Vignoble de Gaillac : réussir dans la mutation du marché des vins français
La nouvelle segmentation des vins (AOP, IGP et vins sans IG) commence à transformer les marchés des vins français. Quelles stratégies adopter ? Le Paysan Tarnais du 23 décembre consacre un dossier complet sur la filière et ses enjeux.
La nouvelle organisation commune de marché – OCM vin – mise en place par l’Union européenne pour la période 2008 – 2013 vient complètement bouleverser le marché du vin français. De nouvelles catégories viennent encadrer la politique de qualité :
- les appellations d’origine contrôlée (AOC) portent le nom d’appellations d’origine protégée (AOP) ;
- les vins de pays sont remplacés par les indications géographiques protégées (IGP) ;
- les vins de table sont maintenant appelés vins sans indication géographique (vins sans IG) ou Vins de France.
La grande révolution vient du fait, que pour cette dernière catégorie, il est désormais possible de mentionner le cépage et le millésime. Ceci était interdit auparavant pour les vins de table.
La nouvelle OCM augmente en parallèle la marge de manœuvre sur la gestion et l’usage des pratiques œnologiques. De nombreux outils sont désormais offerts aux opérateurs pour répondre à la demande internationale, tout en optimisant les coûts de production.
«Cette réforme était demandée depuis longtemps par les négociants» rappelle Bernard Petiot, directeur de la maison des vins de Gaillac. «Elle a pour objectif de pouvoir aller conquérir des marchés «cépage / marque». ». Sur ces marchés la marge commerciale restera à l’aval. Pour le producteur, c’est le risque de voir diminuer son produit brut à l’hectare. Pour compenser, il faudra qu’il progresse sur ces rendements. Ces efforts sont encore une fois demandés à la production. Côté metteurs en marché, par contre, c’est tout «bénef» !»
Pour l’instant, le marché des vins ne souffre pas de cette évolution de la réglementation. Mais tout laisse à penser que les cours profitent actuellement de plusieurs petites récoltes successives en Europe. Qu’en sera-t-il sur une année de gros volumes ? En attendant d’en savoir plus sur une éventuellement mutation profonde des marchés, les producteurs doivent bien continuer à avancer. Quelle stratégie adopter alors ? Produire davantage moins cher, dans une logique coût /volume, ou différencier les produits pur justifier l’écart de prix ? Pour Bernard Petiot, pas de doute, il faut garder un socle AOC fort. «C’est ce qui va tirer le vignoble vers le haut ! Nous avons un terroir qui permettra plutôt de travailler différentes qualités de vins que d’arriver à des rendements très élevés.»