Dégâts du gel : à situation exceptionnelle, visite exceptionnelle
Élus, administration et OPA ont répondu nombreux à l’invitation de la Chambre d’agriculture du Tarn, avec la FDSEA et les JA, pour constater l’ampleur des dégâts dans le vignoble et les vergers tarnais.
Face à l’ampleur de la catastrophe liée au gel dans le vignoble et les vergers tarnais, il était important de réagir vite pour soutenir les agriculteurs concernés. C’était tout le sens de la visite organisée ce samedi 17 avril par la Chambre d’agriculture du Tarn, avec le soutien de la FDSEA et des JA mais aussi la Maison des Vins. Les élus du département et les représentants de l’administration étaient conviés à venir constater les dégâts sur le terrain, au pied des pommiers des Vergers du Bosquet, à Senouillac, et entre les ceps de vigne de l’EARL de Lendrevie, à Brens. "Il était important de donner le même niveau d’information à tout le monde", justifie Jean-Claude Huc, président de la Chambre d’agriculture du Tarn. Et du monde, il y en a eu.
Le président du Département, Christophe Ramond, était accompagné de plusieurs conseillers départementaux. Jean-Marc Balaran, président de l’association des maires était également présent. Les députés Muriel Roques-Étienne et Jean Terlier étaient présents pendant que Marie-Christine Verdier-Jouclas accompagnait le déplacement du Premier Ministre dans l’Hérault au même moment. Le vice-président de la Région, Jean-Louis Cazaubon, avait également fait le déplacement avec des élus régionaux. L’administration était représentée par le secrétaire général de la préfecture, Michel Laborie, et le directeur départemental des territoires, François Cazottes. Le président de la MSA, Jean-Pierre Dilé, de Groupama, Alain Puech, et la vice-présidente de la caisse régionale du Crédit Agricole, Patricia Rossoni, sont également venus. Tous ont pris la parole pour assurer qu’ils étaient dès à présent pleinement mobilisés afin d’accompagner au mieux les agriculteurs victimes de cette catastrophe climatique, d’une ampleur rarement atteinte.
"DOUZE MATINEES DE GEL"
"Douze matinées de gel ont été recensées depuis le 20 mars", a présenté l’arboriculteur Thierry Garrigues, à la tête des Vergers du Bosquet à Senouillac, et responsable du syndicat des arboriculteurs de la FDSEA du Tarn. Les pertes sont estimées à 80% de la production sur son exploitation. Tous les fruits à noyaux (cerises, abricots, prunes…) sont tombés. Seuls les kiwis ont pu être protégés par aspersion. Une technique bien trop compliquée à reproduire sur son verger pour protéger les pommiers. Les dégâts du gel ont été d’autant plus conséquents que les fortes chaleurs de mars et le retour du beau temps entre chaque gelée ont encouragé le développement de la végétation. "La météo est de plus en plus chaotique avec des phénomènes extrêmes plus fréquents", constate Thierry Garrigues. Parmi les problématiques soulevées par cette crise, la question du chômage partiel, pour préserver les emplois et les compétences au sein des exploitations, apparaît en bonne place.
NE PAS PERDRE DE MARCHES
Un peu plus loin, à Brens, le viticulteur Pascal Pélissou, de l’Earl de Lendrevie, fait le même constat dans ses rangées de vigne. Aucune des parcelles de ce coopérateur Vinovalie n’a été épargnée par le gel. Les dégâts vont de 20% à 100% selon leur exposition. "J’estime aujourd’hui la perte globale à 75%, a indiqué le viticulteur. Mais il faut attendre encore trois semaines pour voir ce qui va redémarrer ou pas." Ce qui redémarrera de façon certaine, c’est la repousse en buisson de la végétation sur les pieds de vigne, qui compliquera grandement le prochain chantier de taille.
"Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille", disait Jacques Chirac. Ce ne sont pas les viticulteurs tarnais qui diront le contraire, eux qui traversent déjà une sérieuse zone de turbulences à cause des freins à l’export imputables à Donald Trump et à la baisse de la consommation dûe à toutes les fermetures liées à la Covid-19. "La situation était malheureusement déjà alarmante avant le gel", a confirmé Louis de Faramond, président de l’AOP Gaillac, représentant Cédric Carcenac, président de la Maison des vins.
Les présidents des deux caves coopératives, Jean-Luc Constans pour Vinovalie, et Alain Fonvieille pour la Maison Labastide, redoutent la perte de marchés faute de production suffisante en 2022. "Les marchés perdus sont toujours très compliqués à reconquérir. On aura donc besoin de soutien sur plusieurs années", ont-ils annoncé.
D. Monnery
Ils ont dit...
Jean-Claude Huc, président de la Chambre d’agriculture du Tarn : "Je suis content de constater une forte mobilisation pour cette visite. L’objectif de cette rencontre est d’aller dans l’instantanée pour donner le même niveau d’information à tout le monde. La situation est exceptionnelle : cela fait deux semaines qu’on ne parle que de gel tous les matins. Au-delà des procédures ordinaires, il faudra mobiliser toutes les forces que nous pourrons rassembler pour traverser cette crise."
Philippe Jougla, président de la FDSEA du Tarn : "Merci de vous afficher aujourd’hui aux côtés des agriculteurs pour leur dire que vous êtes là. C’est important pour faire face à la première vague de cette catastrophe historique qui atteint le moral des exploitants. La deuxième vague, c’est le côté économique : il faudra trouver les moyens pour aider les agriculteurs touchés à franchir le cap. Et dans un troisième temps, il faudra anticiper les prochaines fois. Il est notamment urgent d’avancer sur les questions d’assurance."
Christophe Rieunau,président des Jeunes Agriculteurs du Tarn : "La pire catastrophe agronomique de ce début de siècle arrive en même temps que la pire catastrophe sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 qui met à mal l’économie de nos exploitations. Il faut un soutien fort pour que tout le monde puisse s’en relever. Nous, les jeunes, on a besoin de perspectives et de solutions pour protéger nos cultures et l’économie de nos exploitations."