Rang de vignes enherbé : le test tarnais a parlé
La Chambre d'agriculture du Tarn mène des essais comparatifs selon trois modalités. L'objectif est d'observer les conséquences de l'enherbement sous le rang. Retour sur cette étude.
Les recherches continuent dans le domaine de la couverture des sols en vigne. Si beaucoup de données et de savoirs existent en ce qui concerne les inter-rangs, la pertinence de l'enherbement du rang et de sa gestion méritent plus d'expertise. Comme les contextes pédo-climatiques sont très variés en viticulture, les questions sur le sujet pouvaient se poser localement. Plusieurs réponses chiffrées viennent d'être publiées après une étude réalisée dans le vignoble tarnais.
Pour les obtenir, le conseiller viticulture de la Chambre d'agriculture a construit un protocole visant à évaluer l'impact de trois stratégies de gestion de la couverture du sol sur le rang. L'expérimentation s'est déroulée dans le cadre d'un partenariat avec Agreau (programme de développement de la couverture des sols). Membre du réseau Dephy, le viticulteur Pascal Pélissou a accueilli le dispositif sur ses vignes.
TROIS MODALITÉS
La première modalité du test était le désherbage chimique depuis 2013 et la deuxième l'enherbement naturel depuis la même année. La troisième modalité consistait en un enherbement semé (en août 2017) avec des espèces rasantes (trèfles et luzerne tronquée). L'entretien des lignes avec enherbement se fait grâce à 2 à 3 passages de brosses sous le rang. L'opération est visible sur la chaîne YouTube "Groupe Ecophyto viticulture cham agri Tarn" ainsi que celle du semis sous le rang.
CINQ INDICATEURS
Les analyses pétiolaires ont révélé que «le rapport K/Mg est favorable sur la modalité «enherbé naturel» donc potentiellement moins de carence en potasse» et que l'azote est plus présent sur la modalité désherbage chimique. Pour les contrôles de maturité, l'indice de polyphénols totaux est plus favorable sur l'enherbement naturel. L'azote assimilable est plus élevé pour la modalité désherbée. Cette dernière présente aussi un rendement supérieur. Elle dépasse de 11 % l'enherbement naturel et de 35 % l'enherbement semé. La pesée des bois de taille a confirmé la différence de vigueur avec, en moyenne -20 % pour les modalités enherbées.
CE QU'IL FAUT RETENIR
Selon Thierry Massol, «l'enherbement sous le rang qu'il soit naturel ou semé peut être une alternative aux désherbages chimiques. Les résultats vont évidement dépendre de la concurrence de la flore présente sous le rang». L'enherbement implanté pourrait éviter des passages d'entretien en comparaison de l'enherbement naturel «mais cela n'empêchera pas d'éventuelles levées de plantes plus envahissantes qui elles, nécessitent un entretien pour éviter la montée dans les souches», précise le technicien. Il rappelle que «dans les deux cas, l'inter-rang doit être la variable d'ajustement pour gérer le stress hydro-azoté en pratiquant des engrais verts, travail du sol superficiel, rolofaca, fertilisation...» En août 2019, un autre mélange a été semé chez Pascal Pélissou. L'année qui vient produira, sans doute, de nouveaux enseignements que la Chambre d'agriculture partagera avec les viticulteurs. En parallèle de ces tests, des analyses de sol ont été faites sur la partie enherbée afin de les comparer à des prélèvements dans 5 ans. Ceci pour savoir quel sera le taux de matière organique futur et quantifier son évolution.
F. Roussel