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Technique
Combien coûte l'entretien mécanique de votre sol ?

Premières dépenses en viticulture biologique, le travail du sol et la gestion des engrais verts peuvent entraîner des frais significativement différents. Une étude a été réalisée en Occitanie. 

Sudvinbio, la Chambre d’agriculture de l’Hérault, la Fédération régionale des Cuma et l’IFV ont mené une étude entre 2016 et 2019 visant à identifier des itinéraires techniques de travail du sol qui optimisent les coûts de production et la consommation des énergies fossiles.
© L. Vimond/JC Gutner

Présentés au Sitevi 2019, les résultats du projet «Optimisation des itinéraires techniques d’entretien du sol en viticulture biologique en vue de réduire les coûts de production et la consommation des énergies fossiles», font suite à trois années d’étude, pilotées par Sudvinbio. Les mesures ont été réalisées en partenariat avec la chambre d’agriculture de l’Hérault, la Fédération régionale des Cuma et l’IFV, avec la participation de 334 viticulteurs de la région Occitanie, dont 129 en agriculture biologique.

L’un maximise les rendements, l’autre le couvert végétal

Après avoir présenté une synthèse des principales stratégies d’entretien du sol dans la région, les différents intervenants sont revenus sur les facteurs influençant la consommation de GNR – gazole non routier – et les leviers à mettre en place pour alléger la facture énergétique. Pour Nicolas Constant, ingénieur chez Sudvinbio, «le travail du sol est le poste principal de consommation de gazole lorsque l’on n’utilise pas d’herbicides, a-t-il introduit. Mais cette consommation peut-être très variable selon la stratégie employée.» 
Ses travaux portent sur le suivi de consommation de GNR de deux domaines produisant des IGP Oc en bio au cours des millésimes 2016, 2017 et 2018. Les deux domaines cultivent la vigne sur des sols productifs (limono-sableux, pas de cailloux, pente très faible), mais ont néanmoins des stratégies d’entretien radicalement opposées. «Le domaine A cherche à maximiser ses rendements en limitant l’enherbement toute l’année alors que le domaine B maximise le couvert, en plein en hiver, et uniquement dans l’inter-rang en été», expose Nicolas Constant. Le domaine A exploite 70 ha et le domaine B 30 ha.

Une consommation de GNR varie presque du simple au triple

Concrètement, le domaine A a effectué 8 à 9 interventions par hectare et par an. La première année, il a fait l’acquisition d’un intercep passif, réputé pour avoir une faible consommation de GNR. «Mais il a rapidement abandonné l’outil car il s’est montré fragile et cher à l’entretien», rapporte Nicolas Constant. En 2017, le viticulteur a utilisé une houe rotative à axe horizontal pour contrôler les adventices dans l’inter-rang. «Cette seule intervention consomme 20 l/ha, soit 30 % de la consommation de l’année», peut-on lire dans le rapport de l’étude. La consommation annuelle de GNR du domaine A varie de 40 à 64 hl/ha, soit en cumulé un total de 160 l de GNR consommés par hectare sur trois ans. «Sachant que 1 l de GNR consommé représente une émission de 2,67 kg de CO2, le domaine a émis environ 0,43 tonne de CO2/ha selon cette stratégie sur la période étudiée.»
Le domaine B cumule quant à lui entre 6 et 7 interventions par hectare et par an. Il effectue un roulage au printemps pour entretenir les couverts végétaux semés sous couvert à l’automne, chose que son collègue du domaine A ne fait pas. «Le viticulteur combine les interventions d’entretien du couvert sur le rang et dans l’inter-rang avec le rouleau et les lames bineuses», indique Nicolas Constant. Sa consommation annuelle de GNR est nettement moins variable, et oscille entre 19 et 26 l/ha/an. Au total sur trois ans, le domaine B a consommé 67 litres de GNR/ha, «soit 0,18 tonne de CO2 émis/ha sur trois ans.» Ce qui porte en moyenne à 56 % les écarts de consommation entre les deux domaines, alors même que les différences de rendements ne sont pas si élevées (80 hl/ha pour le domaine A et 70 hl/ha pour le domaine B).

Des écarts significatifs sur les coûts de production

Pour déterminer les coûts de production, Nicolas Constant a tenu compte des prix catalogue des outils amortis sur sept ans et a estimé les frais de main-d’œuvre à 19 €/h. Au moment du bilan, le prix du GNR était de 0,92 €/l. Ainsi, la stratégie du domaine A coûte en moyenne 406 €/ha, contre 302 €/ha pour celle du domaine B. «Sur l’organisation des travaux, nous avons constaté que le domaine A a consacré environ 9 h 30/ha/an, et le domaine B environ 7 h 30/ha/an», ajoute Nicolas Constant. Mais attention, ces coûts sont à mettre en relation à la fois avec les configurations parcellaires et avec les débits de chantiers qui sont dans les deux cas relativement élevés, à savoir entre 6 et 7 km/h. «Dès que l’on est sur des coteaux, les coûts de production sont tout de suite plus importants car les débits de chantier sont plus faibles et par conséquent les coûts de la main-d’œuvre augmentent.» D’après son étude, la main-d’œuvre représente quasiment la moitié du coût de l’intervention. «Dans les vignobles en forte pente, on est sur une impasse technique», alerte Éric Chantelot, directeur du pôle Rhône-méditerranée de l’IFV.
Il souligne par ailleurs qu’au-delà du coût, les principaux freins aux stratégies d’entretien mécanique sont «l’incapacité des constructeurs à fournir du matériel adapté» d’une part, et «le manque de main-d’œuvre qualifiée» d’autre part, en lien avec le fait que les besoins se concentrent sur une période de trois mois. «Il faut impérativement développer les filières de formation et les redynamiser.»

Important
Dans le Tarn, la séquence de travail est différente de l’exemple héraultais. Les sols, la répartition dans le temps et les volumes de précipitations nécessitent un autre type de séquence. Les premiers passages sont plutôt réalisés avec des disques crénelés avant les lames intercep.

Quatre façons de connaître sa consommation en carburant

Pour mieux connaître sa consommation de GNR au cours d’une intervention, les chercheurs ont identifié quatre astuces plus ou moins faciles à mettre en place :
> La méthode des pleins : simple à mettre en œuvre, elle consiste à faire les pleins avant et après l’intervention et à mesurer grâce à une éprouvette la quantité de carburant ajoutée. La précision de cette méthode laisse toutefois à désirer
> Se référer à l’ordinateur de bord : de nombreux tracteurs ont un ordinateur de bord qui mesure la consommation instantanée en l/h. Il faut toutefois connaître le débit de chantier pour assurer la conversion en l/ha. Pour plus de fiabilité, il est recommandé d’effectuer une comparaison avec des données obtenues autrement, par exemple via la méthode des pleins.
> La méthode des pesées : cette méthode pourra être utilisée par ceux que la mécanique n’effraie pas. Il faut dériver le circuit d’alimentation du moteur et le brancher sur un réservoir amovible rempli de carburant, que l’on pèse avant et après l’intervention à l’aide d’une bascule. Cette méthode, complexe, est par contre d’une grande précision.
> Utiliser un débitmètre connecté : des fabricants proposent des débitmètres à installer sur le circuit de gazole du tracteur. C’est très précis et cela permet d’accumuler des données en temps réel, mais c’est aussi très cher.
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