indique Olivier Yobregat. Si on traite la vigne, on en détruit donc une grande partie.» Des dizaines d’insecticides pour lutter contre le vecteur Scaphoïdeus titanus sont disponibles sur le marché et efficaces en la matière. Il n’en existe en revanche qu’un seul pour les cultures en agriculture biologique. Dans tous les cas, il est surtout très important d’appliquer le traitement au bon moment. Compte tenu du délai d’incubation, «il faut appliquer un premier traitement un mois après la première éclosion et le renouveler à la limite de rémanence du traitement, soit 10 ou 15 jours plus tard», indique Olivier Yobregat.
Autre élément important à surveiller : dans les abords de parcelles, il est courant de trouver des vignes ensauvagées ou des repousses de porte-greffes. Ces vignes peuvent constituer des réservoirs à phytoplasme et/ou à cicadelles. Il est donc important de les éliminer.
D. MONNERY
(*) Coloration du feuillage (rougissement sur cépage rouge, jaunissement sur cépages blancs), bois mal ou non aoûté, mortalité des inflorescences ou flétrissement des baies.