Flavescence dorée : ce qu’il faut savoir pour l’éliminer
Face à la recrudescence de la maladie depuis l’an dernier, une formation a été dispensée par la Chambre d’agriculture du Tarn et la Maison des vins pour identifier les symptômes.
Une formation à la reconnaissance des symptômes de la flavescence dorée était organisée lundi 27 août par la Chambre d’agriculture du Tarn. Virginie Viguès, conseillère viticulture, a présenté les signes de la maladie sur une parcelle du vignoble gaillacois porteuse des stigmates. L’enjeu de cette matinée était d’autant plus important que la prospection réalisée l’an dernier dans le Tarn a révélé une forte pression de la flavescence dorée, avec 8 438 pieds détectés et neuf foyers comptant entre 20 % et 100 % de pieds malades. «La flavescence dorée est toujours bien présente sur le vignoble tarnais, les efforts d’assainissement ne doivent pas être relâchés», comme le souligne le bulletin spécial édité cet été par la Chambre d’agriculture du Tarn.
Quatre prospecteurs entamaient d’ailleurs le jour-même leur mission de deux mois dans le vignoble gaillacois, sous l’égide de la Maison des vins. Jusqu’à fin octobre, Julien, Nicolas, Théophile et Flavien vont sillonner 3 500 hectares à travers le vignoble, en quad ou à pied, à la recherche de pieds porteurs de la maladie. Quand ils découvriront un pied malade, ils pourront soit le couper si le propriétaire de la parcelle leur a donné son accord, soit le marquer à la bombe de peinture pour que le vigneron se charge de l’arracher.
En complément de cette action, les agents de la Fredon Occitanie (fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles) seront mobilisés durant cinq jours dans le vignoble d’ici début octobre pour peaufiner cette prospection.
Par ailleurs, d’ici la fin de l’année, un Gdon (groupement de défense contre les organismes nuisibles) sera créé dans le vignoble gaillacois pour suivre les évolutions réglementaires et se substituer à l’action jusqu’ici prise en charge par la Maison des vins. Ce Gdon, qui sera animé par une demi-douzaine de viticulteurs professionnels, aura pour missions de collecter les aides financières existantes en vue de réaliser la prospection, d’assurer la surveillance du vignoble et d’accompagner les viticulteurs face à cette maladie. «La flavescence dorée, c’est une aiguille dans une botte de foin qui touche malheureusement tout le monde, quel que soit le mode de culture, note Lucas Merlo du domaine Laubarel. Le Gdon agira comme une cellule de veille et rappellera les obligations de traitement et d’arrachage. Même si cela ne fait plaisir à personne de traiter, on n’a malheureusement pas le choix. Il ne faut pas penser qu’à son jardin mais prendre également en compte l’intérêt collectif car cette maladie n’a pas de frontières. Il est important de protéger notre patrimoine et les vignes mères qui constituent l’avenir du vignoble pour les cépages autochtones.»
David Monnery
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L’essentiel de la maladie en trois questions
> La flavescence dorée, c’est quoi ?
C’est un phytoplasme, «entre une bactérie et un virus», explique Virginie Viguès, conseillère viticulture de la Chambre d’agriculture du Tarn. Localisé dans le liber, ce phytoplasme est aspiré par la cicadelle, insecte inféodé à la vigne, qui vient piquer le pied pour se nourrir. Au terme d’un processus de digestion d’un mois, la cicadelle devient infectieuse et peut alors contaminer un pied sain en allant le piquer. Celui-ci développera les signes de la maladie un an plus tard.
> Quels sont les symptômes ?
• Enroulement des feuilles
• Coloration des feuilles (en rouge pour les cépages rouges, en jaune pour les cépages blancs)
• Non aoûtement des rameaux, ce qui se traduit par un port tombant
• Flétrissement des baies
• Dépérissement de la souche
• Absence de récolte
• Mort du cep au bout de deux ou trois ans.
> Que faire ?
Face à un pied malade, une seule solution : l’arrachage. Le recépage est vain, car le phytoplasme, localisé dans les racines, infectera de façon certaine le nouveau pied à plus ou moins long terme.
En prévention, dans le vignoble tarnais deux traitements insecticides sont obligatoires, et un troisième est soumis à l’analyse de risque. Un premier traitement larvaire est placé 30 jours après les éclosions. Puis un deuxième traitement est placé en fin de rémanence du premier. Le troisième traitement (adulticide pour les viticulteurs en conventionnel mais larvicide pour les viticilteurs en bio) est réalisé lorsque les populations d’adultes de la cicadelle sont plus nombreuses.
Comme dans toute la France, un arrêté préfectoral régit les modalités de gestion de cette maladie classée organisme de quarantaine par l’Union européenne depuis 1993. Cet arrêté rend obligatoire la déclaration de la maladie, l’arrachage des pieds malades et la lutte contre le vecteur. Le choix des dates de traitements obligatoires et leur diffusion auprès des viticulteurs sont assurés par l’intermédiaire du bulletin de santé du végétal.